Le président du parti des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a réchappé de justesse hier matin à une tentative d’assassinat alors qu’il se promenait avec ses gardes du corps dans sa résidence de Meerab, hors du bâtiment qui abrite ses bureaux et son domicile. M. Geagea a été visé par deux balles tirées par des snipers qui se trouvaient apparemment à près d’un kilomètre et demi de sa résidence.
C’est dans son QG de Meerab, quadrillé par l’armée et les Forces de sécurité intérieure peu après l’incident, que le leader des FL a tenu une conférence de presse dans l’après-midi pour raconter les circonstances de l’attentat qui a failli lui coûter la vie, à 11h33 précises.
Samir Geagea a expliqué qu’il ne devait son salut qu’à la beauté d’une fleur sauvage qu’il s’est penché pour cueillir. « Je me promenais avec mes gardes du corps. J’ai aperçu une jolie fleur et je me suis penché pour la cueillir. J’ai aussitôt entendu deux coups de feu. Heureusement que mes hommes étaient loin de moi. Je suis resté à terre pendant quelques instants. Puis, nous avons aperçu deux trous dans le mur. Nous avons immédiatement appelé les forces de sécurité, qui ont inspecté les lieux et extirpé les balles. Il s’est avéré qu’elles avaient été tirées à partir d’une distance supérieure à un kilomètre, par apparemment plus d’un sniper. Le calibre de ces balles, l’une de 12,7 et l’autre de 14,5 mm, prouve que nous avons eu affaire à de l’armement sophistiqué », a affirmé M. Geagea, d’entrée en matière. (voir : Les snipers auraient utilisé un fusil d’assaut autrichien (vidéo))
Le chef des FL a remercié l’armée et les FSI, ainsi que toutes les institutions de l’État, pour leur promptitude à réagir et lancer une traque de grande envergure à travers les bois avoisinant Meerab pour mettre la main sur les criminels. « J’avais l’habitude de dire que les tentatives d’assassinat visaient à transmettre un message. Cette fois, ce n’était pas un message. L’objectif était que ce message soit bel et bien le dernier. C’est le Très-Haut qui m’a protégé et qui a protégé les jeunes qui se trouvaient autour de moi, qu’Il en soit remercié », a-t-il dit.
« Cela fait 40 ans qu’un certain camp répond à nos discours politiques par des assassinats », a indiqué Samir Geagea. Il a ensuite lié cet attentat à celui qui a coûté la vie à Rafic Hariri, le 14 février 2005, estimant que ce dernier avait été pris pour cible « parce qu’il avait pris à l’époque une certaine envergure et qu’il était désormais clair pour ses adversaires que le peuple libanais s’était rallié à lui et qu’il allait obtenir la part du lion aux élections législatives de 2005 ». « Nous sommes à un an des élections », a-t-il dit. Et de replacer cette tentative d’attentat dans le cadre de celles qui ont visé les leaders du 14 Mars depuis Marwan Hamadé en octobre 2004. Il a d’ailleurs mis en garde tous les leaders du pays, les invitant à prendre des mesures de sécurité contre ce qui paraît être un retour à la vague d’attentats.
« Nous sommes confrontés à un nouvel épisode de la série d’actes terroristes, d’assassinats et de crimes. Nous avions pensé que cela avait pris fin avec l’accord de Doha, mais il semble que tout cela soit de retour. Nous remercions Dieu qu’ils soient repartis bredouilles et souhaitons qu’il en soit toujours ainsi », a-t-il noté.
S’il s’est gardé de lancer des accusations contre une partie précise, Samir Geagea a dit : « Je sais qu’il y a un camp important qui se trouve derrière ce climat, mais je ne me permets pas d’adresser une accusation quelconque.
En fin de compte, il n’y a que ce qui est juste qui finit par prévaloir. » Il a toutefois précisé que la partie à l’œuvre était professionnelle, compte tenu de l’arme utilisée de cette distance. Et d’expliquer que cette opération avait probablement nécessité la mise en place de moyens technologiques très modernes à une distance de trois à six kilomètres pour surveiller Meerab et d’une surveillance sans relâche de 24h pour noter les faits et gestes sur un laps de temps important avant que le signal ne soit donné pour la mise à exécution de l’attentat. « J’ai évidemment mes doutes sur la partie qui est derrière cette opération », a-t-il dit, regrettant que certains persistent à vouloir continuer à réfléchir de la même manière – c’est-à-dire par le biais de la liquidation physique des personnalités politiques – « qui ne modifiera en rien nos convictions et nos positions ». « Il est évident qu’une partie interne a participé à l’opération. Ils ne sont pas venus du ciel », a-t-il ajouté.
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Où qu'ils soient, l'Etat libanais a le devoir de PROTEGER tous ses citoyens. Il est plus urgent que jamais de PROTEGER ceux qui ont été inscrits sur la liste noire de la Syrie en novembre 2011 déjà. Il s'agit de MM Samir GEAGEA, Marwan HAMADE, Samy GEMAYEL et Saad HARIRI. Ne pas les protéger équivaut à non-assistance à personnes en danger.
Nayla Sursock
12 h 32, le 06 avril 2012