Kimi Raïkkönen : « Une course à Beyrouth aurait bien sa place dans le calendrier mondial » de F1

Dix minutes avec Kimi Raïkkönen, cela peut paraître long. Une éternité même quand on connaît bien le personnage réputé peu bavard. Le « fais gaffe Guy, il n’est pas de bonne humeur aujourd’hui », lancé en cœur quelques minutes avant l’entrevue à l’hôtel Le Gray par François Puentes, senior account manager chez Lotus F1 Team, et par Caren Jreissati, en charge des relations publiques de Lotus Cars Lebanon, n’a rien fait pour arranger les choses.

Mais après avoir passé le stade des introductions et des généralités, on se rend compte finalement que le pilote finlandais, champion du monde de Formule 1 en 2007, est loin d’être économe en mots, et ce malgré son jetlag, sa fatigue et son manque d’enthousiasme apparent pour ce genre d’événements promotionnels.

Retour choisi avec Iceman sur le GP de Malaisie (couru la veille de l’interview), ses sensations à bord de la Lotus E20 et sa présence au Liban.

Q. Malgré un manque évident de chance en piste, vous avez quand même inscrit le meilleur tour en course au 53e tour, et vous vous êtes classé dans les points pour la deuxième fois en deux courses. Le moins que l’on puisse dire c’est que vous avez rapidement repris vos marques en F1 !
R. Ouais bon, honnêtement, la F1 n’est pas différente de ma période pré-2009. Il y a bien quelques modifications de règlement, mais la course reste très similaire. Et puis j’ai un bon feeling avec la Lotus E20. Il est évident que ce n’était pas si mal de signer un meilleur temps lors du deuxième GP de la saison. C’était une sensation agréable et c’est bon pour l’ego.

Est-ce que vous pensez que la pénalité de 5 places sur la grille de départ pour cause de changement de boîte de vitesses est une injure au sport automobile ?
Peut-être. Mais tant que le règlement est le même pour tous les pilotes, je m’en fous complètement. Mais je ne vais pas vous mentir en disant que j’aurais aimé être tout devant sur la grille ce dimanche.

Durant l’interruption de la course, étiez-vous tenté d’aller manger une glace (NDLR : Kimi a savouré une glace dans le box Ferrari lors de l’interruption de la course par la pluie en 2009) ?
Non (sourire). La course n’était pas finie cette fois-ci.

Sinon, on dirait que vous avez misé sur le bon cheval cette saison...
La Lotus fonctionne très bien et nous en avons encore beaucoup en réserve. Nous apprenons beaucoup sur la voiture à chaque sortie en piste, mais les premières courses ne nous ont pas donné vraiment l’occasion d’utiliser tout son potentiel. J’espère que la Chine nous fournira une meilleure opportunité. Et puis, comme je l’ai déjà dit hier après la course, je suis impatient de connaître un week-end sans nuage, sans pénalité, sans pépin mécanique, sans erreur stratégique, etc.

Maintenant que vous avez rejoint l’équipe Lotus, peut-on dire de vous que vous êtes le digne héritier de Jim Clark : talentueux, rapide et... timide ?
C’est flatteur, mais je n’aime être comparé à personne. Je me contente de faire mon boulot et je le fais à ma façon.
Vous avez rencontré le président libanais ainsi que le Premier ministre ce matin. De quoi avez-vous discuté ?
Le président m’a raconté qu’il avait suivi le GP de Malaisie et qu’il aimait la F1 et le sport automobile en général. Lotus en a profité également pour lui offrir un volant de monoplace. Avec le Premier ministre, nous avons plutôt discuté de l’ébauche d’un potentiel circuit de F1 à Beyrouth. Je ne suis pas au courant de ce projet, mais si vous voulez mon avis, un circuit à Beyrouth serait tout aussi intéressant que tout autre GP. Une course à Beyrouth aurait bien sa place dans le calendrier mondial. Mais bon, c’est la première fois que je viens là et ça ne fait pas 24h que je suis ici...

Allez-vous contribuer au développement des voitures Lotus ? À quand une Evora siglée « Kimi Raïkkönen » ?
Pour le moment rien n’a vraiment été étudié pour la sortie d’une voiture. Ce qui se passe, c’est qu’il m’est déjà arrivé de passer par l’usine en Angleterre et de donner mon point de vue sur une certaine pièce. Mais je ne sais pas si mes commentaires ont déjà été pris en considération dans la chaîne de production.

Avant d’aller en WRC, vous conduisiez une Mitsubishi Lancer Evo que vous avez vendue il y a quelques années. Que possédez-vous actuellement dans votre garage ?
Une Lotus Evora S que j’affectionne particulièrement. Mais comme je suis toujours en déplacement et donc très rarement chez moi, j’ai vendu toutes mes autres supercars. J’utilise juste un véhicule utilitaire qui me permet de fourrer toutes mes affaires dans le coffre et de me rendre de la maison à l’aéroport.

Qu’en est-il de l’Evora F1 Limited Edition que vous avez présentée au dernier Salon de Genève? Ne comptez-vous pas en acquérir une ?
Ce que je sais, c’est que je devrais en recevoir une si je gagne un Grand Prix cette saison. Du moins c’est ce qu’on m’a promis (rires).