Les "Amis du peuple syrien" ont appelé dimanche à Istanbul à fixer une "date limite" pour l'application du plan de paix sur la Syrie par le régime de Damas, qui poursuit sans relâche ses pilonnages meurtriers.
"Le groupe des Amis a salué les efforts de l'émissaire spécial Kofi Annan et a exprimé son soutien à l'application intégrale de son mandat", affirment les 83 pays réunis à Istanbul dans une déclaration finale conjointe. Le groupe "a appelé l'émissaire spécial à déterminer une date limite pour les prochaines étapes, incluant un retour devant le Conseil de sécurité de l'ONU, si les tueries continuent", poursuit le document.
Le régime du président syrien Bachar el-Assad s'est engagé mardi à appliquer ce plan, mais la poursuite depuis lors des violences laissent de nombreuses capitales sceptiques sur les intentions de Damas.
"Presque une semaine s'est écoulée et nous devons conclure que le régime allonge sa longue liste des promesses non tenues", a déclaré la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, présente à la conférence.
Manifestant la même impatience, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a insisté sur la nécessité de "fixer une limite dans le temps" au régime de Damas pour mettre en œuvre le plan Annan. "Il y a un risque bien sûr d'enlisement, et on voit bien que la tactique du régime est de gagner du temps. C'est la raison pour laquelle il faut, et nous sommes tous d'accord là dessus, fixer une limite dans le temps à cette action" de M. Annan, a déclaré M. Juppé.
Le plan Annan préconise la cessation de toute forme de violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire aux zones affectées par les combats et la libération des personnes détenues arbitrairement.
Les Amis du peuple syrien ont par ailleurs souligné le droit de la population syrienne à l'autodéfense, défendu avec véhémence dans la matinée par la Turquie comme un moyen de pression supplémentaire sur Damas. "Le groupe a exprimé son soutien à des mesures légitimes prises par la population syrienne pour se protéger elle-même", indique la déclaration.
L'armement des rebelles, et notamment de l'Armée syrienne libre (ASL), réclamé par l'opposition syrienne et des pays arabes, n'est en revanche pas mentionné. L'Arabie saoudite et le Qatar ont réclamé une telle aide, à laquelle les États-Unis sont opposés.
Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition, a toutefois annoncé que son mouvement allait verser des salaires aux membres de l'ASL en lutte contre Damas.
"Le CNS va prendre en charge le paiement des salaires fixes de tous les officiers, soldats et résistants membres de l'ASL", a-t-il déclaré. Et des sources parlant sous le couvert de l'anonymat à la conférence ont précisé qui trois ou quatre pays arabes, dont l'Arabie saoudite et le Qatar, allaient verser des millions de dollars pour financer ce programme.
Les participants à la conférence ont également reconnu dans leur déclaration le CNS comme "un représentant légitime de tous les Syriens", un geste en deçà des attentes du CNS qui souhaitait être admis comme unique interlocuteur de la communauté internationale. Les "Amis" appellent tous les opposants à se réunir sous l'étiquette du CNS.
Le président syrien "se trompe" s'il pense qu'il peut défaire l'opposition syrienne, a réagi Hillary Clinton à l'issue de la conférence. "La composition et la base du CNS s'élargissent, ce qui lui donne plus de légitimité", a-t-elle ajouté.
"Nous (les Etats-Unis) soutiendrons le CNS avec une aide directe dans des domaines tels que les communications. D'autres vont aider les combattants associés au CNS", a-t-elle dit.
La conférence va en outre constituer un groupe de travail sur les sanctions à adopter contre le régime syrien, selon sa déclaration finale. Celui-ci se réunira "à Paris sous quinzaine", sous présidence française, a précisé M. Juppé.
Le chef de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, a lui aussi appelé les participants à faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il mette en œuvre des mesures "contraignantes" contre le régime de Bachar el-Assad.
Le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki a, quant à lui, affirmé que le régime syrien ne tombera pas et chercher à le renverser par la force ne fera qu'aggraver la crise dans la région.
L'opposition syrienne a salué des avancées dans cette réunion d'Istanbul, mais a aussi estimé que la communauté internationale doit réellement aider les Syriens.
Les médias officiels syriens ont pour leur part dénoncé la conférence des "Amis de la Syrie", la qualifiant de "tribune pour les ennemis de la Syrie". "Seuls les naïfs (...) croient qu'il s'agit d'une conférence amie du peuple syrien", a commenté al-Baas, journal du parti au pouvoir.
D'importants acteurs étaient absents d'Istanbul, dont la Russie, la Chine et l'Iran, principaux soutiens du régime syrien. Kofi Annan et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, étaient également absents.
Sur le terrain, la répression se poursuivait dimanche. Au moins 40 personnes ont été tuées à travers la Syrie, dont 15 membres des forces gouvernementales, dans de violents combats et des attaques rebelles à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ces violences interviennent au lendemain de l'annonce par le régime syrien qu'il avait gagné "une fois pour toutes" la bataille contre l'opposition et les insurgés.
"Le groupe des Amis a salué les efforts de l'émissaire spécial Kofi Annan et a exprimé son soutien à l'application intégrale de son mandat", affirment les 83 pays...
commentaires (6)
Je ne voudrait pas etre vexant , mais dire les amis de la Syrie, c'est comme dit Brigitte Bardot, nos amis les animaux, ou nos amis les baleines blanches. Tout ce qu'a pu pondre cette reunion c'est un salaire aux "rebelles" pour avoir eu le courage d'y avoir cru a leur complot.Malheur aux vaincus.
Jaber Kamel
09 h 36, le 02 avril 2012