Après de très solides études de composition, notamment à la Musikhochschule de Hambourg, Katia Makdissi-Warren peut enfin se diriger vers la musique orientale. À Paris, elle rencontre le père Louis Hage (1938-2010), lui-même grand compositeur et musicologue, fondateur du premier institut de musicologie au Moyen-Orient, qui deviendra la faculté de musicologie de l’Université Saint-Esprit de Kaslik. Le père Hage sera son principal maître dans ce domaine. « Il m’a ouvert tout le monde oriental », dit Katia de ce grand musicien et pédagogue.
Le catalogue de Katia Makdissi-Warren est très large. C’est sa musique qui, en 2009, est choisie pour être jouée dans les salles d’exposition de la plus haute tour du monde à Dubaï. Pour cette occasion, et comme il est important « d’intégrer des éléments de la musique émiratie dans une modernité ouverte au monde », Katia base ses compositions principalement sur les rythmes « khaliji ».
Les œuvres de cette artiste sont interprétées par des ensembles tels l’Orchestre symphonique de Québec, l’Ensemble intercontemporain de Montréal ou l’Orchestre national oriental de Beyrouth, et certaines de ses compositions pour le oud ont été portées par des interprètes tels que Marcel Khalifé.
En 2001, à Montréal, Katia Makdissi-Warren fonde OctoEcho. Cet ensemble instrumental à géométrie variable (il compte de 3 à 24 musiciens selon les productions) a pour ambition, sous la direction artistique de sa fondatrice, de « plonger l’auditeur dans un univers sonore empreint d’espoir et de lyrisme ». L’expérience et les influences culturelles de chacun des musiciens qui viennent d’horizons aussi divers que le classique, le jazz ou la musique du monde participent à l’alliance multiculturelle d’un nouveau type de langage musical.
La presse canadienne et internationale salue avec beaucoup d’enthousiasme la sortie des disques et les tournées d’OctoEcho, parlant de « fascinante symbiose de couleurs musicales et de contrastes », de « mariage parfaitement consommé entre les deux mondes », ou de « démarche qui consiste à sentir profondément les deux cultures musicales et, ainsi, à développer une autre façon de les percevoir ».
Katia Makdissi-Warren a intériorisé ses racines libanaises et les a retransmises avec tout son talent à travers sa musique, bien que la loi ne lui en octroie même pas la nationalité ! Avec son ensemble OctoEcho, elle porte cette culture dont on ne peut, encore une fois, que constater l’universalité et le rayonnement.
Zeina SALEH-KAYALI