Rechercher
Rechercher

À La Une - Éclairage

La communauté internationale divisée et sans moteur sur le dossier syrien

Au contraire du dossier libyen, la communauté internationale, sans leadership politique sur le sujet et sans mouvement puissant de la société civile, s’est divisée et décrédibilisée sur la révolte syrienne, impuissante à limiter la répression meurtrière du régime. Les vues divergentes de ses membres les plus actifs et l’absence de référence claire à la légalité internationale n’avaient cependant pas empêché en leur temps des coalitions ad hoc d’intervenir militairement, comme au Kosovo en 1999.


Dans le cas syrien, des pays comme la France se sont lié les mains en s’interdisant toute action sans feu vert de l’ONU. Sans consensus au Conseil de sécurité, « c’est l’impasse », reconnaît donc un diplomate de haut rang. Des sanctions ont certes été prises, mais unilatéralement, et des condamnations émises, mais dans des enceintes défendant les droits de l’homme. Mises à part quelques déclarations, rien n’est venu de l’instance suprême censée garantir la sécurité dans le monde et qui a, une nouvelle fois lundi, étalé ses divisions.


Un document de l’ONU, approuvé en 2005, énonce pourtant clairement « la responsabilité de la communauté internationale de protéger, en particulier du Conseil de sécurité, lorsqu’un État se montre incapable ou non désireux de protéger sa population face aux crimes les plus graves ». Dans l’affaire libyenne, cette clause a joué à plein.

 

Deux résolutions de l’ONU ont été adoptées avec un accord tacite de la Russie et de la Chine, pourfendeurs traditionnels de toute ingérence dans un pays tiers. Elles ont ainsi ouvert la voie à une action militaire extérieure qui a fait pencher le rapport de force en faveur de la rébellion armée. Pour gagner, les insurgés de Benghazi ont aussi bénéficié du leadership du Français Nicolas Sarkozy et du Britannique David Cameron, qui ont su convaincre et entraîner d’autres nations.

Pour la Syrie, rien de tel.

 

Alors pourquoi ce « deux poids, deux mesures » ?

Parce qu’il y a un contexte régional plus lourd qu’en Libye, qu’il y a des communautés religieuses antagonistes qui les mettent « au bord de la guerre civile », égrènent les Occidentaux, qui mettent en avant la fragmentation de l’opposition. Ils citent aussi l’Iran et le risque d’un embrasement généralisé de la région, avec la problématique israélo-palestinienne, toujours dans l’impasse elle aussi.


Mais l’argumentation laisse perplexe. Téhéran figure parmi les rares soutiens de Bachar el-Assad, et couper ce lien profiterait avant tout à la stratégie d’isolement du régime iranien, accusé de vouloir la bombe nucléaire. Quant aux conséquences régionales, Turquie et Liban en subissent depuis des mois déjà les aléas, avec ses flots de réfugiés.

 

Au Conseil de sécurité, au nom de la non-ingérence, Moscou et Pékin ont donc mis leur veto à toute velléité de condamner Damas. Aucun chef d’État ou personnalité civile du camp occidental n’a pris les rênes d’une fronde internationale, tous se réfugiant derrière les initiatives parfois balbutiantes de la Ligue arabe. Et avec un nombre de morts moins élevé en Syrie qu’en Libye – plus de 8 500 en un an en Syrie contre des dizaines de milliers de morts en Libye –, la communauté internationale se limite à de l’indignation verbale, refusant d’endosser ne serait-ce que la menace d’un emploi de la force réclamé lundi par l’opposition.


Son instrument le plus récent, la Cour pénale internationale (CPI), habilitée à juger des chefs d’État coupables de crimes contre l’humanité, n’a pas non plus, jusqu’à présent, été un recours à l’encontre de Bachar el-Assad. Les États-Unis jugent qu’il est moins facile de persuader des dirigeants de quitter le pouvoir s’ils sont recherchés par la CPI, mais les Européens ne partagent pas cet avis, selon un ministre français. Pour le Libyen Mouammar Kadhafi, la communauté internationale avait pourtant eu moins de scrupules...

Au contraire du dossier libyen, la communauté internationale, sans leadership politique sur le sujet et sans mouvement puissant de la société civile, s’est divisée et décrédibilisée sur la révolte syrienne, impuissante à limiter la répression meurtrière du régime. Les vues divergentes de ses membres les plus actifs et l’absence de référence claire à la légalité...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut