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Mode - Fashion Week de Paris

Mercato des créateurs

La Fashion Week parisienne a pris le relais des défilés de Milan dès mardi, avec une première journée consacrée aux jeunes créateurs, des rumeurs tous azimuts en bruit de fond sur les transferts de stylistes au sein des grandes maisons.

Créations de Rabih Kayrouz.

Raf Simons, Jil Sander, Stefano Pilati, Hedi Slimane et les chaises musicales
Les rumeurs sur le mercato des stylistes n’ont pas attendu l’ouverture de cette Semaine de la mode : dès le week-end, elles enflaient depuis Milan, la marque Jil Sander ayant annoncé la semaine dernière la fin de sa collaboration avec le créateur belge Raf Simons, et la marque Yves Saint Laurent ayant annoncé l’arrivée d’Hedi Slimane (ancien directeur artistique à la tête des collections Dior Homme) comme directeur de la création en remplacement de Stefano Pilati. Considéré par ses pairs comme l’un des créateurs les plus doués de sa génération, Hedi Slimane, 43 ans, retourne ainsi auprès de la prestigieuse maison où il avait fait ses débuts.
Signalons que Raf Simons a été pressenti un temps pour succéder à John Galliano, écarté de la direction de la création chez Dior sur fond de scandale il y a déjà un an, et sa disponibilité nouvelle a relancé les spéculations.
Il n’y a pas d’annonces prévues « pendant la Fashion Week, ni aucun calendrier » fixé pour révéler le nom d’un successeur à John Galliano, a réitéré lundi une porte-parole de la maison Dior, interrogée par l’AFP.
La designer allemande Jil Sander, quant à elle, revient à la direction du style de la griffe qu’elle a créée il y a plus de 40 ans. À 68 ans, la styliste effectue son deuxième retour dans la maison désormais propriété du groupe japonais Onward (via sa filiale européenne Gibo). Jil Sander avait dessiné le style de sa maison de 1968 à 2000, puis de 2003 à 2004, après que le groupe Prada, devenu propriétaire, l’ait rappelée. Le destin de la maison a donc toujours été lié à la personnalité de sa fondatrice, même si l’ère Raf Simons qui s’achève s’est avérée, de 2004 à aujourd’hui, une parenthèse novatrice et largement saluée par le métier.

Alice Lemoine, Cédric Charlier, Anthony Vaccarello, des noms à retenir
La jeune Française Alice Lemoine présentait mardi ses mailles tricotées main, très élaborées, dans une galerie du Marais, précédant le premier défilé du jeune Belge Cédric Charlier depuis son départ de la marque Cacharel à l’automne.
Anthony Vaccarello, le styliste belge lauréat l’an dernier du prestigieux prix de l’Andam destiné à soutenir les jeunes créateurs, a retrouvé les bords de Seine où il avait offert un défilé ultrasexy la saison dernière, avec des robes mini-mini aux lignes graphiques, Art déco au goût du jour.
Dès mercredi, les fashionistas retrouvaient quelques poids lourds aux lignes affutées pour l’automne-hiver prochain, notamment le Belge Dries Van Noten.
Jeudi, c’était le tour de Carven et Balmain, en attendant, aujourd’hui, Dior et Lanvin. Ce week-end, le public retiendra son souffle pour le Français Haider Ackermann et Jean Paul Gaultier samedi, avant Hermès, Kenzo et Givenchy dimanche.
La Fashion Week se poursuivra lundi avec la dernière collection pour Yves Saint Laurent de Stefano Pilati, la pimpante Britannique Stella McCartney et la première collection du jeune Maxime Simoëns pour la marque
Léonard.
Mardi matin, Chanel investira, comme à son habitude, le Grand Palais, avant les défilés du fantasque Jean-Charles de Castelbajac, de Valentino tout en délicatesse puis Alexander McQueen en soirée. Les créations de Marc Jacobs pour Vuitton ouvriront la dernière journée, avant les Libanais Élie Saab et Rabih Kayrouz.

Mercredi, le défilé de Dries Van Noten
Le couturier belge Dries Van Noten réinvente kimonos antiques et manteaux aux dragons, en jouant sur des imprimés numériques alors que des couleurs solaires, orange et or en tête, ont dominé mercredi la deuxième journée de la Fashion Week parisienne.
Les grandes rédactrices de mode internationales ont mis fin à leur « spa day », pause traditionnelle entre les marathons de défilés milanais et parisiens, pour occuper le premier rang chez le chéri « Dries », sous les ors et lustres anciens de l’interminable salle de bal de l’hôtel de ville.
Sur une voix a cappella, concentré d’émotion appelant à « ralentir le temps », les filles, paupières orange vif et cheveux lissés, avancent en douceur pour laisser admirer cette collection dense en couleurs et juxtapositions d’imprimés.
Point de décolleté, chemises et manteaux remontent sur le cou, et les filles hésitent entre jupes longues et pantalons : Dries joue encore sur les codes militaires et le vestiaire masculin adapté, mais sans intention « de cacher le corps des femmes », jure-t-il, hilare, en coulisses.
Orange et moutarde contrastent avec l’intensité d’un turquoise, ses couleurs de base, marine et olive, en toile de fond.
Le couturier s’est rendu au musée Victoria & Albert à Londres, pour photographier, à plat, des vêtements de collection japonais et coréens. « On est passé du 2D au 3D pour créer des pièces contemporaines, en s’amusant à utiliser par exemple l’ourlet d’un manteau pour en faire le motif central d’une robe », explique-t-il, visiblement réjoui.

Marongiu pour Guy Laroche, et les sarouels de Damir Doma
Chez Guy Laroche, le Franco-Suédois Marcel Marongiu a offert une collection forte, axée sur le noir et l’or, mais aussi un orange rouille lumineux. Les matières se font texture, des paillettes irrégulières créant des reliefs sur les jupes côtoyant des chemisiers fluides d’organza, de la maille parfois habillée de fourrure, jupes en vinyle et bottes vernies.
Damir Doma, styliste croate de 30 ans qui connaît un vrai succès commercial pour l’homme, continue d’explorer l’univers féminin avec une dominante de noir, mais aussi des caramels chauds en daim, cuir et même des vestes sans manches en fourrure. Peaux et teintes naturelles font un clin d’œil à l’univers du sellier Hermès, mais Doma reste fidèle à ses lignes monastiques et amples.
Ses sarouels resserrés sur le mollet se portent sous des vestes au col relevé et sans boutons, de larges ceintures japonisantes enserrant des chemisiers légers. Chaussons en daim et cols blancs plissés évoquent une « Renaissance moderne », affirme le jeune créateur, visage enfantin et regard clair, backstage.

Avant-première de Rabih Kayrouz : la robe « Invitation aux caresses »
Présentée aux acheteurs des grands magasins en précollection, avant son défilé prévu le 7 mars pendant la Fashion Week, la robe « Invitation aux caresses » du couturier libanais Rabih Kayrouz est déjà l’un des best-sellers de la saison.
Un trompe-l’œil architectural, apparemment « fermée, stricte », elle est d’une sensualité folle, permettant à un cavalier de glisser la main dans le dos de la belle qui le porte, sans même être vu. Clavicules et décolleté dissimulés sous le tissu, la robe est « très décente », s’amuse auprès de l’AFP le créateur libanais aux cils interminables, dans son showroom parisien. À la voir, comme cela, sagement disposée sur un cintre, on croirait presque « une robe de nonne ». Mais « le mouvement et l’attitude d’une femme peuvent lui offrir une autre vie », relève le styliste d’un sourire coquin. Sur le plan technique, il dit avoir « simplement » entrecroisé le dos et le devant de la robe, « sans jamais les coudre ensemble, pour créer ce troublant passage secret » .
« Toute l’élégance est perdue si l’on est trop consciente de ce que l’on porte », insiste le créateur, qui fait essayer l’intégralité de sa collection à sa ravissante assistante, Constance. « Je lui demande sans arrêt : Tu es à l’aise ? Comment tu te sens ? Il faut oublier le
vêtement. »

Le point sur les rumeurs
Entre les défilés et en attendant le début de ces spectacles d’une dizaine de minutes en moyenne, les spectateurs font le point sur les différentes rumeurs concernant le mercato des stylistes de grandes
maisons.
Le Français Hedi Slimane, annoncé chez Yves Saint Laurent, semble faire une belle unanimité : « Le casting est parfait », dit l’un, « idéal » renchérit sa voisine. L’idée que ce créateur, qui a révolutionné la mode masculine avec ses costumes étroits et androgynes chez Dior dans les années 2000, puisse s’emparer des codes masculin-féminin d’YSL (smoking pour femme, saharienne ou caban marin) fait défaillir plus d’une
fashionista.
En revanche, le mystère sur le nom du successeur de John Galliano chez Dior, une maison qui fonctionne sans couturier en titre depuis déjà un an, reste entier. Ce qui n’empêche pas les spéculations tous
azimuts.
Raf Simons, Jil Sander, Stefano Pilati, Hedi Slimane et les chaises musicalesLes rumeurs sur le mercato des stylistes n’ont pas attendu l’ouverture de cette Semaine de la mode : dès le week-end, elles enflaient depuis Milan, la marque Jil Sander ayant annoncé la semaine dernière la fin de sa collaboration avec le créateur belge Raf Simons, et la marque Yves Saint Laurent ayant...

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