Avec les cinq Oscars remportés dimanche soir par le film français "The Artist", "la boucle est bouclée", a déclaré à l'AFP son producteur Thomas Langmann, dont le père Claude Berri avait lui-même remporté un Oscar en 1966 pour son court-métrage "Le poulet".
Dans le hall de l'hôtel Mondrian, sur le mythique Sunset Boulevard, à un jet de pierre d'Hollywood, l'heureux producteur a été le premier des "Artistes" à se présenter aux journalistes français et américains, pendant la fête Weinstein - le distributeur américain du film -, dans une ambiance électrique.
En reçevant son Oscar quelques heures plus tôt, M. Langmann avait rendu hommage à son père Claude Berri. Il a déclaré à l'AFP que c'était "la première personne" à qui il avait pensé en entendant l'acteur Tom Cruise dire les mots magiques "Et le gagnant est... The Artist".
"Oui, mon père. Et ensuite ma mère, mon frère, mes proches, mes enfants, tous les gens proches de moi", a-t-il dit. "C'est une histoire de famille parce que je suis dans une famille du cinéma. Mon père avait gagné un Oscar, un Golden Globe, un BAFTA, donc la boucle est un peu bouclée".
Une famille qui plonge aussi ses racines au Liban.
Thomas Langmann, producteur de "The Artist",
tout à son bonheur, lors de la soirée des Oscars, hier.
Joe Klamar/AFP
Né le 24 mai 1972 à Paris, Thomas Langmann, producteur, acteur, réalisateur et scénariste, est le fils du producteur et réalisateur Claude Berri (né Claude Berel Langmann) et d’Anne-Marie Rassam, Libanaise issue de la grande bourgeoisie. Il est également le neveu des producteurs Jean-Pierre Rassam et Paul Rassam.
Dans son "Autoportrait", paru en 2003, Claude Berri avant raconté que son épouse, Anne-Marie, était maniaco-dépressive et sans cesse hospitalisée. La mère de Thomas Langmann s'est suicidée en sautant d'un neuvième étage.
"Longtemps, comme on glisse une brosse à dents dans sa valise, (Thomas Langmann) a transporté une photo de sa mère, une assez grande photo, elle a pris aujourd'hui la forme d'un médaillon, c'est plus pratique, plus sacré aussi. Anne-Marie Rassam, née d'une grande famille bourgeoise chrétienne libanaise, a laissé derrière elle la trace d'une petite femme magnétique, aimante, généreuse, cultivée, intelligente, insomniaque. Elle improvisait des repas qui s'étiraient tard dans la nuit, dont les convives étaient des têtes d'affiche, elle sommait mari et frères de prendre la voiture sur-le-champ et d'aller à Prague, bientôt ceinturée par les Soviétiques, chercher le cinéaste Milos Forman et les siens. Elle était maniaco-dépressive aussi. La névrose glissa vers la psychose. Régulièrement, on l'enfermait à Sainte-Anne, elle entrait, puis ressortait, détestait les médicaments qui l'éteignaient, les oubliait. En 1997, elle a fini par sauter d'un neuvième étage, d'une fenêtre de l'appartement de la mère d'Isabelle Adjani. +Ma mère me disait qu'une de mes plus grandes forces, c'était mon inconscience+, se souvient (Thomas Langmann)", peut-on lire dans un portrait de Thomas Langmann, publié dans le Magazine du Monde.
Le frère de Thomas Langmann, Julien, qui avait choisi Rassam comme nom de famille, était, lui, toxicomane. Il était devenu tétraplégique en tombant du balcon de l'hôtel Raphaël sous les yeux de sa petite amie de l'époque, Marion Cotillard. En février 2002, il était mort d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 34 ans.
Jean-Pierre Rassam, l'oncle de Thomas Langmann et le frère d'Anne-Marie, est né en 1941 à Beyrouth. Son père était un diplomate libanais. Jean-Pierre Rassam arrive en France à l'âge de 8 ans et, très tôt, se lance dans une carrière de producteur. Il a épousé l'actrice française Carole Bouquet, avec qui il avait eu un fils, Dimitri Rassam. Quand il meurt, en 1985, à 43 ans, les rumeurs de suicide s'emballent. L'autopsie conclut à un empoisonnement au Binoctal.
En 2007, le jeune producteur Mathias Rubin lui a consacré un livre intitulé "Rassam le magnifique". "Jean-Pierre Rassam a été l'un des plus grands producteurs français, un personnage tout à fait extrême par son talent, son instinct, son tempérament, son extravagante personnalité", peut-on lire dans un article consacré à ce livre et à Jean-Pierre Rassam, dans le supplément Next de Libération.
"Au cours de toute sa vie ou presque, Rassam n'a fait que pratiquer l'overdose massive de tout. Son existence paraît surdosée dès la jeunesse. Drogues et alcools, oui. Mais aussi surdose de sentiments, de relationnel, d'emballements, de rage, de flair, d'ambition", écrit Olivier Seguret dans Next qui rappelle qu'on doit, entre autres, à Rassam : "Tout va bien de Godard, Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat, la Grande bouffe de Ferreri, l'Amin Dada de Schroeder, le Lancelot de Bresson, le Tess de Polanski, presque tous les films de son ami Jean Yanne, mais aussi les sommes nécessaires au lancement du tournage de la Maman et la putain de Jean Eustache, dont il ne sera jamais le producteur officiel".
Dans le hall de l'hôtel Mondrian, sur le mythique Sunset Boulevard, à un jet de pierre d'Hollywood, l'heureux producteur a été...
çà me fait toujours marrer ces articles sur les "origines libanaises" d'un tel ou d'un tel...une espèce de projection...Lacan en aurait bien ri aussi...y a qu'créer un label...origine libanaise garantie...bizzare,c'est dehors qu'ils ont réussi et pas dedans...encore plus bizzare,on leur refuse la nationalité libanaise...à supposer qu'ils la demandent,bien sûr!
10 h 32, le 28 février 2012