Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Syrie: échec des négociations pour évacuer les victimes de Homs

La conférence de Tunis est celle "des amis de Washington et des ennemis de la Syrie", dénonce Damas.

Sur cette photo tirée d'une vidéo YouTube, des Syriens pleurant leurs morts à Khalidiya dans la province de Homs.

"Les négociations du CICR et du CRAS (Croissant Rouge arabe syrien) avec à la fois les autorités syriennes et les groupes d'opposition à Homs, qui ont commencé samedi matin, n'ont pas abouti à des résultats concrets aujourd'hui", a affirmé le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh. "Il n'y aura donc pas, malheureusement, d'évacuation d'urgence aujourd'hui", a-t-il ajouté, précisant toutefois que le CICR et le CRAS "continueront à négocier avec les autorités et l'opposition pour tenter d'entrer à Baba Amr afin de mener une opération d'évacuation".

 

Le CICR et CRAS ont toutefois réussi vendredi pour la première fois à évacuer sept blessés et vingt femmes et enfants malades de Baba Amr, pilonné depuis trois semaines par l'armée, mais pas les deux journalistes occidentaux tués et deux autres reporters blessés.

 

L'Américaine Marie Colvin, grand reporter du Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik, photographe à l'agence IP3 Press, ont été tués mercredi dans un appartement transformé en centre de presse à Baba Amr.

La journaliste française Edith Bouvier et le photographe indépendant britannique Paul Conroy ont été blessés dans ce même bombardement, et ont appelé dans des vidéos à leur évacuation au plus vite de Baba Amr pour recevoir des soins.

 

La diplomatie française "poursuit ses efforts plus que jamais" afin d'obtenir "une évacuation médicale et sécurisée" des journalistes étrangers bloqués à Homs, a déclaré de son côté Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sans donner plus de détails.

 

L'agence officielle syrienne Sana a confirmé samedi l'évacuation la veille de Baba Amr de "certaines personnes blessées par les groupes armés vers des hôpitaux de Homs pour les soigner". La veille, les autorités avaient accusé les rebelles d'entraver l'évacuation des journalistes, assurant que les "groupes armés" avaient "refusé de livrer la blessée et les deux corps".

 

Dans le même temps, les violences ont fait aujourd'hui 57 morts, dont 41 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

 

L'armée a repris à l'aube le pilonnage de Baba Amr et des explosions sporadiques ont retenti dans d'autres quartiers de la ville assiégée, a annoncé l'OSDH, évoquant un bilan de 19 civils tués à Homs.

Dans la province de Homs, six civils, dont un adolescent de 14 ans, ont été abattus à un barrage des forces de sécurité à Talbisseh, un enfant a été tué par un franc-tireur à Houlé et un homme à péri à Rastane sous les tirs de mitrailleuses lourdes, selon l'OSDH.

Ailleurs, les forces de sécurité ont tué six personnes à Azaz, dans l'agglomération d'Alep (nord), en marge de combats contre des déserteurs qui ont tué seize soldats à travers le pays, a ajouté l'OSDH.

A Alep même, la police a tiré sur les 4.000 participants aux funérailles d'un civil tué vendredi, selon des militants joints par l'AFP. Et huit civils sont morts lorsque l'armée a pris d'assaut plusieurs villages de la province de Hama (centre). Une femme et trois fillettes figurent parmi les victimes, selon l'OSDH.

Au total, les violences ont fait au moins 7.600 morts en 11 mois de révolte contre le régime de Bachar al-Assad, selon cette organisation

 

"J'ai vu la souffrance inutile, la cruauté, la méchanceté, la souffrance des enfants, des familles, c'est insupportable, c'est honteux, les gens meurent et on (la communauté internationale) ne fait rien", a raconté vendredi soir à Paris le Pr Jacques Bérès, un chirurgien humanitaire de retour de Homs.

 

Réunis vendredi à Tunis, la soixantaine de ministres des Affaires étrangères du groupe des "Amis de la Syrie", boycotté par Moscou et Pékin, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions en Syrie, mais a temporisé sur le déploiement d'une force pays arabes-ONU de maintien de la paix. Et si la Tunisie et le Qatar ont plaidé pour une "force arabe", dans le cadre de la Ligue arabe, la France a estimé qu'elle devrait auparavant obtenir "le feu vert" du Conseil de sécurité de l'ONU.

 

Téhéran, absent à Tunis et principal allié régional de Damas, a réaffirmé samedi son opposition à toute intervention militaire, assurant ne pas envoyer d'armes ni intervenir militairement en Syrie contrairement à ce qu'affirment les Occidentaux.

 

Les "Amis de la Syrie" ont par ailleurs reconnu le Conseil national syrien (CNS, opposition) comme "un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique", s'engageant à fournir "un soutien effectif" à l'opposition, tandis que l'Arabie saoudite approuvait l'idée de l'armer.

 

La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a jugé la réunion "totalement satisfaisante", mais la Chine s'est félicitée qu'elle ait surtout permis de "rejeter toute intervention étrangère".

 

Le journal gouvernemental syrien as-Saoura a dénoncé une réunion des "comploteurs", que la télévision d’État avait, elle, présentée comme une conférence pour le "soutien au terrorisme en Syrie". Dans la première réaction officielle, le ministre de l'Information Adnane Mahmoud a raillé la réunion "des amis de Washington et des ennemis de la Syrie".

 

 

Par ailleurs, plusieurs manifestations ont eu lieu en France pour dénoncer la répression du régime syrien contre sa population. A Paris une centaine de personnes, selon la police, se sont rassemblées sur la place du Châtelet, lieu habituel des manifestations des opposants syriens. A Lyon (centre-est), une centaine de personnes ont manifesté dans le centre de la ville "en soutien au peuple syrien qui lutte contre la dictature de Bachar El Assad", à l'appel de l'association "Free Syria", selon un journaliste de l'AFP. Sur la place des Terreaux, où se trouve la mairie de Lyon, ils ont déployé un immense drapeau syrien le long d'un échafaudage.
A Toulouse (sud-ouest), une manifestation pour dénoncer les exactions commises par le régime syrien a rassemblé près de 100 personnes, a constaté l'AFP. "Bachar assassin, malgré le veto de la Russie et de la Chine, on continue à se battre", scandaient des membres de la Coordination des Syriens de Toulouse.

 

Malgré les violences ininterrompues, le régime syrien a maintenu le référendum de dimanche sur une nouvelle Constitution, qui supprime la prééminence du parti Baas mais maintient de très larges prérogatives au chef de l’État. L'opposition a appelé au boycottage du scrutin.

 

"Les négociations du CICR et du CRAS (Croissant Rouge arabe syrien) avec à la fois les autorités syriennes et les groupes d'opposition à Homs, qui ont commencé samedi matin, n'ont pas abouti à des résultats concrets aujourd'hui", a affirmé le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh. "Il n'y aura donc pas, malheureusement, d'évacuation d'urgence aujourd'hui", a-t-il ajouté,...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut