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À La Une - Un peu plus de...

Amours révolues

Pendant plus d’une semaine, on nous a bassiné les oreilles et la vue avec Whitney Houston s’égosillant dans Bodyguard alors que plus personne ne s’en préoccupait depuis une dizaine d’années. On nous a bassiné avec les ours en polyester, les cartes chantantes, les strings affriolants et les campagnes de lingerie osées et oh la la. Du rouge partout, de la dentelle bon marché et la sirupeuse Céline Dion version Titanic qui aurait mieux fait de couler plus tôt.

 

La Saint-Valentin est tout simplement insupportable. Cela va sans dire. Surtout que ça vient après Noël, les boules et Wham, le Nouvel An, Abba, les guirlandes et les chansons pourries; et avant la fête des Mères, le printemps, Pâques et ses lapins indigestes.

 

Et le pire, c’est que ça tombe en même temps que les SMS pour les soldes. On a jonglé entre un 70% et un dîner à 50 dollars au restaurant Mon Général, sis à Antoura.

 

La Saint-Valentin et cette agression permanente de l’ouïe et de la vue, cette insulte au bon goût et à l’esthétisme. Les prix flambent. Les fleuristes quintuplent le prix des roses rouges et on voit déambuler dans les rues les bouquets les plus laids possibles. Les hôtels font monter aux enchères leurs chambres et jettent des pétales sur tous les lits des suites (dites) nuptiales. Les boutiques de lingerie mettent en vitrine des modèles de slips tellement osés que le Red District d’Amsterdam, à côté, c’est le merveilleux pays de Candy. Les restaurants affichent complet avec des menus, variations sur le même t’aime, de salades en forme de Cupidon, de gâteaux saupoudrés de cœurs en sucre et une clientèle en mal d’amour bon marché. Des couples qui s’affichent dans les magazines mondains (feuilletés chez le coiffeur le temps d’une pose couleur), une rose entre les dents entouré de ce que la ville peut compter comme autres couples guimauves, immortalisés sur papier glacé.

 

On aurait aimé autre chose. Quoi? Autre chose qu’une promo sur un petit diable qui danse la lambada en fredonnant I love you baby de Tina Charles. Quoi au juste? Autre chose que les chansons de Nicki Minaj ou de Justin Bieber qui prennent les ados pour des abrutis et les abreuvent de paroles aussi riches que les calories d’une feuille de laitue. «I love you, yeah, I love you, yeah, love me bla-bla-bla». Ces ados et jeunes adultes qui pensent aujourd’hui que l’amour se résume à une mèche rebelle, un pantalon skinny brillant et une pelle roulée dans la cage d’escalier du lycée.

 

Est-ce qu’on sait aujourd’hui, à l’ère du virtuel, ce que c’est que l’amour? À l’ère des chansons aux paroles insignifiantes, ce que c’est que tomber réellement amoureux? Est-ce qu’on sait encore séduire, poursuivre, faire la cour, écrire? On en est où de l’amour tout simplement? Est-ce qu’on s’assoit sur un banc public pour embrasser sa moitié?

 

Ça fait du bien de croiser des amoureux qui se tiennent la main, qui se regardent en croyant qu’ils sont seuls au monde, sans une once d’exhibitionnisme. Sans s’étaler sur Facebook ou dans Mondanité. Sans crier sur tous les toits qu’ils sont en couple, depuis une semaine. Si on a troqué les lettres d’amour manuscrites au profit d’un I ♥ U (auquel on répond par un :-)) envoyé par SMS, BBM ou un quelconque Whatsapp, on a également oublié la pudeur des sentiments. On a oublié que l’amour ça se protège, ça se préserve. On a oublié qu’avant d’être un statut social ou une revendication, c’est censé être une belle histoire qui réunit deux êtres, deux regards, deux peaux. On a oublié que suivre les conseils de sa mère est bien plus bénéfique que lire un article ou un blog sur «comment séduire le voisin d’à côté en s’habillant comme Paris Hilton». On a oublié ou peut-être, tout simplement, on n’a pas appris. On n’a pas lu Belle du Seigneur, on n’a pas pleuré sur le sort d’Ariane et de Solal, on ne s’est pas laissé séduire par L’Amant de Marguerite Duras, on n’a pas dévoré L’amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez, on n’a pas succombé au charme de Heathcliff, d’Armand Duval ou du Vicomte de Valmont. On connaît mieux les amours actuelles de Brad et d’Angelina, d’Ashton et de Demi, les amours torturées des vampires de Twilight et celles des chansons édulcorées qui parlent... de rien. Something in the way she moves/Attracts me like no other lover./ Something in the way she woos me/I don’t want to leave her now/You know I believe and how.

Pendant plus d’une semaine, on nous a bassiné les oreilles et la vue avec Whitney Houston s’égosillant dans Bodyguard alors que plus personne ne s’en préoccupait depuis une dizaine d’années. On nous a bassiné avec les ours en polyester, les cartes chantantes, les strings affriolants et les campagnes de lingerie osées et oh la la. Du rouge partout, de la dentelle bon marché et la sirupeuse Céline Dion version Titanic qui aurait mieux fait de couler plus tôt.
 
La Saint-Valentin est tout simplement insupportable. Cela va sans dire. Surtout que ça vient après Noël, les boules et Wham, le Nouvel An, Abba, les guirlandes et les chansons pourries; et avant la fête des Mères, le printemps, Pâques et ses lapins indigestes.
 
Et le pire, c’est que ça tombe en même temps que les SMS pour les soldes. On a jonglé entre...
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