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À La Une - Crise

Échec annoncé pour le nouveau plan arabe sur la Syrie

L'ONU évoque des « crimes contre l'humanité ».

Sourd aux appels à cesser la répression, le régime a poursuivi lundi le pilonnage de Homs, désormais touchée par une crise humanitaire. Photo AFP

La haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme Navi Pillay a estimé hier devant l’Assemblée générale de l’ONU que les forces syriennes avaient « vraisemblablement » commis des crimes contre l’humanité dans leur campagne de répression.

« Des informations indépendantes, crédibles et corroborées indiquent que ces exactions font partie d’une campagne large et systématique d’agression contre les civils », a-t-elle ajouté. Elle s’est aussi déclarée « particulièrement consternée » par les violences à Homs. Citant des « informations crédibles », elle a estimé que plus de 300 personnes sont mortes dans cette ville au cours de bombardements aveugles de zones résidentielles ces dix derniers jours.

 

Tout en réaffirmant que l’ONU était désormais incapable de fournir un bilan précis des victimes faute de pouvoir recueillir sur place des informations fiables, elle a estimé le nombre de morts à « beaucoup plus de 5 400 », le dernier bilan donné par l’ONU. « Des dizaines de milliers de personnes, dont des enfants, ont été arrêtées, dont plus de 18 000 sont toujours détenues arbitrairement », a encore indiqué Mme Pillay. Avec cette répression accrue, « le risque d’une crise humanitaire dans l’ensemble de la Syrie augmente » ainsi que la menace d’une guerre civile, a conclu la haut-commissaire.

 

La communauté internationale partagée

Déjà profondément divisée sur la crise syrienne, la communauté internationale semble l’être encore plus sur la proposition d’une force de paix avancée hier par la Ligue arabe.

Hier, Damas a toutefois répondu que les demandes de la Ligue n’empêcheraient pas le gouvernement « d’assumer ses responsabilités » dans « le rétablissement de la sécurité et de la stabilité », a rapporté l’agence officielle SANA, laissant entendre que l’offensive allait se poursuivre dans les villes « rebelles ». « Les Arabes n’ont rien apporté de nouveau, à part leur appel à l’occupation de la Syrie par des troupes étrangères », notait encore le journal el-Watan, proche du pouvoir.

 

L’idée d’une mission de paix ne fait toutefois pas l’unanimité : « fortement » soutenue par l’Union européenne, Londres veut en « discuter de manière urgente » avec la Ligue et ses partenaires internationaux, précisant cependant que les Occidentaux ne devaient pas y participer si elle devait avoir lieu, mais la France a lancé une mise en garde. « Nous pensons qu’aujourd’hui toute intervention à caractère militaire extérieure ne ferait qu’aggraver la situation », a ainsi affirmé le chef de la diplomatie française Alain Juppé. Moscou a dit étudier la proposition, tout en jugeant qu’un cessez-le-feu était nécessaire au préalable, et Pékin s’est gardé de se prononcer sur cette mission.

Toujours sur le plan diplomatique, le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi doit rencontrer aujourd’hui en Allemagne la chancelière Angela Merkel « pour échanger les points de vue (...) notamment sur la Palestine et la Syrie », selon un communiqué de son bureau.

 

Enfin, le Vatican affirmait hier pouvoir jouer « un rôle décisif » pour une issue en Syrie grâce à sa « diplomatie de la gratuité, qui ne poursuit pas d’intérêts particuliers », selon le père Paolo Dall’Oglio, fondateur d’une communauté monastique syriaque-catholique en Syrie.

 

Début de crise humanitaire

Sourd aux appels à cesser la répression, le régime syrien a poursuivi hier le pilonnage de Homs, désormais touchée par une crise humanitaire, les militants dénonçant une pénurie de pain. Le Croissant-Rouge syrien a aussi affirmé déjà distribuer de l’aide médicale et alimentaire à des milliers de gens dans la « capitale de la révolution ».

Pendant ce temps, les affrontements ont encore fait au moins 37 morts hier, selon la Commission générale de la révolution syrienne, d’après la chaîne al-Arabiya.

 

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, organisation d’opposition basée en Grande-Bretagne, les bombardements ont également repris dans la ville de Rastan, dans la province de Homs. L’armée syrienne a lancé plusieurs attaques à Rastan lundi à l’aube à partir de l’entrée sud. Les insurgés ont détruit un véhicule blindé et tué trois soldats, selon l’Observatoire.

 

Mais ces violences ne découragent pas les manifestants à travers le pays. « La révolution continue tant qu’il y a un nourrisson vivant parmi nous », pouvait-on lire sur une pancarte lors d’une manifestation dans la province de Deraa, berceau de la contestation, d’après une vidéo diffusée par les militants. « Bachar, on a encore des comptes à régler, ton dernier jour est arrivé », scandaient de leur côté des dizaines de personnes dans la province d’Idleb.

La haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme Navi Pillay a estimé hier devant l’Assemblée générale de l’ONU que les forces syriennes avaient « vraisemblablement » commis des crimes contre l’humanité dans leur campagne de répression.
« Des informations indépendantes, crédibles et corroborées indiquent que ces exactions font partie d’une campagne large et systématique...

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