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À La Une - Crise

Nouveaux heurts meurtriers en Egypte entre manifestants antirégime et policiers

Un poste de police attaqué au Caire, plusieurs détenus libérés…

Un scène des affrontements près du ministère de l'Intérieur, au Caire. Khaled Desouki/

Deux personnes ont été tuées vendredi au Caire après de nouveaux affrontements entre policiers et manifestants réclamant le départ du pouvoir militaire, dans une nouvelle flambée de violences après le drame du match de football meurtrier à Port-Saïd.

 

Les protestataires sont descendus dans les rues à travers le pays pour exiger que les généraux au pouvoir remettent immédiatement les rênes du pays aux civils.

 

Au Caire, les deux manifestants sont morts après avoir inhalé du gaz lacrymogène aux abords du ministère de l'Intérieur. D'après le ministère de la Santé, 1.051 personnes ont été blessées dans les violences de vendredi dans la capitale.

La fumée des gaz lacrymogènes flottait sur le centre-ville, où se trouve le ministère de l'Intérieur et où les affrontements entre policiers et manifestants ont repris.

 

Les manifestants, dont certains étaient des "Ultras" - de fervents fans de football très organisés - ont brandi face à la police une pancarte proclamant: "Ceux qui ne méritaient pas de mourir sont morts par la main de ceux qui ne méritent pas de vivre".

Les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, dont les véhicules chargeaient avant de se retirer. Des policiers anti-émeutes ont matraqué des manifestants qui s'étaient avancés à quelques mètres du ministère.

 

De l'autre côté de la rue, le bâtiment de l'Autorité des taxes était en feu, a indiqué la télévision d'Etat sans plus de détails.

Un soldat blessé devant le ministère de l'Intérieur est décédé à l'hôpital vendredi, selon l'agence officielle Mena.

 

Non loin de là, des centaines de personnes se sont rassemblées sur l'emblématique place Tahrir en scandant des slogans hostiles au régime militaire qui gère le pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak il y a près d'un an.

Des centaines de personnes ont également manifesté devant le ministère de la Défense pour "accroître la pression sur l'armée".

 

Toujours au Caire, des hommes armés ont attaqué et incendié un poste de police dans l'est de la capitale, a indiqué une source de sécurité. Les hommes, armés de mitraillettes, ont attaqué le poste de police d'Al-Marg et ont libéré les personnes qui y étaient détenues avant d'y mettre le feu.

 

Des affrontements ont aussi repris entre policiers et manifestants à Suez (nord-est), où les violences ont fait deux morts dans la nuit de jeudi à vendredi.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à la chevrotine pour tenter de disperser les manifestants, selon un journaliste de l'AFP qui a vu des ambulances évacuer les blessés sous une pluie de pierres.

Des milliers de personnes ont également manifesté contre l'armée à Alexandrie et Port-Saïd (nord).

 

Signe de la menace croissante que représente la tourmente politique pour l'économie, des Bédouins ont brièvement enlevé deux touristes américaines et leur guide égyptien dans le sud de la péninsule du Sinaï, selon des responsables de la sécurité.

 

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui et chargé de la délicate transition démocratique, a accusé "des mains étrangères et intérieures de viser le pays".

Dans un communiqué publié sur Facebook, il a appelé "toutes les forces politiques et nationales de cette grande nation à adopter un rôle historique (...) et à intervenir pour rétablir la stabilité".

 

Régulièrement accusé de mal gérer cette transition, le CSFA est tenu pour responsable des 74 morts et des centaines de blessés mercredi au stade de Port-Saïd après la première défaite de la saison pour le célèbre club cairote Al-Ahly face aux locaux d'Al-Masry (3-1).

Ce drame, l'un des plus lourds bilans de l'histoire du football, a déjà provoqué jeudi des manifestations contre l'inertie des forces de sécurité, relançant la contestation et l'incertitude sur la transition.

 

Le procureur général a interdit vendredi au chef de la Fédération égyptienne de football Samir Zaher - au lendemain de son limogeage - et au gouverneur de Port-Saïd Mohammed Abdallah de quitter le pays. Ce dernier avait démissionné suite aux violences.

 

Le drame de Port-Saïd "a eu lieu alors que les services de sécurité sont restés debout sans rien faire", écrit Ibrahim Mansour, un éditorialiste du journal indépendant Al-Tahrir, estimant que le CSFA "a fait la preuve de son échec".

 

Les Egyptiens sont de plus en plus exaspérés par le pouvoir militaire accusé de violations des droits de l'Homme, et réclament depuis des mois la fin des procès de civils devant des tribunaux militaires, une refonte du ministère de l'Intérieur et le respect des libertés et de la justice sociale.

Le CSFA s'est engagé à maintes reprises à céder ses pouvoirs aux civils après la présidentielle prévue d'ici fin juin.

Il avait avancé l'exemple des élections législatives remportées par les islamistes pour preuve de sa bonne foi. Mais cela n'a pas calmé les esprits et beaucoup estiment que les militaires chercheront à garder certains pouvoirs.

 

 


 

 

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