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Économie - Zone euro

Crise de la dette : l’UE tance la Grèce et l’Espagne

Les ministres européens des Finances menacent Athènes de lui couper les vivres si les réformes économiques promises ne sont pas appliquées.

Les ministres des Finances espagnol et grec, face à face. Yves Herman/Reuters

L’Union européenne a affiché un vif mécontentement hier à l’égard de la Grèce en menaçant de lui couper les vivres si les réformes économiques promises ne sont pas appliquées et demandé en parallèle à l’Espagne d’éviter un dérapage de son déficit.
Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Finances entendent ne pas relâcher la pression au moment où la zone euro profite justement d’une période d’accalmie dans la crise de la dette sur les marchés financiers.
Après avoir réclamé plus d’efforts de la part de la Grèce lundi soir pour espérer des prêts supplémentaires afin d’éviter la faillite, ils ont demandé hier des engagements par écrit des principaux partis politiques du pays.
« Nous ne serons en mesure de donner notre feu vert que si les partis au pouvoir et les autres sont d’accord » pour mettre en œuvre les réformes et « cela doit être fait par écrit », a fait savoir la ministre autrichienne, Maria Fekter.
Les principaux créanciers de la Grèce – Union européenne et Fonds monétaire international – avaient déjà eu recours à ce procédé à l’automne après l’annonce d’un référendum finalement abandonné.
L’histoire bégaie quelques mois après. « Le programme (budgétaire) grec a dérapé » par rapport aux prévisions, a déploré lundi soir le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
« Il est clair que la mise en œuvre des réformes en Grèce a échoué », a renchéri hier le ministre suédois des Finances, Anders Borg. « En matière de réformes structurelles, de réformes budgétaires, ils (les Grecs) n’ont pas été à la hauteur », a-t-il asséné.
Selon une source diplomatique européenne, l’engagement du nouveau Premier ministre, Lucas Papademos, « n’est pas remis en cause » mais le reste de la classe politique grecque ralentirait ses efforts. Une situation qui pourrait durer jusqu’aux prochaines élections prévues en avril.
L’idée, en faisant monter la pression, est donc aussi d’épauler M. Papademos, un « technocrate » chargé provisoirement de diriger le pays, face aux partis qui soutiennent son fragile gouvernement de transition.
« Nous ne pouvons attendre la tenue des élections, les changements doivent avoir lieu maintenant », a estimé cette même source.
Le temps est en effet compté. La Grèce devra rembourser 14,4 milliards d’euros de prêts le 20 mars, ce qu’elle ne peut faire sans l’aide promise. Si cette échéance n’est pas tenue, le défaut de paiement sera inévitable.
Ces craintes pesaient hier sur les marchés boursiers qui étaient pour la plupart en baisse.
Outre les réformes, Athènes doit aussi au préalable conclure un accord avec ses créanciers privés sur la réduction de sa dette. Les négociations visent à réduire de 100 milliards d’euros la dette détenue par les banques et fonds d’investissement de manière à ramener l’endettement public du pays à 120 % du produit intérieur brut à l’horizon 2020, contre 160 % actuellement.
L’opération doit être réalisée via un échange d’anciennes obligations détenues par le secteur privé contre de nouveaux titres, avec au centre des tractations la rémunération accordée à ces derniers.
Les discussions butent sur les taux d’intérêt qui seront appliqués. La zone euro a renvoyé Athènes et ses banques à la table des négociations en exigeant que le taux soit inférieur à 4 %, alors que ce seuil est jusqu’ici considéré comme un minimum par les créanciers privés.
Il devra se situer entre 3,5 % et 4 %, a demandé M. Juncker, au risque que les banques considèrent la restructuration de la dette grecque comme « contrainte » et non plus « volontaire », avec à la clé un défaut de paiement de la Grèce aux conséquences incalculables.
Le lobby bancaire qui négocie avec la Grèce, l’Institut de la finance internationale (IIF), a réitéré mardi son refus d’aller au-delà de 50 % de perte (« décote ») sur ses créances. Il s’agit d’une « perte maximale » pour rester dans un cadre « volontaire », a affirmé le directeur général de l’IIF, Charles Dallara.
Or, avec une rémunération inférieure à 4 %, « la décote sera forcément supérieure à 50 % », estime une source gouvernementale européenne.
La Grèce n’est pas la seule à inquiéter. La situation en Espagne, où le déficit public dérape plus que prévu, préoccupe également, bien que dans une bien moindre ampleur.
« Il est essentiel de ramener sans délai les finances publiques (espagnoles) à un niveau soutenable et, de ce fait, nous pensons qu’il est essentiel de respecter les objectifs budgétaires en 2012 » dans le pays, où le déficit cette année ne doit pas dépasser 4,4 %, a prévenu le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.
Une fin de non-recevoir adressée aux autorités espagnoles qui avaient demandé plus de souplesse.
Globalement, M. Rehn a dit tabler sur une « récession modérée » en Europe. Ce qui à ses yeux rend encore plus indispensable de renforcer les moyens du Fonds de secours de la zone euro. Bruxelles peut compter sur ce point sur le soutien du FMI, de la BCE, de la France ou encore de l’Italie. Mais l’Allemagne reste encore très réservée.

(Source : AFP)
L’Union européenne a affiché un vif mécontentement hier à l’égard de la Grèce en menaçant de lui couper les vivres si les réformes économiques promises ne sont pas appliquées et demandé en parallèle à l’Espagne d’éviter un dérapage de son déficit.Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Finances entendent ne pas relâcher la pression au moment où la...
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