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Constructions vétustes : la psychose enfle

Bilan officiel de la tragédie d’Achrafieh : 27 morts et 12 blessés

Les piliers de soutènement du pont de Jal el-Dib rongés par la rouille. Photo Marwan Assaf

Des obsèques populaires seront organisées aujourd’hui à Beyrouth pour certaines des victimes du drame de Fassouh, à Achrafieh, où un immeuble vétuste s’est effondré dimanche sur ses habitants. Les écoles de la région seront fermées aujourd’hui en signe de deuil, de même que l’activité commerciale pourrait être perturbée en fin de matinée dans les quartiers où se dérouleront les funérailles. La branche des Forces libanaises à Achrafieh a appelé dans ce cadre les commerces d’Achrafieh à s’associer au deuil des familles des victimes en fermant leurs portes de midi à 13 heures. Le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar, a demandé de son côté aux enseignants et aux élèves d’observer aujourd’hui trente minutes de prières et de réflexion en signe de solidarité avec tous ceux qui ont été atteints par ce drame.

 

Dans le secteur où s’est déroulée la tragédie de dimanche, une atmosphère de désolation et de recueillement était perceptible hier après les scènes de panique et de colère qui s’étaient manifestées à la suite de l’effondrement du bâtiment. Le ministère de l’Intérieur a annoncé hier la fin des opérations de secours et des travaux de déblaiement des décombres, indiquant que le bilan officiel de la catastrophe s’établit à 27 tués, dont 11 Libanais et 16 de nationalités diverses, notamment arabes, et 12 blessés, dont 5 Libanais.

 

Officiellement, aucune personne ne se trouve encore sous les décombres, mais la chaîne Future News faisait état hier de deux disparus, Nawal Daher (65 ans), épouse de l’un des blessés, Albert Yazbeck, et un ressortissant soudanais. L’ambassade d’Égypte a indiqué pour sa part qu’un ressortissant égyptien, Hani Ibrahim Abdel Waniss, a été tué et un autre blessé, Mohammad Kamel Abdel Salam.

Aujourd’hui en fin de matinée, les obsèques des frères Naïm (Jihad, Tannous et Charbel) et de leur père Farhat, auront lieu à 11 heures en l’église du Sacré-Cœur de Badaro, et celles de la jeune fille Anne-Marie Abdel Karim auront lieu à 12h30 en l’église as-Saydé d’Achrafieh. Les autres victimes libanaises qui ont pu être identifiées sont Alice Saad, Joseph Geara (qui a été inhumé hier à Jbeil), Maroun Saad, Jeannette Abou Serhal et Eva Hakim.

 

Nadim Gemayel se penche sur le sort des sinistrés

Au niveau de l’organisation des secours, le député de Beyrouth Nadim Gemayel a effectué au cours des dernières quarante-huit heures plusieurs tournées dans le quartier en question afin de s’enquérir de près de la situation des sinistrés, allant au-devant des personnes sans abri qui avaient passé une nuit sur le trottoir, afin de les aider à trouver un logement provisoire. M. Gemayel a entrepris plusieurs démarches sur ce plan, appelant en outre tous ceux qui sont propriétaires d’appartements vides et qu’ils désirent louer à entrer en contact avec son bureau d’Achrafieh dans le but d’organiser le logement des personnes sinistrées. M. Gemayel a également demandé aux sociétés d’alimentation et aux entreprises qui vendent des produits alimentaires d’assurer une aide transitoire aux familles dont les habitations ont été détruites.

Dans une déclaration à la presse, Nadim Gemayel a exhorté dans ce cadre le Haut-Comité de secours et le gouvernement à se pencher aussi sur la situation des habitants qui ont été contraints de quitter leurs logements situés à proximité du bâtiment qui s’est effondré. L’un de ces immeubles, note-t-on, a été évacué au cours des dernières vingt-quatre heures, les responsables craignant que ses fondations n’aient été ébranlées par l’effondrement survenu dimanche. Nadim Gemayel a indiqué à cet égard que près de 150 personnes se sont ainsi retrouvées sans abri et n’osent pas réintégrer leurs logements. Le député de Beyrouth leur a conseillé de pénétrer deux par deux uniquement dans ces appartements menacés afin de récupérer leurs papiers personnels et leurs affaires indispensables, affirmant que le Haut-Comité de secours s’est engagé à leur assurer des habitations provisoires.

À ce propos, le secrétaire général du Haut-Comité de secours, le brigadier Ibrahim Bachir, a indiqué à la MTV que son organisme étudie actuellement trois solutions afin de venir en aide aux familles sinistrées : octroyer à ces dernières le montant d’un loyer afin de les loger à Achrafieh-même ; leur assurer un logement dans la périphérie d’Achrafieh ; ou leur assurer un appartement, quelle que soit la région, pour une période de six mois. M. Bachir a précisé à ce sujet que l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth a logé une des familles dans le secteur de Gemmayzé.

Notons dans ce cadre que la tragédie de Fassouh a provoqué un début de psychose dans la capitale, certains responsables mettant en garde contre les graves conséquences de l’état vétuste de nombreux bâtiments menacés d’effondrement, sans compter le cas particulier du pont de Jal el-Dib (Voir par ailleurs). Le député Mohammad Kabbani, président de la commission parlementaire des Travaux publics, a ainsi indiqué hier que près de 20 % des bâtiments risquent de s’effondrer au cas où un fort séisme frapperait le pays. De son côté, le député Hani Kobeissy a une nouvelle fois mis en garde hier contre le risque d’effondrement de trois immeubles dans le secteur de Mousseitbé. L’un de ces bâtiments aurait commencé à être évacué par ses habitants, pris de panique.

 

Les réactions

Au niveau des réactions, plusieurs factions et pôles politiques ont commenté hier le drame de Fassouh. Dans le communiqué publié hier à l’issue de sa réunion hebdomadaire, le bloc parlementaire du courant du Futur a ainsi mis l’accent sur la nécessité pour les différentes municipalités d’entreprendre sans délais un recensement des bâtiments vétustes dans le but de mettre en application la législation prévue sur ce plan.

Le courant du Futur a également insisté sur l’importance d’approuver enfin une loi moderne et rationnelle sur les loyers du fait que la législation actuelle pousse les propriétaires à ne plus se préoccuper de la réfection de leurs bâtiments, en raison des loyers dérisoires qu’ils encaissent. Ce dernier point a également été soulevé par le député Nabil de Freige qui a déploré le retard mis dans l’approbation de la loi sur les loyers, soulignant toutefois que le problème au Liban réside non pas dans les textes de loi, mais plutôt dans l’application de la législation en vigueur.

Le Bloc national a relevé de son côté que la tragédie de Fassouh est due dans une grande partie à l’état d’anarchie et aux violations systématiques de la loi qui sévissent dans le pays depuis le début de la guerre en 1975. Le BN a souligné que cette situation de chaos généralisé a été aggravée par le recul de l’autorité de l’État et par l’absence du sens des responsabilités, en plus de l’extension du pouvoir des forces de facto.

Signalons enfin que le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a mis l’accent sur la nécessité de déterminer les responsabilités dans l’affaire de Fassouh, soulignant toutefois que ce drame ne devrait pas être exploité afin de détruire les bâtiments ayant un caractère traditionnel et reflétant le patrimoine architectural du pays.

 

Des obsèques populaires seront organisées aujourd’hui à Beyrouth pour certaines des victimes du drame de Fassouh, à Achrafieh, où un immeuble vétuste s’est effondré dimanche sur ses habitants. Les écoles de la région seront fermées aujourd’hui en signe de deuil, de même que l’activité commerciale pourrait être perturbée en fin de matinée dans les quartiers où se...
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