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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Deux courants divisent l’opposition syrienne sur l’opportunité d’une intervention étrangère

« Journée syrienne » au palais Bourbon à l’initiative du groupe parlementaire d’amitié France-Syrie.
PARIS, d’Élie MASBOUNGI

L’opposition syrienne en France, toutes tendances confondues, était à l’honneur hier au palais Bourbon où une rencontre avec des députés était organisée par Gérard Bapt, président du groupe d’amitié France-Syrie. Étaient notamment présents, les députés UMP Jacques Myard et Éthienne Pinte.
On reconnaissait à la tribune des opposants modérés, des dirigeants de mouvements laïcs, des personnalités indépendantes, des responsables de groupuscules kurdes, des intellectuels et des représentants de la société civile syrienne de l’intérieur et de l’étranger.
Des diverses interventions, on retiendra qu’au sein de cette large coalition soudée par son hostilité au régime de Damas, deux tendances s’opposent sur la nécessité d’une intervention étrangère directe, qu’elle soit à caractère militaire, humanitaire ou politique.
Après une présentation de M. Bapt, suivi au micro par notre confrère Samir Aïta, du Monde diplomatique, connu politiquement pour sa modération et son pragmatisme, les militants des autres organisations présentes ont exprimé leurs positions respectives.
Pour M. Aïta, modération ne signifie pas neutralité puisqu’il a affirmé d’emblée que le pouvoir syrien ne veut ni observateurs ni journalistes sur le terrain, et que les autorités de Damas ont opté pour la violence et une répression qui sait alterner la provocation et l’incitation à la haine communautaire. « Le régime veut la violence et ne veut pas un retour à une accalmie qui permettrait n’importe quelle forme de dialogue », a-t-il souligné. Il a rappelé qu’en dépit d’une vingtaine d’attentats sanglants et atroces ou de crimes à caractère communautaire, la majorité du peuple syrien ne s’est pas engagée sur la voie de la guerre civile, se concentrant sur l’essentiel, c’est-à-dire le changement et les réformes. M. Aïta a affirmé qu’en fait, ni le régime ni l’opposition ne veulent un dialogue dans le cadre duquel « l’une des parties aurait un pistolet sur la table et un char à la porte »...
Le journaliste a estimé que la formation du Conseil national syrien était la réalisation la plus importante de l’opposition depuis qu’elle est apparue dans le pays et à l’étranger. Il a enfin dénoncé les atermoiements et autres formes d’hésitation qui ont retardé durant plusieurs semaines la signature puis l’application partielle des recommandations de la Ligue arabe.
De son côté, M. Michel Kilo, figure légendaire de l’opposition syrienne de l’intérieur et de l’étranger, a tenu à rappeler que la révolution à laquelle on assiste actuellement en Syrie n’a été possible et ne s’est déclenchée que grâce aux intellectuels et à la société civile syrienne excédés par des années de dictature aveugle. Il a précisé que le ferment de cette révolution existe depuis l’indépendance mais le pouvoir syrien sous toutes ses formes n’a cessé, depuis, de réprimer et de s’imposer par la force « au nom de la liberté, de l’indépendance et du socialisme ».
Il a minimisé le danger islamiste, déclarant que sur le terrain et dans la situation présente, on a vu des musulmans et pas des islamistes, ajoutant que les leaders du mouvement en Syrie sont des nationalistes et non des islamistes. Michel Kilo a conclu en mettant en garde contre les tentatives du gouvernement de pousser les Syriens à s’armer, utilisant ce prétexte pour renforcer la répression.
M. Fahd al-Masri (mouvement d’opposition kurde) a lancé un appel à la France et à d’autres pays amis pour qu’ils aident le peuple syrien par une intervention armée afin de sauver des vies humaines, puisque des victimes tombent tous les jours sous les balles de l’armée et d’autres forces de sécurité, a-t-il expliqué. Il a prédit que si rien de cela n’arrivait, il y aurait dans les prochains jours des massacres encore plus monstrueux qui rendraient une intervention de l’ONU plus que nécessaire si on voulait éviter une guerre civile en bonne et due forme.
Comme pour faire valoir une opinion contraire, M. Hassan Kamel a donné lecture d’une « lettre en provenance du pays » où les manifestants refusent toute aide extérieure, affirmant que leur mouvement se poursuivra et que « le peuple syrien continuera d’affronter le pouvoir en place à mains nues et pacifiquement, jusqu’à la victoire ».
En tant que présidente de l’assemblée générale de la « Coalition laïque et démocratique syrienne », Mme Randa Kassis a évoqué le caractère national du soulèvement en Syrie, affirmant que « les minorités y prennent part au même titre que leurs concitoyens ».

Un son de cloche (diplomatique) différent
Donnant un son de cloche différent, une personnalité diplomatique que l’on peut qualifier de franco-européenne a laissé entendre au cours d’une réunion publique, hier après-midi, que le régime de Damas peut encore tenir et que de larges fractions de la population ne se montrent pas hostiles au gouvernement, tout en demandant que des réformes soient entreprises dans un climat serein. « Dans les deux grandes villes syriennes, c’est-à-dire dans la capitale et à Alep, a indiqué cette source, la vie semble normale et les personnes que l’on y côtoie semblent vouloir ignorer ce qui se passe sur le terrain, dans des villes de moindre importance. » Cette personnalité a expliqué qu’il s’agit principalement de trois catégories, à savoir les cercles proches du pouvoir, l’armée et la bourgeoisie qui partagent la même peur de l’inconnu, craintes amplifiées par ce qui s’est passé et ce que l’on voit encore en Tunisie, en Égypte et en Libye. Sans nier que les alaouites et les chrétiens dans l’ensemble soutiennent le régime par peur de l’inconnu.
La tactique d’Assad, ajoute ce diplomate, joue la montre et réussit à ce jeu puisqu’il maîtrise parfaitement la technique de profiter des moindres développements sur la scène régionale et de retarder les grandes décisions tant au niveau de la Ligue arabe – dont la présidence sera assumée très prochainement par l’Irak – qu’au plan international, où il table sur des projets de résolution « amies » présentées au Conseil de sécurité.
Il rappelle enfin que le soutien de Moscou à Damas est motivé par le souci de ne pas perdre sa position stratégique en Méditerranée.
PARIS, d’Élie MASBOUNGIL’opposition syrienne en France, toutes tendances confondues, était à l’honneur hier au palais Bourbon où une rencontre avec des députés était organisée par Gérard Bapt, président du groupe d’amitié France-Syrie. Étaient notamment présents, les députés UMP Jacques Myard et Éthienne Pinte.On reconnaissait à la tribune des opposants modérés, des...
commentaires (2)

Bon...peut-être que les choses commencent à bouger...la crise syrienne ne DOIT pas se terminer dans un chaos total!Il faut que la raison reprenne le dessus...le régime cent pour cent bassiste est out...mais des négiciations intelligentes et tences peuvent mener à un compromis et,in fine,à de vraies élections démocratiques,comportant des garde-fous nécessaires à la protection des minorités et un véritable équilibre du pouvoir...pas question de laisser le champ libre aux Ekhwan comme en Egypte..tiens,et si on utilisait le "modèle " libanais...il est peut-être imparfait,mauvais et tout ce qu'on voudra...mais finalement,comme disait Churchill ,on n'en a pas trouvé de meilleur...pour le moment!Pas cons les Libanais,hein?Voir même en avance sur leur temps compte tenu de cette foutue communautarisation qui nous gâche la vie à tous les étages...mais elle est là...il faut faire avec...et pour çà,nous sommes les meilleurs incontestablement...Le Liban,futur modèle des "démocraties arabes"?Et pourquoi pas après tout...c'est quand même nous qui en avons le plus chié depuis le temps...et nous sommes toujours là...alors,notre modèle,peut-être pas si mauvais que çà,finalement...vive nous,chers compatriotes....Yaïsh Lebnene!Wou ento kamen,l'mouatinine el lenenniyé!

GEDEON Christian

05 h 38, le 13 janvier 2012

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Commentaires (2)

  • Bon...peut-être que les choses commencent à bouger...la crise syrienne ne DOIT pas se terminer dans un chaos total!Il faut que la raison reprenne le dessus...le régime cent pour cent bassiste est out...mais des négiciations intelligentes et tences peuvent mener à un compromis et,in fine,à de vraies élections démocratiques,comportant des garde-fous nécessaires à la protection des minorités et un véritable équilibre du pouvoir...pas question de laisser le champ libre aux Ekhwan comme en Egypte..tiens,et si on utilisait le "modèle " libanais...il est peut-être imparfait,mauvais et tout ce qu'on voudra...mais finalement,comme disait Churchill ,on n'en a pas trouvé de meilleur...pour le moment!Pas cons les Libanais,hein?Voir même en avance sur leur temps compte tenu de cette foutue communautarisation qui nous gâche la vie à tous les étages...mais elle est là...il faut faire avec...et pour çà,nous sommes les meilleurs incontestablement...Le Liban,futur modèle des "démocraties arabes"?Et pourquoi pas après tout...c'est quand même nous qui en avons le plus chié depuis le temps...et nous sommes toujours là...alors,notre modèle,peut-être pas si mauvais que çà,finalement...vive nous,chers compatriotes....Yaïsh Lebnene!Wou ento kamen,l'mouatinine el lenenniyé!

    GEDEON Christian

    05 h 38, le 13 janvier 2012

  • On vient de lire et pour la 1ére fois un son de cloche disons plus tempéré quant aux discours passés avec des dates à faire pâlir les diseuses de bonne avanture.Donc un progrès est constaté dans les ardeurs à vouloir faire une politique du désastre dans laquelle les comploteurs voudraient voir la Syrie s'enfoncer. On ne dira pas à quoi cela va finir, mais en fin de compte le peuple syrien mûrement politisé voit les choses différemment que les tunisiens , lybiens et autres qui continuent à se débattre dans d'affreux miasmes "démocratiques" mal enclenchés.

    Jaber Kamel

    04 h 10, le 13 janvier 2012

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