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À La Une - Roman- L'Orient Littéraire

Le retour des fantômes

« Je n’avais de souvenirs dans cette maison que le visage triste de ma mère »

May Menassa, l'auteur du roman La machine à coudre.

En montant avec peine les escaliers de l’immeuble d’où la guerre libanaise avait, comme bien d’autres, délogé sa famille, la narratrice semble revenir d’une longue absence : « Je n’avais de souvenirs dans cette maison que le visage triste de ma mère, le silence de mon père dans sa chambre dont il fera sa tombe avant sa mort… et le spectacle de mon frère recroquevillé sur lui-même comme un fœtus dans un faux utérus… »
 
Avec ces accents qui dessinent une manière de château de Combourg beyrouthin, nous comprenons vite, dans l’émergence du difficile triangle familial où s’est noué très tôt le drame de toute une vie, que le dernier roman de May Menassa, La machine à coudre, sera peuplé des mêmes fantômes familiers qui ont déjà hanté nombre de ses écrits et ceux de sa sœur, Vénus Khoury-Ghata, elle-même d’ailleurs marginalement présente dans le fil du récit. La mort violente ou de maladie est présente partout dans ces histoires emboîtées au gré des rencontres ou des retrouvailles avec d’anciennes amies. Mais l’antidote y est aussi avec l’aphorisme qui clôt le roman : « Celui qui aime ne meurt pas. » Et c’est là que surgit la silhouette de Marc le photographe étranger, « Ulysse qui a fait des mers et des îles sa demeure », amour fugace mais combien ancré dans le cœur de la narratrice « enracinée dans son pays éclaté ». Mais, comme le veut le titre, c’est la recherche de la machine à coudre de la mère, avec laquelle elle confectionnait des vêtements pour les pauvres et des robes des Rameaux pour ses filles, qui constitue le fil conducteur de l’histoire. On ne vous dira pas pourtant le résultat de cette quête qui mènera la narratrice un peu partout, de Beyrouth à Tyr en passant par Zahlé. Autant de moments où la chroniqueuse artistique connue du Nahar qu’est toujours May Menassa se laisse aller à ses méditations autour de l’histoire ancienne de son pays à travers les vestiges archéologiques phéniciens ou la renaissance culturelle de la capitale et sa fascination dramatique ainsi que le retour du festival de Baalbeck dont la jeune journaliste couvrait les manifestations avec ferveur avant la guerre.
 
 
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En montant avec peine les escaliers de l’immeuble d’où la guerre libanaise avait, comme bien d’autres, délogé sa famille, la narratrice semble revenir d’une longue absence : « Je n’avais de souvenirs dans cette maison que le visage triste de ma mère, le silence de mon père dans sa chambre dont il fera sa tombe avant sa mort… et le spectacle de mon frère...
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