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Technologies

Les éditeurs papier imposent un nouvel équilibre face au numérique

Le iPad d’Apple et le Kindle d’Amazon sont aujourd’hui les principaux supports de la distribution numérique.

Le monde de l’édition a jusqu’ici réussi à tirer son épingle du jeu dans la transition vers le numérique, tirant les leçons du cataclysme provoqué par l’irruption d’Internet dans l’industrie de la musique dix ans plus tôt.
Alors que les nuages s’amoncellent sur les économies de la zone euro, les professionnels du livre sont toutefois encore loin de crier victoire, l’érosion des ventes physiques et la baisse de chiffre d’affaires engendrée par le passage au numérique les contraignant à trouver de nouvelles sources de revenus.
«Dans mon souvenir, il n’a jamais été aussi difficile de prédire où en sera le secteur d’ici à 12 mois», a déclaré John Makison, directeur général de Penguin, filiale de Pearson, à l’occasion du sommet Reuters sur les médias. «Il y a autant d’opportunités que de défis à relever», a-t-il ajouté.
L’essor rapide des ventes d’«e-books», en particulier outre-Atlantique, a chamboulé un secteur jusque-là resté relativement à l’abri de la tempête du numérique. Le signal d’alerte a été donné en février par le dépôt de bilan de l’américain Borders, deuxième réseau de libraires aux États-Unis.
À la différence de l’industrie du disque cependant, les principaux éditeurs ont réussi à obtenir gain de cause face aux géants de la distribution Amazon et Apple qui voulaient appliquer au livre le système de prix unique déjà en vigueur pour la musique.
«Nous avons beaucoup appris de l’industrie du disque. Ils n’ont pas réagi rapidement quand Apple a imposé un business model unique. Nous avons fait tout le contraire», a expliqué Arnaud Nourry, le PDG d’Hachette, également invité du sommet.
Maîtres du prix, Penguin et Hachette, filiale du groupe Lagardère, ont bon espoir de tirer parti de l’essor des e-books pour améliorer leur rentabilité. Même s’il est généralement de 20% à 30% moins cher que son équivalent papier, le livre numérique est le plus souvent synonyme de marges accrues pour l’éditeur, du fait notamment de coûts nettement moins importants pour la distribution.
Le livre dématérialisé reste pour l’instant encore marginal à l’échelle mondiale, avec moins de 10% des ventes selon les estimations.

Protéger les libraires
Il a cependant connu une progression fulgurante aux États-Unis, sous l’impulsion du Kindle, la première liseuse lancée par Amazon en 2007, pour atteindre aujourd’hui environ 20% des ventes sur le premier marché du livre dans le monde.
La Grande-Bretagne suit la tendance avec des ventes d’e-books atteignant désormais près de 10%, tandis que le reste de l’Europe reste à la traîne en raison de catalogues de titres souvent dégarnis et d’une offre de liseuses limitée.
Les choses devraient rapidement changer avec une série de lancement d’appareils en Europe, notamment en France où la FNAC (groupe PPR ) et Amazon viennent de sortir leurs nouveaux modèles.
Les éditeurs espèrent capter de nouveaux publics, davantage habitués du Web que des librairies de quartier, et envisagent également d’enrichir leurs e-books, souvent une simple copie dématérialisée de leur équivalent papier, en vue d’en augmenter la valeur, sans beaucoup de succès jusqu’à présent.
«Lorsqu’on essaie d’apporter des améliorations, les lecteurs les accueillent avec indifférence. Sur le marché adulte, le goût des consommateurs est étonnamment conservateur», a expliqué John Makison, de Penguin.
Le marché des livres pour enfant fait en revanche preuve d’une plus grande créativité, a-t-il précisé, à l’image de l’édition pour iPad d’Alice au Pays des merveilles, agrémentée de vidéos et de personnages animés.
Si l’essor du numérique n’a pas fondamentalement modifié les contenus dans l’édition, il bouleverse en revanche les canaux de distribution aux dépens des libraires traditionnels.
«Comme le marché du livre dans son ensemble n’a pas une croissance rapide, la partie e-book va empiéter sur le papier au détriment des distributeurs. C’est une transformation à laquelle les distributeurs vont devoir faire face», a estimé Arnaud Nourry, selon lequel les éditeurs auront un rôle essentiel à jouer pour conserver un réseau florissant de libraires qui jouent un rôle clef pour la promotion des livres.
«Si nous ne faisons pas cela, l’industrie du livre connaîtra le même sort que celle de la musique, avec un nombre réduit d’acteurs et une diversité limitée», a-t-il ajouté.
Se rendre dans une librairie pour acheter un livre est devenu irrationnel quand il suffit d’un clic pour obtenir sa version digitale, souligne, quant à lui, le directeur général de Penguin, selon lequel les libraires devront se diversifier tout en restant le repaire des amoureux du livre.
Le monde de l’édition a jusqu’ici réussi à tirer son épingle du jeu dans la transition vers le numérique, tirant les leçons du cataclysme provoqué par l’irruption d’Internet dans l’industrie de la musique dix ans plus tôt.Alors que les nuages s’amoncellent sur les économies de la zone euro, les professionnels du livre sont toutefois encore loin de crier victoire,...

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