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Moyen Orient et Monde - Révolte

Que se passe-t-il entre Moscou et Damas ?

Imbroglio autour de la visite de Chareh en Russie ; le CNS se réunit pour 3 jours à Tunis ; 22 morts hier en Syrie.

Sur cette image tirée d’une vidéo postée sur YouTube, l’on peut lire sur une pancarte : « Nous sommes piégés = pas d’essence, pas de gaz, pas de pain, mais des tueries par les gangs d’Assad. » Photo YouTube

C’est un imbroglio total...
En cours de journée hier, on commençait par apprendre que le vice-président syrien Farouk el-Chareh s’est fait « inviter » par la Russie à se rendre à Moscou pour « des entretiens sérieux ». Une source au Kremlin citée par l’agence officielle ITAR-Tass avait en effet annoncé que M. Chareh était attendu « bientôt » à Moscou pour un « entretien sérieux » avec des dirigeants de la Russie, un pays allié du régime syrien qui a jusque-là bloqué toute action, notamment des sanctions à l’ONU contre ce dernier. « Ceux qui disent qu’on va lui chanter des louanges ou lui caresser la tête se trompent », a assuré cette source, en ajoutant que la Russie « n’était pas l’avocat des Syriens ».
Dans la soirée, une source « bien informée » du ministère russe des Affaires étrangères, interrogée par le site électronique www.nowlebanon.com, affirmait que cette visite a été « annulée », et que c’était Farouk el-Chareh lui-même qui avait « souhaité rencontrer le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine. Cette demande a été rejetée et M. Chareh devrait s’entretenir avec le chef de la diplomatie Serguei Lavrov », précise la source en question. « Après les efforts de Moscou visant à aider le régime syrien, il semblerait que le divorce soit en bonne voie eu égard au manque de sérieux de la Syrie par rapport aux suggestions russes pour une sortie de crise », ajoute-t-elle.
Il faut dire que la Russie est montée en première ligne ces derniers jours sur le dossier syrien. Jeudi déjà, Moscou avait créé la surprise en déposant un projet de résolution au Conseil de sécurité – nouvelle version d’un projet russo-chinois précédent selon un diplomate russe –, dénonçant les violences commises en Syrie « par toutes les parties », une allusion aux forces du régime et à celles de l’opposition, principalement les déserteurs qui ont multiplié les attaques contre l’armée. Le texte russe insiste sur les points qu’Européens et Américains rejettent, faisant référence à la violence perpétrée « par toutes les parties, y compris l’usage disproportionné de la force par les autorités syriennes ».
Washington s’est néanmoins dit prêt à travailler sur la base de ce projet, même s’il contient « des éléments que nous ne pourrions pas soutenir », comme « l’apparente parité » entre les forces de l’ordre et l’opposition. Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a salué le « pas important » que constituait le projet russe, tout en jugeant qu’il y avait encore « beaucoup de travail ». Il s’est par ailleurs félicité de la position en pointe d’Ankara qui a imposé des sanctions à la Syrie et appelé M. Assad à quitter le pouvoir. Signalons que le Trésor US a annoncé hier que le chef de ses programmes de sanctions, David Cohen, entamerait aujourd’hui une tournée de quatre jours en Arabie saoudite et à Bahreïn consacrée à l’Iran, à la Syrie et à la « poursuite de la lutte contre le terrorisme international ».
L’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, a critiqué l’initiative russe, tout en admettant l’aspect positif de cette résolution. « C’est aussi une manœuvre, parce qu’elle (la Russie) se donne l’apparence d’un mouvement tout en présentant un texte qui est totalement déséquilibré et creux », a-t-il dit, soulignant qu’une « négociation de résolution peut durer quelques heures ou quelques mois ». « On est au début de la négociation », mais il y a « urgence », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. « Le Conseil de sécurité doit condamner ces crimes contre l’humanité », a-t-il ajouté.

From Tunis with love
C’est dans ce contexte que le congrès du Conseil national syrien (CNS), qui représente la majorité des courants d’opposition au régime de Damas, s’est ouvert hier soir en banlieue de Tunis, selon une source syrienne. La presse a été tenue à l’écart et n’a pas pu accéder à la réunion, qui se tient dans un grand hôtel de Gammarth et réunit, selon le CNS, quelque 200 opposants syriens. Peu après s’être prononcé contre une intervention étrangère en Syrie, hier sur la chaîne de télévision France 24, le président tunisien Moncef Marzouki est arrivé sur les lieux de la réunion et a été accueilli par le chef du CNS, Burhan Ghalioun, selon des témoins.
Cette réunion vise à structurer et mieux organiser l’opposition au régime de Bachar el-Assad pour accélérer sa chute et « mettre fin à la tuerie quotidienne », selon M. Ghalioun. « Il faut unifier l’opposition pour lui donner plus de force. Nous devons achever ce congrès avec plus d’organisation, plus d’orientations claires, plus d’énergie », a-t-il poursuivi. « Assad est fini, la Syrie deviendra démocratique et le peuple sera libre quel qu’en soit le prix », a-t-il ajouté. Il est cependant resté flou sur la possibilité d’une intervention étrangère, estimant qu’il fallait « débattre des options avec le Conseil de sécurité de l’ONU ». Aujourd’hui samedi et demain dimanche, les membres du CNS discuteront à huis clos, et huit commissions seront créées : elles plancheront sur la protection des civils, les questions des droits de l’homme, les relations extérieures et la communication de l’opposition. Notons que des sources arabes évoquaient hier un plan de médiation irakien consistant à réunir à Bagdad des représentants du régime syrien et de l’opposition, dans le but de négocier sur une période de transition en Syrie. Ce projet aurait déjà reçu l’aval de l’Iran et de la Russie.
Rappelons que né fin septembre à Istanbul, le CNS réunit toutes les tendances politiques, comptant notamment dans ses rangs les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens. Mais d’autres mouvements ont vu le jour, telles l’Alliance nationale des forces révolutionnaires dont la création a été annoncée jeudi à Istanbul, ou l’Armée syrienne libre, l’opposition armée composée de déserteurs syriens, avec qui le CNS est en contact.
De plus, une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères prévue aujourd’hui au Caire a été reportée sine die, alors qu’une réunion du comité ministériel arabe chargé du dossier syrien se tiendra finalement aujourd’hui à Doha.

 22 nouvelles victimes hier...
Sur le terrain, et malgré la répression menée par le régime déterminé à étouffer la contestation entrée dans son 10e mois, quelque 200 000 Syriens ont manifesté hier à Homs, un haut lieu de la contestation, et des milliers d’autres ailleurs en Syrie, selon des militants, pour réclamer la chute du régime de Bachar el-Assad, soutenir l’Armée syrienne libre et dénoncer la position de la Ligue arabe.
Celle-ci est accusée par les protestataires de traîner les pieds en accordant de nombreux délais au pouvoir à Damas, ce qui donne « le temps au régime de tuer davantage de Syriens ». Sous le slogan « La Ligue arabe nous tue », des dizaines de milliers de Syriens ont donc défilé à Homs, près de Damas, à Idleb, à Deir ez-Zor, à Hama, Banias et Lattaquié, malgré le déploiement massif des troupes près des mosquées, point de ralliement des manifestants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC).
Comme d’habitude, les forces du régime étaient aux aguets, tirant pour disperser les protestataires. Elles ont tué 22 civils, selon la chaîne de télévision al-Arabiya et des militants. D’ailleurs, les « conseils révolutionnaires » de nombreuses villes ont dénoncé des bombardements des forces de sécurité syriennes contre des quartiers civils, comme à Homs, où une pénurie de matériel médical est à déplorer selon un opposant. À Tell Kalakh et à Deir ez-Zor, les militants prodémocratie ont révélé de nouvelles dissensions au sein de l’armée nationale syrienne et ont de nouveau demandé un blocus aérien, tandis qu’à Zabadani, ils faisaient état d’un état de siège de la ville.
Signalons que selon une estimation de l’ONU, la répression de la révolte a fait plus de 5 000 morts depuis le 15 mars.
(Sources : rédaction et agences)
C’est un imbroglio total... En cours de journée hier, on commençait par apprendre que le vice-président syrien Farouk el-Chareh s’est fait « inviter » par la Russie à se rendre à Moscou pour « des entretiens sérieux ». Une source au Kremlin citée par l’agence officielle ITAR-Tass avait en effet annoncé que M. Chareh était attendu « bientôt » à Moscou pour un...

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