Medvedev entérine la nouvelle Douma malgré la contestation

Le président russe Dmitri Medvedev a entériné hier par décret la formation de la nouvelle Douma, en dépit des accusations de fraudes au cours des élections législatives sur lesquelles il a promis une enquête.
« La Douma doit commencer à travailler (...) J’ai signé aujourd’hui un décret sur sa première séance le 21 décembre », a déclaré M. Medvedev à sa résidence de Gorki, dans la banlieue de Moscou, en recevant les responsables des partis entrés au Parlement, dont le parti au pouvoir Russie unie, vainqueur avec plus de 49 % des suffrages. « Il y a des plaintes dans certains bureaux de vote. Les commissions électorales et les tribunaux doivent les examiner minutieusement. Si de vraies fraudes sont découvertes, ils doivent prendre des décisions justes », a-t-il ajouté.
L’opposition qui, rappelons-le, a mobilisé samedi des manifestations sans précédent dans le pays avec de 50 000 à 80 000 personnes à Moscou, dénonce des fraudes massives et a exigé l’annulation du scrutin. Une nouvelle manifestation prévue pour réunir au moins 50 000 personnes est prévue le 24 décembre. « Medvedev a ignoré de manière insolente les exigences d’un très grand nombre de gens. Nous allons insister pour que nos exigences soient prises en compte », a déclaré Boris Nemtsov, ancien vice-Premier ministre libéral et l’un des organisateurs des manifestations.
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine ne s’est de son côté pas encore exprimé après les manifestations de l’opposition, mais a prévu de répondre jeudi à des questions sélectionnées de la population, lors d’une séance télévisée. Selon son porte-parole Dmitri Peskov, « la majorité ne pose pas de questions sur les questions politiques, loin de là ». Seulement 5 % des questions reçues « concernent la politique intérieure », a déclaré M. Peskov au cours d’une conférence de presse téléphonique, ajoutant que les gens s’intéressaient davantage aux questions concernant « la protection sociale, les services communaux et les salaires ».
L’hebdomadaire Kommersant Vlast, dont la dernière édition publie en couverture une photo de Vladimir Poutine en train de voter accompagnée d’un titre où un subtil jeu de mots permet de mélanger les expressions « Russie unie » et « bourrage des urnes », a fait les frais de la contestation hier. Le directeur général de Kommersant-Holding, Andreï Galiev, et le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Kommersant Vlast, Maksim Kovalski, ont en effet été limogés.
Par ailleurs, un milliardaire, Mikhaïl Prokhorov, a réapparu à la surprise générale lundi sur la scène politique en annonçant qu’il serait candidat à la présidentielle du 4 mars 2012. Le retour de celui qui a promis de mener une campagne « positive » avec « 10 % de critiques au maximum » envers le régime a été largement interprété comme faisant partie d’un « plan du Kremlin » visant à calmer les protestataires urbains libéraux.
(Source : AFP)