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À La Une - Négociations

Durban : accord à l'arrachée sur le climat

03H30, le conciliabule qui a débloqué la conférence internationale, achevée avec 36 heures de retard…

Accolades à la fin de la réunion, après 14 jours et deux nuits blanches de négociations âpres. Photo AFP

Une commissaire européenne et une ministre indienne négociant les termes d'un texte sous le regard des dizaines de négociateurs et d'ONG: c'est un étonnant conciliabule qui, à 3h30 (2h30 GMT) dimanche, a contribué à débloquer la conférence sur le climat de Durban (Afrique du Sud).

"De quel instrument légal est-on en train de parler?" En réunion plénière, d'une voix pleine de colère, la ministre indienne de l'Environnement, Jayanthi Natarajan s'élève contre l'Europe sur la nature juridique que doit revêtir un futur accord global pour 2015 que réclame l'Union européenne.

La Chine se joint bientôt aux Indiens et les discussions se tendent.

Une suspension de séance est alors demandée pour tenter d'aplanir le différend.

Et l'on voit alors l'une de ces scènes étonnantes qu'offrent ces négociations climatiques auxquelles participent plus de 190 pays sous l'égide de l'ONU.

La commissaire européenne en charge du climat Connie Hedegaard s'asseoit face à la ministre indienne, en quête des mots justes, et, autour des deux femmes, débout, des dizaines de participants de la plénière venus assister à la scène.

Comme un instantané résumant 14 jours et deux nuits blanches de négociations âpres, avec un ministre chinois, le chef de délégation brésilienne, la présidente sud-africaine de la conférence, une ministre française tentent de sortir de l'impasse sous le regard très attentif du principal négociateur américain.

"Une solution concertée ayant une force légale au lieu d'une issue légale?" La proposition est lancée à la cantonade.

Applaudissements.

On se serre les mains.

Le texte est promptement amendé et la séance plénière peut reprendre. L'accord de Durban se dessine et sera officiellement adopté un peu plus tard dans la nuit.

Cet accord, qui permet aussi d'éviter un échec deux ans après l'immense déconvenue de Copenhague, ne s'accompagne toutefois pas d'une hausse du niveau des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Promesses qui sont actuellement largement insuffisante pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C.

 

Les décisions prises à l'aube dans cette ville située sur l'océan Indien sont bien en-deçà de ce qu'exige l'urgence climatique, a de son côté regretté l'ONG Oxfam, qualifiant cet accord de "strict minimum possible" qui laisse "le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C".

Avec cette "feuille de route" en poche, les Européens ont donné leur accord à la poursuite du protocole de Kyoto après 2012. Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié, de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2.

Cette prolongation était une revendication forte des pays en développement qui rappellent inlassablement que le Nord a une responsabilité "historique" dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère.

 

La mise en place du mécanisme de fonctionnement du Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique, a également été adoptée à Durban.

Cependant, la question centrale de l'alimentation de ce fonds reste à ce jour largement sans réponse, alors que l'engagement pris à Copenhague, il y a deux ans, est d'aboutir à 100 milliards de dollars par an à compter de 2020.

"Nous sommes entrés dans une période d'incertitude économique, une ère d'austérité fiscale. Mais je ne pourrais jamais trop souligner à quel point il est crucial que les pays développés tiennent leurs engagements", a souligné cette semaine à Durban le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

 

La conférence de Durban qui s'est achevée avec 36 heures de retard, restera dans l'histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations, comme le record du genre.

 

Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar... plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde.

 

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a qualifié d'"accord significatif" la feuille de route de Durban.
"Le secrétaire général salue la série de décisions baptisée +plateforme de Durban+, adoptée par les 194 parties à la convention sur le changement climatique à Durban", a indiqué le porte-parole de M. Ban, Martin Nesirky.
Cette plateforme "va guider les efforts mondiaux pour traiter les causes et l'impact du changement climatique", a-t-il ajouté. "La plateforme de Durban représente un accord significatif qui définit la façon dont la communauté internationale va s'occuper des changements climatiques dans les années à venir", a-t-il encore estimé.

Une commissaire européenne et une ministre indienne négociant les termes d'un texte sous le regard des dizaines de négociateurs et d'ONG: c'est un étonnant conciliabule qui, à 3h30 (2h30 GMT) dimanche, a contribué à débloquer la conférence sur le climat de Durban (Afrique du Sud).
"De quel instrument légal est-on en train de parler?" En réunion plénière, d'une voix pleine...

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