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À La Une - Un peu plus de...

Castana

En presse, il y a ce qu’on appelle un marronnier. C’est un sujet rebattu qui reparaît régulièrement. De façon cyclique, comme les feuilles des arbres. Le sujet d’un marronnier n’est pas écrit dans l’urgence, puisque sa parution est programmée. Vous voyez donc de quoi il s’agit: la rentrée des classes, les régimes minceur avant l’été, la Saint-Valentin, les défilés de haute couture, la hausse de l’immobilier, les problèmes sexuels des Libanais, les soldes (on a l’impression d’être dans la programmation de l’émission Capital) et, bien sûr, Noël. Les courses de Noël, confectionner un sapin économique, faire une crèche, les idées cadeaux, les promotions, les recettes de bûches, où passer la Saint-Sylvestre etc., etc., etc. On prend les mêmes et on recommence.
Mais les marronniers n’existent pas seulement d’un point de vue journalistique. Il suffit que le mois de décembre pointe le bout de son nez pour que débarquent en vrac: les ours en polyester, les guirlandes, les Papa Noël sur les trottoirs (OK, il y en a toute l’année sur la route de Damas, qui vendent des barbes à papa pleines de colorants), les poinsettias, les arrangements de chocolats/fleurs artificielles/liqueurs, Wham!, les promotions, les SMS et les embouteillages! C’est comme si tout le monde s’était donné le mot pour faire exactement la même chose que l’année précédente, et celle d’avant, et celle d’avant, et celle d’avant... Pourtant, on est bien d’accord, le mois de décembre est, à l’unanimité, celui qui stresse le plus. Oublions le côté «on aime Noël, ses cadeaux, ses chants, le sapin», ça n’a absolument rien à voir. Parce que même le plus grand fan de Santa, l’aficionado des fêtes de fin d’année, le pro de la dinde fourrée, est le 23 au soir, au bord de l’apoplexie, de la crise de nerfs. Impossible de passer outre le capharnaüm ambiant. Impossible... Dès qu’on entame la première case du calendrier de l’Avent, tout part en vrille. Faut faire le sapin. Monter sur l’échelle, descendre de l’échelle, remonter sur l’échelle. Mettre les lumières puis accrocher les boules. Préparer le panier du mendiant et commander des arrangements. Et hop, on refourgue à droite et à gauche ce qu’on a reçu: caramels, bonbons et chocolats. Faut arrêter avec les arrangements qui prennent de la place et qui font prendre trois kilos en un jour à cause des semsmiyé et autres marrons au sirop. Offrons des bougies. Puis c’est la liste. Le cochage de liste. «Je veux le dernier jouet que j’ai vu dans la pub de Télétoon». Ouais. Sauf que c’est indisponible au Liban. Pas de problème, les gosses, on peut très vite les contenter avec autre chose. Le truc, c’est pas de trouver le cadeau parfait. Le truc, c’est que c’est affreux de faire les courses de Noël durant la période de Noël. C’est le moment où on n’a pas un instant à soi. Parce que, bien sûr, tout le monde a décidé de faire une soirée, une expo, un anniversaire, une ouverture de boutique, un événement. Les SMS pleuvent, les invitations aussi. Par mail ou sur papier. Un vernissage, une vente de Noël, le premier anniversaire d’une boutique, d’une galerie, une soirée, une after Christmas Party, un mariage, des fiançailles, une signature, le lancement d’un produit, la remise d’une ceinture jaune au taekwondo. Parce que même le prof d’arts martiaux du petit dernier s’y est mis. Pourquoi donc, faire le cérémonial autour de la ceinture jaune, le mardi 20 décembre à 17h, en plein Gemmayzé? Tout ça dans un trafic routier que personne ne peut expliquer. Et au son de la voix de Mariah Carey qui s’égosille depuis quelques années, «All I want for Christmas is yooooouuuu». Que celui qui aime cette chanson me jette la première pierre. Pourquoi? Pourquoi Jordy, Wham, Boney M chaque année et en boucle? Pourquoi tant de haine? Dans les malls, dans les supermarchés, dans les boutiques, dans la rue même. Ça donne envie de pleurer, pas de dépenser. Sauf son énergie pour se barrer en courant et aller se planquer sous la couette et dire non à tout ce bordel. Ce ne sont ni Mariah Carey, ni une peluche qui chante «Jingle Bells», ni un -30% reçu par SMS, ni un poinsettia fané, ni une énième Christmas/red/green/white party qui vont nous faire apprécier la magie de Noël. Sûrement pas. Oh là là, je viens de faire un marronnier. Je viens de parler de Noël comme chaque année. Et comme chaque année, en me plaignant. Il reste quinze jours d’angoisse. Allez, l’année prochaine, promis, je ne le referai pas.
L’année prochaine, je me barre. Le 30 novembre.
En presse, il y a ce qu’on appelle un marronnier. C’est un sujet rebattu qui reparaît régulièrement. De façon cyclique, comme les feuilles des arbres. Le sujet d’un marronnier n’est pas écrit dans l’urgence, puisque sa parution est programmée. Vous voyez donc de quoi il s’agit: la rentrée des classes, les régimes minceur avant l’été, la Saint-Valentin, les...

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