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À La Une - Polémique

Tests de virginité : Samia Ibrahim vs l’armée égyptienne

La jeune Egyptienne a porté plainte contre les militaires après avoir été forcée de subir un "test de virginité".

Plusieurs organisations internationales des droits humains critiquent les attitudes discriminatoires à l'égard des femmes en Égypte. Mahmud Hams/

Samira Ibrahim, 25 ans, n’oubliera probablement jamais cette date.

Le 9 mars 2011, moins d’un mois après la chute de Hosni Moubarak, elle et 17 autres femmes sont arrêtées par l’armée égyptienne alors qu'elles manifestent place Tahrir, au Caire. Quelques heures après leur arrestation, ces femmes sont battues, électrocutées et forcées à se déshabiller tandis que des soldats les prennent en photo. Puis, elles sont contraintes de se soumettre à "des tests de virginité".

 

Aujourd’hui, plus de huit mois après les faits, Samira est déterminée à lutter pour ses droits, "jusqu’à ce que justice soit faite". La jeune femme est la seule du groupe à avoir porté plainte contre l’armée pour agression sexuelle et pour viol, devant un tribunal civil. Le verdict, qui aurait dû être rendu hier, a été reporté au 27 décembre.

 

L’armée, pour sa part, continue de démentir les allégations de Samira. "Aucune violation n’a été commise contre les manifestantes", a assuré un porte-parole du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis février.

 

"Je sais que mes chances sont minimes", avoue la jeune militante dans un entretien accordé au Gobal Post à qui elle livré les détails de son humiliante détention. Selon elle, les femmes qui ont été arrêtées ce jour-là "ont été transférées dans un centre de détention militaire aux abords du Caire" où on leur a ordonné de se diviser en deux groupes, un pour les "vierges" et un autre pour les "non-vierges". C’est à ce moment-là que les militaires auraient forcé les détenues à subir les "tests de virginité", une pratique qualifiée de "torture" par Amnesty international et Human Rights Watch (HRW).

"Ce jour-là, j’ai été forcée de me déshabiller devant des soldats, se souvient Samira. Les tests de virginité ont ensuite été réalisés par un officier habillé comme un médecin et se présentant comme médecin, mais qui n’en était pas un. Il a introduit sa main à l’intérieur de moi et l’a gardée ainsi pendant plus de cinq minutes. Il m’a fait perdre ma virginité. A chaque fois que j’y pense, je ne sais pas quoi dire, je me sens mal. Je n’arrive pas à décrire ce que je ressens…". "Mais je sais que pénétrer une femme de cette manière est considéré comme un viol, ajoute-t-elle. Oui, voilà, j’ai été violée".

 

Avant le 9 mars, Samira occupait un poste de directrice dans une entreprise égyptienne. Elle s’est retrouvée au chômage quatre jours après son arrestation, l’armée ayant mené une enquête sur son lieu de travail. Samira est toujours sans emploi, selon le Global Post.

 

En juin, une délégation de HRW a rencontré l’ancien Premier ministre Essam Charaf, le ministre de la Justice Abdelaziz el-Guindi, ainsi qu'un général membre du CSFA. Selon l’organisation internationale, le CSFA a justifié les "tests de virginité" en "suggérant qu'ils ont été pratiqués simplement pour protéger contre des accusations de viol" en cours de détention, en déterminant qui parmi les prisonnières était vierge ou pas.

"Comme si seules les vierges pouvaient être violées, et pas les autres", s'est étonné Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW, lors d'une conférence de presse au Caire. Roth qui a affirmé que l'explication donnée par l'armée n'avait à ses yeux "aucun sens". Si les militaires "ont continué à nier avoir fait quoi que ce soit de mal, ils ont aussi dit qu'ils ne le feraient plus", a-t-il souligné. "Nous allons surveiller cet engagement de près", a-t-il ajouté en qualifiant ces tests de pratique "dégradante".

 

Heba Morayef, représentante de HRW en Egypte, a quant à elle déclaré que le CSFA "ne confirmait ni n'infirmait" les cas rapportés en mars, se retranchant derrière le fait qu'une enquête était en cours. Le général rencontré, a-t-elle ajouté, a assuré que "ce test était considéré comme normal dans les prisons", mais a aussi précisé "qu'une décision avait été prise de ne pas mener de tests de virginité sur les jeunes filles dans les prisons" sous contrôle de l'armée.

Selon Mme Morayef, ces tests sont les premiers dont HRW ait eu connaissance en Egypte. "Nous n'avons recensé aucun autre cas de test de virginité pour les femmes dans les prisons égyptiennes", a-t-elle assuré.

 

 

Jeudi dernier, une éditorialiste américano-égyptienne, Mona al-Tahawy, arrêtée lors de sa participation aux manifestations place Tahrir au Caire, avait annoncé sur son compte Twitter avoir été agressée sexuellement par des policiers. "En plus de m'avoir battue, les chiens de (policiers anti-émeutes) m'ont faire subir la pire des agressions sexuelles", a-t-elle ajouté. "Cinq ou six (policiers) m'ont touché et pincé les seins et mes parties génitales et je ne pouvais plus compter le nombre de mains qui essayaient d'entrer dans mon pantalon", a-t-elle précisé.

Deux autres journalistes, une Française et une Américaine, ont été agressées sexuellement, en février dernier et la semaine dernière, sur la place Tahrir, lors des manifestations.

 

Mona el-Tahawy, Caroline Sinz et Lara Logan, trois journalistes

victimes d'agressions sexuelles au Caire.  

 

Selon une étude réalisée en 2008 par une ONG locale, le Centre égyptien pour les droits de la femme (ECWR), plus de 80% des Egyptiennes ont été victimes de harcèlement sexuel (remarques obscènes, attouchements, exhibitionnisme...), dont près de la moitié au quotidien. Frustration sexuelle, mariage tardif et difficile car cher, relations sexuelles hors mariage taboues, vision conservatrice et réductrice de la femme... se conjuguent pour expliquer ce phénomène, selon des experts.

 

Plusieurs organisations internationales des droits de l’Homme craignent que les attitudes discriminatoires et patriarcales à l'égard des femmes en Égypte ne fassent obstacle à la pleine participation de ces dernières au processus de réforme. "Bien que les femmes aient été en première ligne des actions de protestation de masse ayant mené à la démission du président Hosni Moubarak, pas une seule n'a été choisie pour faire partie de la commission pour la réforme constitutionnelle, et elles ne sont guère représentées au sein du nouveau gouvernement, souligne Amnesty. Le gouvernement égyptien doit faire respecter les droits de toutes les femmes de la nation qui œuvrent en faveur des libertés dans le pays, en particulier celles qui luttent pour l'égalité des genres et les droits des femmes".

 

Samira Ibrahim, 25 ans, n’oubliera probablement jamais cette date.
Le 9 mars 2011, moins d’un mois après la chute de Hosni Moubarak, elle et 17 autres femmes sont arrêtées par l’armée égyptienne alors qu'elles manifestent place Tahrir, au Caire. Quelques heures après leur arrestation, ces femmes sont battues, électrocutées et forcées à se déshabiller tandis que des...

commentaires (2)

Que quoi?Celles qui posent nues font CE QU'ELLES VEULENT Mettre sur le même plan poser nue et viols et soumission,c'est un peu fort le café quand même...quant à la virginité(!!!!!!!) des filles ,elle ne concerne qu'elles.Point barre....Vous voulez qu'on parle des cliniques de rafistolage prénuptial???Pour que le crétin de "mâle" ait la satisfaction d'être le premier...!çà suffit toutes ces conneries!et toute l'hypocrisie qui va avec...!

GEDEON Christian

08 h 04, le 30 novembre 2011

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Commentaires (2)

  • Que quoi?Celles qui posent nues font CE QU'ELLES VEULENT Mettre sur le même plan poser nue et viols et soumission,c'est un peu fort le café quand même...quant à la virginité(!!!!!!!) des filles ,elle ne concerne qu'elles.Point barre....Vous voulez qu'on parle des cliniques de rafistolage prénuptial???Pour que le crétin de "mâle" ait la satisfaction d'être le premier...!çà suffit toutes ces conneries!et toute l'hypocrisie qui va avec...!

    GEDEON Christian

    08 h 04, le 30 novembre 2011

  • Entre tests de virginité, viols soumissions et des filles qui posent nues sur face book , la femme égyptienne se porte mal avec l'inégalité des sexessans oublier surtout que la religion musulmane donne tout le pouvoir à l'homme. Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    06 h 50, le 30 novembre 2011

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