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Économie - Dette

L’Allemagne attend que les choses empirent pour bouger sur le rôle de la BCE

Berlin a été à son tour victime hier de la crise.
L’Allemagne pourrait fléchir dans son opposition à une intervention massive de la Banque centrale européenne (BCE) si la crise empirait et sous condition d’un strict renforcement de la discipline budgétaire en zone euro, estiment des économistes.
« Malheureusement, on est dans cette situation paradoxale où l’on en vient à fonder tous nos espoirs sur une nouvelle catastrophe pour que Berlin bouge enfin », résume Christian Schulz, économiste de Berenberg Bank. Pour le moment, en effet, et alors que la crise embrase pourtant de plus en plus de pays en zone euro, l’Allemagne fait la sourde oreille aux appels lancés par les investisseurs et ses partenaires à ouvrir les vannes de la BCE. Berlin ne veut pas en entendre parler, arguant que le seul rôle de la BCE est de garantir la stabilité des prix. « C’est son mandat, elle l’exerce (...), et l’Europe (...) n’a pas le droit de changer quoi que ce soit à ce mandat », a répété la chancelière Angela Merkel hier devant les députés du Bundestag.
Elle est de plus en plus seule à défendre cette position. Même la Finlande, alliée traditionnelle de l’Allemagne dans la défense de l’orthodoxie budgétaire, a pris ses distances, la ministre des Finances de ce pays déclarant qu’il fallait « réfléchir au rôle de la BCE » face à l’embrasement de la zone euro.
Vues de Berlin, l’Italie et l’Espagne, qui font pourtant face à des taux en hausse constante de l’emprunt, ne sont pas encore coupées du marché. « Je suis persuadé qu’ils n’ont pas besoin d’aide extérieure », a assuré mardi le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, adversaire résolu à l’intervention de la BCE. Mais les observateurs sont persuadés du contraire. « Mon scénario est le suivant : lorsque l’Espagne ou l’Italie verront se fermer leur accès au marché financier, c’est-à-dire qu’ils devront renoncer à une émission de dette faute de répondant, Berlin devra bouger », détaille M. Schulz, qui retient comme horizon le mois de janvier « car d’ici là il n’y aura pas de grosses émissions de dette » « dans les pays de la » périphérie ».
Signalons que l’Allemagne a la hantise du « free lunch » (déjeuner gratuit) : devoir fournir, en tant que première économie européenne et plus gros contributeur au budget de la BCE, une aide illimitée à des pays qui ont à ses yeux échoué à se réformer à temps, explique Alexander Krüger, économiste en chef de Bankhaus Lampe. La condition sine qua non à un infléchissement de la position allemande serait donc « des contreparties de la part des pays aidés » : des engagements de discipline budgétaire, de réformes, mais aussi des garanties, « qu’ils déposent auprès de la BCE des actifs, de l’or par exemple ». Mme Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble veulent une modification des traités européens, pour y graver une discipline budgétaire plus contraignante. C’est « une condition essentielle pour qu’il y ait le moindre mouvement » de leur part, analyse M. Krüger.
Mais les idées allemandes ont pour le moment été accueillies avec peu d’appétit par les autres Européens. Quoi qu’il en soit, la chancelière s’est tellement « enferrée » dans son opposition aux appels lancés par ses partenaires qu’elle aura le plus grand mal à changer son fusil d’épaule, juge M. Schulz.
À moins que le danger ne la menace directement. Et hier, le placement difficile d’une émission obligataire lui a causé des frayeurs : l’Allemagne n’a réussi à placer sur le marché que 60 % d’une obligation Bund à dix ans, un résultat que l’Autrichien Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a interprété comme un « signal d’alarme ». « Les investisseurs étrangers perdent peu à peu confiance dans la zone euro dans son ensemble, et cela vaut aussi (...) pour les obligations allemandes », selon Viola Stork de la banque Helaba. Berlin a certes son déficit sous contrôle – il devrait tomber à 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) cette année – mais sa dette de plus de 2 000 milliards d’euros et plus de 80 % du PIB n’en fait pas un modèle de vertu non plus.
           (Source : AFP)
L’Allemagne pourrait fléchir dans son opposition à une intervention massive de la Banque centrale européenne (BCE) si la crise empirait et sous condition d’un strict renforcement de la discipline budgétaire en zone euro, estiment des économistes.« Malheureusement, on est dans cette situation paradoxale où l’on en vient à fonder tous nos espoirs sur une nouvelle...

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