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À La Une - Concert

Sous les feux de la passion

Cent musiciens de l’OPL à l’Église Saint-Joseph (USJ), placés sous la subtile direction de maestro José Serebrier arrivé en droite ligne de Montevideo, pour célébrer le bicentenaire de l’Uruguay. En soliste, son épouse, la soprano Carole Farley.

Feux de la passion pour un langage universel évoquant émotions, épanouissement, libération et liberté. (Photo Marwan Assaf)

L’Orchestre philharmonique libanais, sous les auspices de l’ambassade de l’Uruguay au Liban, a présenté à ses fidèles mélomanes un concert dédié à la passion en groupant des partitions de tous bords. Des partitions où explosent le sens du religieux, la joie de vivre, la tendresse d’une mère, les roses à l’inspiration ronsardienne, berceuse à la force d’un «lieder», tango en bleu aux rythmes chaloupés et les éclats d’une femme indomptable, Carmen au nom aujourd’hui synonyme de liberté et de rébellion...
Pour cette farandole déliée, sans joug ni contrainte, authentique chant à la vie, des pages de Joseph Haydn, Edouard Grieg, Richard Strauss, José Serebrier et Georges Bizet.
Ouverture avec l’une des cent dix symphonies de Joseph Haydn, la Symphonie n°49 en fa mineur dite la Passion. Quatre mouvements pour traduire tous les élans présumés religieux (pour certains, elle avait pour origine une vocation d’illustration scénique) à cette œuvre d’une architecture fine et marquée par un aspect grave et sombre. Par-delà un adagio solennel et lent aux confins du tragique, un allegro d’une énergie contagieuse, on retient la vivacité en teintes estompées d’un menuet faisant dialoguer, en douceur mais fermeté, hautbois et cors.
Vêtue d’une robe longue noire avec une ceinture en cordelette dorée, jetant un manteau fin trois-quarts rehaussé de broderie dorée sur ses épaules, Carole Farley donne la réplique à l’orchestre en interprétant trois chansons de Grieg. Des roses qui se fanent quand l’amant déserte les lieux, au lamento d’une mère éplorée, en passant par une berceuse douce et pleine d’espoir comme un jour qui se lève, la voix de la cantatrice a des inflexions mesurées et caressantes. Mais elle est de loin plus à l’aise avec le répertoire «straussien» avec ce splendide Morgen (demain) du compositeur de Salomé aux accents hachés, aux modulations étonnamment gutturales et palpitantes.
Salve d’applaudissements et gerbe de fleurs roses à la diva tirant sa révérence avec le sourire.
Sans prendre le temps d’une pause, suit un Tango in Blue (oui tout comme Rhapsody in Blue de Gershwin ) de José Serebrier. Tango porté par un rythme discrètement vibrant, nourri d’une chaleureuse sève latine pour une narration ne manquant ni de sensualité ni de mystère .Et encore moins d’une certaine emphase. Qui a dit que le tango ne peut pas emboîter le pas aux partitions des grands maîtres de la musique classique? Voilà, sans faire tache d’huile, une preuve irréfutable de sa présence partout.
Pour conclure, la lumineuse présence de Carmen de Bizet à travers sa version uniquement «symphonique». Suites telles que conçues par José Serebrier (d’ailleurs, pour l’enregistrement de cette œuvre avec l’orchestre de Barcelone, le maestro a obtenu en 1964 le Latin Grammy pour le meilleur enregistrement de l’année) pour mieux illustrer et souligner la chronologie de l’opéra. Des pages colorées, vives, à l’énergie décapante, entre battements de cœur et odeur du sang, entre charge de cavalerie légère et marche des toréadors, entre ruée des cigarières ébouriffées et habanera annonciatrice des fatalités de l’amour, entre danses effrénées des gitanes et tragique au bout de l’horizon. Éblouissante et somptueuse succession d’images sonores ensoleillées pour un monde dont le vrai prix est la liberté et la libération.
Tonnerre d’applaudissements et gerbe de fleurs au maestro qui la remet en toute gentillesse et humilité à la première violoniste qui, en tout enthousiasme et reconnaissance, tape de l’archet sur le pupitre...
L’Orchestre philharmonique libanais, sous les auspices de l’ambassade de l’Uruguay au Liban, a présenté à ses fidèles mélomanes un concert dédié à la passion en groupant des partitions de tous bords. Des partitions où explosent le sens du religieux, la joie de vivre, la tendresse d’une mère, les roses à l’inspiration ronsardienne, berceuse à la force d’un...

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