Lors d’un récent tournoi dans la capitale chinoise, des dizaines d’hommes, pour la plupart d’âge mûr et fumant beaucoup, se bousculaient autour de tables en plastique pour observer une compétition dont le premier prix était doté de l’équivalent de 220 euros. Les meilleurs combattants – toujours des mâles – sont originaires de la province orientale du Shandong, qui a la réputation d’avoir les plus gros spécimens. Les amateurs les plus zélés passent plusieurs heures par jour à donner à manger et à boire à leurs insectes chantants, certains propriétaires les emmenant même dans leur chambre à coucher afin de pouvoir mieux les observer la nuit. L’octogénaire Yang Yupeng affirme que les insectes contribuent à le maintenir en bonne forme physique et mentale. « Plus je les observe, plus je suis heureux », assure M. Yang, qui porte un costume Mao gris. « Jouer avec des criquets peut transformer votre humeur – cela vous calme, vous rend heureux et résout vos problèmes. » « Je joue avec des criquets depuis que je suis tout petit », dit aussi Yu Xin qui, à 30 ans, est l’un des plus jeunes participants au tournoi de Pékin. « Je travaille maintenant dans un bureau avec des ordinateurs, alors jouer avec des criquets me rapproche de la nature », explique M. Yu.
Avant un tournoi, chaque criquet doit être pesé sur une petite balance. Les propriétaires les extraient avec précaution de petits pots en argile à l’aide de boules en bois, avant de les glisser sur une coupelle en plastique ou une rondelle métallique récupérée sur une canette de bière, posée sur la balance. Une fois leur poids enregistré, les insectes retournent dans leurs pots en attendant le combat. Dans les secondes qui précèdent le pugilat, les propriétaires excitent les combattants en leur passant un long brin d’herbe séchée sur le dos, la tête et les antennes. Le combat ne dure environ qu’une minute. Un criquet qui prend la fuite devant son adversaire a quelques secondes pour retourner à l’assaut. Faute de quoi, l’autre animal est déclaré vainqueur et se prépare au tour suivant. Durant leur vie qui ne dure qu’une centaine de jours, les criquets sont nourris de soja, de carottes et de maïs. Certains ajoutent à cette diète des médicaments chinois traditionnels censés améliorer leurs performances sur le ring.
(Source : AFP)
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