Prenant les pinceaux en 1980, il va se consacrer totalement à la peinture et exposera régulièrement dans le monde entier, en particulier à la galerie Épreuve d’artiste en 1984, 87, 88, 92 et 94. C’est donc une fois de plus qu’Amale Traboulsi, curatrice de cette exposition, va choisir une série d’œuvres de la collection de la famille Aractingi (à l’exception de Peeping Tom et la Belle au bois dormant et La Vie en rose qui appartiennent à la collection privée de Raymond Audi) pour lui rendre cet hommage posthume.
À un siècle devenu terne, Aractingi le coloriste a su le teinter de couleurs franches, fortes, mais néanmoins harmonieuses sans dissonance aucune.
À un siècle où les collets montés et le sérieux sont de rigueur, Aractingi aux mille facéties a su le saupoudrer de ce piment de fantaisie. Son humour qui transparaît sur les toiles dévoile un homme qui s’amusait à représenter Antar et Abla jouant à Adam et Ève, ou la triste fin du corbeau et du renard devenus respectivement chapeau à plumes et étole ornant la tête et le cou d’une femme de monde.
Dans un siècle où règne le tridimensionnel, la technique en à-plat de Willy Aractingi a suffi à peupler l’espace de la toile de végétations luxuriantes, de dessins géométriques à la composition sobre et raffinée, d’animaux des fables et de fabuleux personnages prêts à surgir du cadre.
Dans un monde devenu désormais renfermé dans une religion unique ou des croyances étriquées, le poète fait cohabiter les coupoles d’églises et les minarets de mosquées, les palmiers et les arbres boules qui changent de couleur, selon.
Dans un univers de formatage et de «copier-coller», l’imaginaire de Willy Aractingi crée dans chaque toile un univers différent.
Unique.
Enfin, dans un monde sombre et lugubre, la lumière des œuvres de ce peintre autodidacte – rendue encore plus brillante par le glacis – semble jaillir de la toile pour éclairer ce qui l’entoure. L’artiste, si familier avec le monde animalier, devient à son tour luciole.
«Je suis né bourgeois. Très bourgeois, et il m’a fallu cinquante ans pour me libérer et devenir marginal», avait dit un jour l’artiste. En constante quête de lumière, Willy Aractingi l’avait enfin trouvée dans la couleur. Sa palette à lui.
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