Le fondateur du mouvement islamiste, durement réprimé sous le régime de Ben Ali, a rappelé que son parti était « en tête » de tous les sondages. Surtout, le leader d’Ennahda a haussé le ton alors que plusieurs partis progressistes ont entamé des pourparlers en vue d’une coalition pour faire barrage aux islamistes au sein de la future assemblée. « Nous sommes prêts à diriger un gouvernement d’union nationale si le peuple tunisien nous accorde sa confiance », a de plus répété hier M. Ghannouchi, qui plaide pour l’instauration d’un régime parlementaire.
Deux grands partis du centre-gauche, le Parti démocrate progressiste (PDP) et Ettakatol, ont immédiatement réagi, appelant au respect des règles démocratiques et renouvelant leur confiance dans la commission électorale. « Ça n’a aucun sens. Il faut accepter la règle de la majorité. La meilleure solution serait de parvenir à un accord par consensus (pour former le prochain gouvernement), mais en tout état de cause, ce sont les règles démocratiques qui doivent s’appliquer », a réagi Moustapha Ben Jaafar, président d’Ettakatol. « Nous serons aussi vigilants qu’eux sur toute forme de manipulation des résultats, mais je crois qu’aujourd’hui, il faut lancer un signal d’apaisement. Nous avons toute confiance en l’ISIE (commission électorale) », a-t-il ajouté.
De son côté, le PDP a appelé à « ne pas jouer sur les peurs ». Sami Ghorbal, conseiller du chef du PDP Ahmad Néjib Chebbi, a également déclaré que « le grand rendez-vous du 23 octobre demande un minimum de sérénité et en particulier de la part du parti qui se dit favori du scrutin. S’il a des griefs à formuler (à l’ISIE), qu’il les présente clairement. Et si de petites formations ont la majorité au sein d’une coalition, c’est le jeu démocratique ».
Ennahda avait jusqu’à présent cherché à rassurer : il s’est réclamé du modèle de l’AKP turc, a affirmé qu’il ne voulait pas imposer la charia (loi coranique) et qu’il ne remettrait pas en cause le statut de la femme tunisienne, le plus avancé du monde arabe. Il a aussi tenté de se démarquer des salafistes, groupe minoritaire mais bruyant, qui a récemment fait descendre dans la rue des milliers de manifestants.
Pour sa part, le pôle moderniste peine à se rassembler. En dépit des convergences de leurs programmes (régime semi-présidentiel avec un Parlement fort et défense des libertés), les grandes formations progressistes n’ont encore formalisé aucun accord. Moustapha Ben Jaafar, qui défend depuis longtemps l’idée d’un gouvernement de coalition pour éviter les écueils d’une « dangereuse division » du pays, a encore démenti dimanche toute alliance avec Ennahda. Le Pôle démocrate moderniste, qui regroupe cinq formations de gauche, a affirmé hier qu’aucun accord n’interviendrait avant le scrutin et que des alliances se feraient « naturellement dans la future constituante à l’exclusion des forces qui ne respectent pas la séparation entre politique et religion, et des RCDistes » (du RCD, ancien parti de Ben Ali).
(Source : AFP)
commentaires (4)
Christian a tout a fait raison et cela non pas en terme vestimentaire mais légal. La question qui reste est la laisseront il ainsi?
Pierre Hadjigeorgiou
09 h 19, le 20 octobre 2011