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Économie - Opinion

Salaires : un compromis bancal

La hausse des salaires décidée par le gouvernement a fait beaucoup de mécontents, à l’exception probable des principaux intéressés, à savoir les employés dont le salaire est inférieur à 1,8 million de livres libanaises. Le souci d’éviter tout risque de dérapage sécuritaire inhérent aux manifestations organisées à l’occasion d’une grève générale semble avoir été la motivation principale de cette mesure bancale. Il est vrai que la situation régionale et les tensions qu’elle crée au Liban ne doivent pas être prises à la légère, et il est impossible de juger excessive, de façon catégorique, la prudence dont a voulu faire preuve le Premier ministre Nagib Mikati. Cependant, une chose est certaine : le relèvement des salaires est une décision dont les conséquences économiques et sociales sont trop complexes pour se permettre d’agir à la hâte. Je comprends la déception de catégories entières d’employés, notamment les cadres, qui jugent insuffisant le relèvement des salaires. Je comprends aussi, plus particulièrement, les inquiétudes du patronat qui traverse une conjoncture assez difficile et est en toute bonne foi souvent dans l’incapacité de procéder aux augmentations décrétées par l’État. Le risque de rester dans un cercle vicieux d’inflation et de croissance molle est donc grand.
Pour l’éviter donc, le seul moyen est de bâtir un plan économique global qui prenne en considération les intérêts des salariés, ceux du patronat et ceux de l’économie dans son ensemble.
Les propositions qui ont émané de la commission de l’indice des prix méritent en ce sens réflexion : compenser pour l’employeur l’augmentation des salaires par une réduction des cotisations sociales et financer une assurance-maladie, rendue universelle, par l’impôt, au lieu d’en faire peser la charge exclusivement sur le travail. Ce n’est en effet pas logique de faire peser sur le travail (et donc la production) le coût de la couverture médicale alors que notre appareil productif a besoin d’être encouragé.
Mais s’ils sont aisés sur le papier, ces transferts de charges sont plus délicats à opérer en réalité. D’une part, l’augmentation des salaires est supérieure à l’allègement des cotisations sociales, donc l’impact en termes de coût reste important pour les entreprises. D’autre part, à supposer que l’État parvienne à financer la couverture maladie universelle, peut-on vraiment envisager une telle réforme sans s’attaquer au préalable à celle du fonctionnement de la CNSS ?
Pour avancer dans la bonne direction, je crois qu’il faut éviter deux écueils. Le premier est de considérer comme une solution le compromis de dernière minute sur les salaires au risque d’ajourner la réflexion sur la modernisation de notre économie, et l’amélioration des conditions salariales et sociales des employés. Le second est la tentation d’aller trop vite et trop loin, car le pays est dans une situation économique très précaire et les changements doivent se faire dans la douceur.

*député de Tripoli.
La hausse des salaires décidée par le gouvernement a fait beaucoup de mécontents, à l’exception probable des principaux intéressés, à savoir les employés dont le salaire est inférieur à 1,8 million de livres libanaises. Le souci d’éviter tout risque de dérapage sécuritaire inhérent aux manifestations organisées à l’occasion d’une grève générale semble avoir été la...

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