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La société saoudienne est aujourd’hui plus ouverte à de nouvelles réformes - Rapport

Craintes pour le sort des femmes afghanes après le futur retrait occidental

Lorsqu’ils étaient au pouvoir, les talibans avaient interdit la scolarisation des filles et imposé la burqa.

Dix ans après le départ des talibans du pouvoir, les Afghanes continuent de porter la burqa. Adek Berry/AFP

Deux ONG internationales se sont inquiétées la semaine dernière du sort des femmes afghanes après le départ programmé des Occidentaux, craignant qu’un retour des talibans ne vienne effacer les progrès accomplis depuis dix ans, dans un pays où elles restent victimes de nombreuses violences.
Dix ans après l’arrivée des Occidentaux dans le pays, « les droits des femmes ont progressé dans des domaines tels que la participation à la vie politique, la vie courante et l’éducation, mais ces avancées obtenues dans la douleur restent fragiles », souligne Oxfam dans un nouveau rapport sur le sujet. Selon une autre ONG, ActionAid, basée à Johannesburg, 72 % des Afghanes estiment leur vie meilleure aujourd’hui qu’il y a dix ans, à la fin du régime des talibans, d’après un sondage effectué auprès de 1 000 d’entre elles.
Rappelons que lorsqu’ils étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001, les talibans avaient interdit la scolarisation des filles, et imposé la burqa aux femmes hors de leur domicile. Ces discriminations, déjà officieusement pratiquées dans les années 1990 par certains groupes moujahidine au pouvoir, avaient contribué à mettre le régime taliban au ban de la communauté internationale.
L’histoire de Roya Shams, illustre bien cette crainte. À tout juste 17 ans, Roya ne sort plus de sa maison de Kandahar, de peur d’être tuée par les talibans, de plus en plus visibles aujourd’hui. « Si je sors ils me tueront, car pour eux je suis un problème », raconte-t-elle. Jeune, éduquée et parlant bien l’anglais, Roya vit comme des centaines de milliers d’Afghanes dans la terreur du retour des fondamentalistes. Car les talibans sont aujourd’hui de retour dans une grande partie du pays, et ce sont eux qui ont tué son père policier en juillet dernier. Ils ne se sont pas arrêtés là, envoyant à sa famille des lettres de menaces exigeant que la jeune fille abandonne ses études et son emploi de professeur d’anglais. Mais elle a décidé de résister, affirmant qu’elle sera « heureuse de sacrifier ma vie pour mon pays » s’il le faut.
Notons qu’après avoir chassé les talibans du pouvoir à la fin 2001, la coalition emmenée par les États-Unis avait fait de l’amélioration de la condition féminine l’une de ses priorités. Aujourd’hui, d’importants progrès ont été fait, selon Oxfam, qui estime notamment que 2,7 millions d’Afghanes sont aujourd’hui scolarisées, dont 42 % des filles en âge d’aller à l’école primaire. L’Afghanistan est également aujourd’hui l’un des pays qui compte le plus de femmes au Parlement (28 %), même si ce chiffre est dû à l’imposition d’un quota, ajoute l’ONG basée à Londres.
Un fossé s’est toutefois creusé entre des villes qui ont bénéficié de la manne et de la protection occidentale, et des campagnes où les violences contre les femmes atteignent des niveaux inquiétants, selon Oxfam, qui remarque au passage qu’une loi criminalisant les crimes d’honneur ou les mariages d’enfants n’a été appliquée que dans 10 des 34 provinces du pays.
Le niveau des violences contre les femmes reste toutefois préoccupant. 87 % des Afghanes disent ainsi avoir enduré « des violences physiques, sexuelles ou psychologiques ou avoir été obligées de se marier de force », selon Oxfam, qui souligne la persistance des tentatives de suicide de filles qui refusent ces traitements.
Oxfam comme ActionAid craignent surtout un retour en arrière après le retrait programmé des troupes occidentales qui portent à bout de bras le faible gouvernement de Kaboul, prévu pour s’achever fin 2014. Cette perspective fait craindre à nombre d’observateurs un retour rapide au pouvoir des talibans.
De nombreux responsables afghans et occidentaux ont appelé de leurs vœux ces dernières années des négociations de paix avec les rebelles, sans résultat concret à ce jour, une perspective qui effraie les deux ONG. « Il y a un risque que le gouvernement sacrifie les droits des femmes pour pouvoir parvenir à un accord politique avec les talibans », s’alarme Oxfam. Selon ActionAid, 86 % des Afghanes craignent un éventuel retour au pouvoir des talibans, et 37 % prévoient une détérioration de la situation si les forces occidentales quittent le pays. ActionAid appelle le gouvernement et ses alliés occidentaux à faire du respect des droits des femmes un préalable non négociable à toute discussion, en invitant toutes les parties à « s’engager publiquement pour l’égalité hommes-femmes, dont l’accès à l’éducation et à la vie publique ».
« Quelle sera notre vie dans les dix prochaines années ? » s’interroge l’un des auteurs du rapport d’Oxfam, l’Afghane Orzala Ashraf Nemat. « La vie est déjà de plus en plus dure pour les Afghanes. Elles veulent la paix, pas un accord (politique) cousu de fil blanc qui va nous confiner de nouveau à la maison. »
Dans ce contexte, plusieurs femmes politiques afghanes soulignent que nombre de chefs de guerre alliés au président Hamid Karzaï piétinent tout autant les droits des femmes que les talibans. Comme Malalai Joya, ancienne députée, qui fut exclue du Parlement en 2007 pour avoir dit tout haut ce que nombre d’Afghans pensent tout bas en dénonçant la présence sur ses bancs de « loups déguisés en agneaux ».
Mme Joya, 33 ans, a déjà survécu à cinq tentatives d’assassinat. Elle ne se déplace plus sans gardes armés et change souvent de toit, alternant entre différentes résidences ultrasécurisées.

            (Source : AFP)
Deux ONG internationales se sont inquiétées la semaine dernière du sort des femmes afghanes après le départ programmé des Occidentaux, craignant qu’un retour des talibans ne vienne effacer les progrès accomplis depuis dix ans, dans un pays où elles restent victimes de nombreuses violences.Dix ans après l’arrivée des Occidentaux dans le pays, « les droits des femmes ont progressé...