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Lifestyle - Inde

Des fatwas sur le terrorisme... et l’épilation intégrale

Des centaines de questions sur tous les aspects de la vie sociale et religieuse sont envoyées à Deoband.

Fondée voilà 150 ans, l’école Deoband a formé des milliers d’imams. Sajjad Hussain/AFP

« Les femmes ont-elles le droit à l’épilation intégrale?» Peu théologique, c’est pourtant une question parmi d’autres qu’étudie le « bureau des fatwas » de Darululoom Deoband, célèbre berceau de la pensée islamique conservatrice, dans le nord de l’Inde.
Des centaines de questions sur tous les aspects de la vie sociale et religieuse sont envoyées à l’école chaque semaine et dûment notées dans un registre en cuir vert par Habibur Rahman, un étudiant de 21 ans. Les réponses aux requêtes sont bien loin de la perception occidentale de la fatwa, qui fait surtout référence à celle lancée en 1989 par l’ayatollah Khomeyni réclamant l’exécution de l’écrivain Salman Rushdie pour son roman jugé blasphématoire envers l’islam, Les versets sataniques. Mais elles n’en sont pas moins importantes. « Dans le monde théologique, nos fatwas sont équivalentes au verdict d’une cour constitutionnelle de n’importe quel tribunal de n’importe quel pays », assure Habibur, qui passe le plus clair de son temps à traduire en arabe ou ourdou les demandes rédigées en anglais ou hindi et qui viennent du monde entier.
Fondée voici 150 ans dans la ville du même nom, l’école Deoband a formé des milliers d’imams qui ont ensuite répandu la vision conservatrice de l’« islam Deobandi » en Asie du Sud, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Chacun de ses arrêts a par conséquence un considérable écho au sein de nombreuses communautés sunnites dans le monde.
C’est aussi une madrassa fréquentée par 6 000 étudiants qui sont tenus éloignés de la vie moderne et sont encouragés à ne rien lire d’autre que les textes religieux.
En 2008, le Darululoom (séminaire) a attiré l’attention de l’étranger en publiant une fatwa dénonçant le terrorisme comme un péché contre l’islam. Mais la plupart du travail du département des fatwas de l’école consiste à se pencher sur des sujets moins sensibles, comme les problèmes conjugaux, les disputes foncières et les règles éthiques en matière de commerce.
Chaque question est étudiée par trois universitaires et la plupart des réponses sont postées sur le site Internet de l’école.
Les membres du clergé à Deoband soulignent que leurs fatwas sont rédigées comme des principes de conduite religieuse et ne doivent pas être appliquées de façon coercitive. « Notre intention n’est pas d’imposer, dit le porte-parole de l’école, Adeel Siddiqui. Nous suggérons, apportons des solutions et demandons aux gens de suivre nos principes. »
Mais les critiques mettent en doute la sincérité de ce genre d’explications et estiment qu’elles cachent en fait une volonté de répression, en particulier lorsqu’il s’agit des femmes. De précédentes fatwas ont par exemple tenté d’empêcher les femmes de porter des jeans ou d’adresser la parole à des hommes sur leur lieu de travail. « Ces religieux s’assoient dans une petite pièce, loin de la réalité de la vie et choisissent d’imposer leur volonté aux femmes », dénonce Saziya Sheikh, un enseignant musulman dans une école publique de la ville.
En janvier cette année, l’école a nommé un recteur réformiste, Maulana Gulam Mohammad Vastanvi, dont l’objectif affiché était d’amener plus de transparence à l’institution, ironiquement baptisée par les médias « l’usine à fatwas ». Il voulait aussi améliorer les conditions de vie spartiates des étudiants et introduire des cours d’ingénierie. Las, sa volonté de modernisation s’est heurtée au mécontentement des puissants idéologues du conseil d’administration et il a dû quitter son poste au bout de six mois.
Habibur Rahman continue donc de traduire les questions, comme le faisaient avant lui ses prédécesseurs, avant de les soumettre au clergé. À la question sur l’épilation intégrale, les idéologues ont répondu : « Oui, une femme peut s’épiler tout le corps et peut recevoir l’aide d’autres femmes, mais les autres femmes ne devront pas la toucher du nombril aux genoux. »
(Source : AFP)
« Les femmes ont-elles le droit à l’épilation intégrale?» Peu théologique, c’est pourtant une question parmi d’autres qu’étudie le « bureau des fatwas » de Darululoom Deoband, célèbre berceau de la pensée islamique conservatrice, dans le nord de l’Inde.Des centaines de questions sur tous les aspects de la vie sociale et religieuse sont envoyées à l’école...

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