L’un des manifestants décédés vus par le journaliste de l’AFP avait le visage écrasé au point d’être méconnaissable. Le chaos régnait dans l’hôpital copte où les familles hurlaient leur colère. « Un véhicule de l’armée a roulé sur cinq manifestants », a indiqué le père Daoud, un prêtre copte. « Voici son cerveau », a-t-il ajouté en parlant du manifestant au visage défoncé, en montrant de la matière blanche dans un sac en plastique.
Des blessures par balles étaient également visibles sur certaines des dépouilles.
Les raisons qui ont fait dégénérer en fin de journée ce qui avait commencé comme une marche pacifique de milliers de coptes du quartier de Choubra vers Maspero, où se trouve la télévision publique dans le centre du Caire, restent confuses. La télévision d’État a indiqué que les protestataires avaient lancé des pierres sur les forces de l’ordre et, citant des témoins, que les manifestants coptes étaient armés. Les polices antiémeute et militaire ont tiré des coups de feu en l’air et des bombes lacrymogènes pour les disperser. La chaîne publique a cité des soldats blessés assurant ne pas disposer de balles réelles.
Mais sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, beaucoup parlent de l’intervention de « voyous » venus perturber le rassemblement. Nombreux sont aussi ceux qui accusent les médias officiels, en premier lieu la télévision publique, de tenir un discours antichrétien.
« Mon collègue est mort à mes côtés. Ils nous ont tiré dessus (...). Chrétiens fils de chiens », a dit l’un des membres des forces de l’ordre blessés, filmé par la télévision publique.
De Choubra à Maspero, les manifestants, dont certains brandissaient des croix, avaient scandé « À bas le maréchal » Hussein Tantaoui, qui dirige le pays depuis la démission sous la pression de la rue du président Hosni Moubarak en février. Ils ont brièvement essuyé des jets de pierres sur le chemin.
Le Premier ministre Essam Charaf a immédiatement appelé chrétiens et musulmans de son pays à ne pas céder aux « appels à la sédition ». « Ce qui se passe, ce ne sont pas des affrontements entre musulmans et chrétiens, ce sont des tentatives de provoquer le chaos et la sédition, ce qui n’est pas convenable pour les enfants de la patrie qui étaient et resteront une seule main contre les forces du vandalisme (...) et de l’extrémisme », a-t-il écrit sur sa page officielle sur Facebook. « Je m’adresse à tous les enfants de la patrie qui veillent à son avenir, pour qu’ils ne cèdent pas aux appels à la sédition car c’est un feu qui brûle tout le monde et ne fait pas de différence entre nous », a-t-il ajouté.
M. Charaf s’est entretenu avec des dirigeants de la police, de l’armée et de l’Église copte pour tenter de contenir la situation au plus vite, a indiqué l’agence officielle MENA.
Rappelons que des centaines de coptes avaient déjà manifesté mardi pour protester contre l’incendie d’une église, dans le gouvernorat d’Assouan, et réclamer le limogeage du gouverneur.
(Source : agences)
commentaires (6)
On juge Moubarak pour des prétendus ordres donnés pour tuer afin de mâter la rébellion. Rien qu'à entendre les commentaires des responsables Egyptiens aujourd'hui, ce sont les Coptes qui seront jugés, cette fois-ci, pour tueries ( pas ceux qui ont brûlé les églises ). L'histoire du noir d'Afrique de l'Apartheid que nous a racontée Christian, vient tout à point. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
11 h 30, le 10 octobre 2011