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Culture - Double exposition

Deux musées pour une grand-messe warholienne

Qu’y a-t-il de commun entre « Les manchettes de journaux » et «Les ombres»? Il y a le grand Andy Warhol qui s’expose simultanément sous ces deux thèmes dans deux des plus grands musées américains.

Andy Warhol : le miroir de son temps.

Le pape du pop continue, post mortem, à être célébré par de grands-messes. Aujourd’hui, il faut courir d’un musée à l’autre pour revisiter les nombreuses facettes de son talent qui a reflété le XXe siècle et qui l’a si fortement marqué. La National Gallery of Art révèle son obsession pour le visage à sensation des médias contemporains, à travers 80 œuvres (dessins, peintures, gravures, photographies, sculptures, films et vidéos) illustrant le thème «Warhol: Manchettes». Est également exposé le matériel ayant servi de source à l’artiste pour mieux montrer comment il découpait, altérait, fonçait, éclaircissait et réorientait les images et les textes originaux, soulignant son rôle comme éditeur et auteur.
Andy Warhol (né en 1928 en Pennsylvanie et décédé à New York en 1987) était un brillant stratège de l’analyse de son époque. Un monde qu’il semblait prédire et forger à travers des jeux de représentation de son cru, devenu le warholisme. Il voulait apparaître naïf, superficiel et cynique, alors qu’il allait au fond des choses. En reproduisant la première page d’un journal italien titrant « Fate presto » (faites vite), à propos des victimes d’un tremblement de terre, Warhol met sa propre touche d’urgence par certains agrandissements coup de poing. Ailleurs, il reprend, sur un ton badin cette fois, l’annonce de la naissance du fils de la princesse Margaret d’Angleterre. Et quand Madonna déclare en 1985, au New York Post, «I am not ashamed » (ou «Je n’ai pas honte», pour avoir posé nue), lui s’immisce dans cette même couverture, manière de dire «je n’ai pas honte d’avoir popularisé la culture.
La politique ne lui échappe pas non plus : après l’assassinat du président J.F. Kennedy qui l’horrifie, il reproduit une publicité vantant le prix d’un fusil italien (12,78 $). De la « une » du New York Post, en date du 24 octobre 1983, relatant l’attaque contre le baraquement des marines US à Beyrouth, il tire une sculpture de la forme d’une page de journal chiffonnée, avec la manchette bien en vue: «Cela peut-il se répéter?»

Un jeu intellectuel élaboré
Warhol a littéralement repoussé les frontières entre les beaux-arts et la culture populaire. Témoin, son œuvre monumentale intitulée Ombres, composée de 102 panneaux qui constituent une exposition du même nom qui se tient au musée des sculptures, le «Hirshhorn». Ces écrans, peints à la main, créent un spectaculaire panorama car ils font, sans interruption, le tour d’une grande partie des galeries du musée (150 mètres de long). Et c’est la première fois que cette installation est montée dans sa totalité. Ces toiles qui se succèdent sont toutes les possibilités picturales nées d’une seule idée, creusée à fond et en même temps exaltée, dans son interprétation abstraite et chromatique.
La simultanéité de ces deux expositions dit une manière de faire, jamais défaillante, et la persistance des visions de Warhol, impressionnantes de clarté. Il avait l’habitude de dire: «Les gens disent que je suis un miroir et si un miroir se regarde dans un miroir, qui y a-t-il à voir là? C’est lui, dans son style ironique mais aussi remarquablement astucieux, sachant fort bien que son art était basé sur un jeu intellectuel élaboré, auquel il voulait néanmoins dénier son esthétique.
Le pape du pop continue, post mortem, à être célébré par de grands-messes. Aujourd’hui, il faut courir d’un musée à l’autre pour revisiter les nombreuses facettes de son talent qui a reflété le XXe siècle et qui l’a si fortement marqué. La National Gallery of Art révèle son obsession pour le visage à sensation des médias contemporains, à travers 80 œuvres...

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