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Moyen Orient et Monde - Le billet

Le réchauffement climatique sonnera le glas du chocolat

C’est une question de sémantique. En matière de réchauffement climatique, les scientifiques tirent-ils encore la sonnette d’alarme ou se contentent-ils, en y mettant quelques formes, de préparer l’humanité à une apocalypse annoncée. Une apocalypse sur le mode disparition des dinosaures. Avec, dans le rôle des dinosaures : nous.
Mercredi, l’institut indépendant Climate action Tracker indiquait que « la planète est très, très loin » des objectifs fixés par l’ONU pour freiner le changement climatique. Avec pour conséquence à terme un réchauffement supérieur à 3 degrés. À 2 degrés, on est mal, mais on sait encore gérer. À 3 degrés, il faut se préparer, selon l’institut, à « une profonde détérioration des écosystèmes vulnérables d’un bout à l’autre de la planète ». En gros, la cata, la grosse cata, et pour tout le monde.
Mais le plus intéressant n’est pas là. Le plus intéressant est l’inefficacité totale des multiples campagnes de sensibilisation au réchauffement climatique. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir fait dans la variété.
Florilège.

Campagnes de proximité :
À l’échelle d’un pays : « Toi, Autrichien, sais-tu que tes glaciers, là-haut dans ta montagne, sont en train de rétrécir à vue d’œil ? »

À l’échelle d’une région : « Toi, jeune et fier Pyrénéen, sais-tu que tes glaciers, ceux-là mêmes que tu veux faire découvrir à tes enfants, ne seront probablement que de petites patinoires quand tu auras enfin mis le grappin sur une demoiselle qui accepte de t’en faire, des enfants. »

Campagne émotionnelle :
« Oh vous, citoyens du monde au grand cœur, nous vous présentons Knut, ourson blanc et polaire né au zoo de Berlin, rejeté à la naissance par sa mère, pris en charge, la larme à l’œil, par les employés dudit zoo. Nous vous présentons Knut, rencontre improbable de l’homme et de la nature, sous la forme d’un animal certes hypercarnivore, mais blanc et densément poilu, donc mignon. Si Knut était sur la banquise, Knut serait menacé de mort pour cause de rétrécissement de son habitat naturel, la banquise. Oh vous, citoyens du monde qui fondez devant Knut comme une Liverpoolienne des sixties devant Paul McCartney, mobilisez-vous contre le réchauffement climatique.
PS : Vous trouverez de quoi vous mobiliser (tee-shirt Knut, peluche Knut, DVD Knut, parfum Knut) à la boutique du zoo. »
Puis ce fut la première tuile : Knut grandit et devint automatiquement moins mignon. Puis, la deuxième tuile : il mourut. Et la troisième tuile : quelques mois plus tard, un de ses congénères goinfrait un météorologue russe.

Campagne qui fait peur :
« Oh toi, qui prends ton 4x4 pour aller chercher une man’ouché à 500 mètres de chez toi, qui laisse la lumière allumée 24h sur 24, qui n’éteins pas la clim en sortant du boulot... Oui, toi, sache qu’ils arrivent.
Qui ? Les animaux, les bêtes.
Depuis 40 ans, les animaux, (les végétaux aussi, mais ça tu t’en fous), s’éloignent de l’équateur de vingt centimètres en moyenne par heure chaque jour. Pourquoi cette transhumance sans retour ? Réchauffement climatique, mon ami.
Certes, un cacatoès rehausserait ton salon coquille d’œuf. Mais pense insecte. Pense cafard. Pense au cafard que tu as écrasé dans la cuisine la semaine dernière. Tu le vois le cafard ? Alors multiplie sa taille par dix. Puis, applique la même formule aux scolopendres, aux araignées, aux scorpions... »

Peur, émotion, proximité. Les résultats sont là. Nuls.
Reste une arme, ultime arme : la sensibilisation par les papilles et le plaisir. La sensibilisation par le chocolat.

Alors voilà : On l’a dit et répété, à cause du changement climatique, tout un tas d’aliments risquent de disparaître de nos assiettes. Comme la pomme de terre. Donc la frite. C’est ennuyant, mais bon, on peut toujours envisager de faire un trait sur la frite.
La nouveauté, c’est que la frite n’est pas la seule à être menacée par le réchauffement climatique. Le cacao aussi. Donc le chocolat.
Pour les Ivoiriens et les Ghanéens, la menace tient du cataclysme économique, une sorte de fin du monde. Mais ceci, soyons honnêtes, a peu de chance de nous empêcher de dormir la nuit.
Alors parlons pratique, et parlons de nous. Pour nous, ça veut dire qu’au mieux, le prix de la tablette est multiplié par cent. Calculons. Eh oui, ça fait cher le carré.
C’est une question de sémantique. En matière de réchauffement climatique, les scientifiques tirent-ils encore la sonnette d’alarme ou se contentent-ils, en y mettant quelques formes, de préparer l’humanité à une apocalypse annoncée. Une apocalypse sur le mode disparition des dinosaures. Avec, dans le rôle des dinosaures : nous.Mercredi, l’institut indépendant Climate action...
commentaires (2)

Touché Mme Sueur ! L'argent, c'est tout ce qui compte pour nous. La seule menace tangible c'est ne plus en avoir ou avoir à payer plus cher ce qui nous procure du plaisir. Triste mais vrai. Mais il y a des gens qui ont bien saisi le message de votre billet, j'en suis sûre. PS : J'ai raté votre billet la semaine dernière, mais je demanderai à la chaleureuse équipe de l'OLJ comment je peux y accéder !

Ritta Akkari

10 h 53, le 07 octobre 2011

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Commentaires (2)

  • Touché Mme Sueur ! L'argent, c'est tout ce qui compte pour nous. La seule menace tangible c'est ne plus en avoir ou avoir à payer plus cher ce qui nous procure du plaisir. Triste mais vrai. Mais il y a des gens qui ont bien saisi le message de votre billet, j'en suis sûre. PS : J'ai raté votre billet la semaine dernière, mais je demanderai à la chaleureuse équipe de l'OLJ comment je peux y accéder !

    Ritta Akkari

    10 h 53, le 07 octobre 2011

  • Avec l 'apparition de nouvelles maladies qui s'attaquent aux plantations, la Côte d’Ivoire semble la plus menacée par le réchauffement climatique.Et sans pommes de terre et la frite l'homme selon certains psychologues perdrait le sens de l'humour . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 12, le 07 octobre 2011

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