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À La Une - Racisme

Bulgarie: explosion des préjugés anti-Roms en pleine campagne électorale

Les préjugés contre les Roms, largement exploités par les ultranationalistes, se sont aggravés.

Des centaines de militants du parti nationaliste Ataka ont manifesté samedi "contre l'impunité des Roms" près de la présidence de la République. Stoyan Nenov/

A trois semaines des élections présidentielle et municipales du 23 octobre en Bulgarie, des centaines de militants du parti nationaliste Ataka (16 députés) ont manifesté samedi "contre l'impunité des Roms" près de la présidence de la République où se tient une réunion gouvernementale. En même temps, des militants d'une autre formation nationaliste (VMRO) récoltent des signatures pour une pétition contre "la criminalité tzigane".

 

La réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité, présidé par le chef de l’État Gueorgui Parvanov et en présence du Premier ministre Boïko Borissov, survient à la suite de tensions nées entre nationalistes et Roms il y a une dizaine de jours, et vise à prendre afin de ramener le calme dans le pays.

L'étincelle a été allumée le 24 septembre à Katounitsa, village à forte minorité Rom dans le sud, dont la population se dit victime de l'arbitraire d'un patriarche tzigane, Kiril Rachkov, surnommé le "Tsar Kiro". Des parents de Rachkov, roulant dans un minibus, ont tué --avec préméditation, selon la police-- un jeune Bulgare qui aurait été en conflit avec eux. Les protestations des villageois contre "l'impunité de la famille Rachkov" ont enflammé des militants nationalistes qui ont ensuite mis le feu à trois des maisons de Rachkov.

Les médias ont cependant révélé que le "Tsar Kiro", arrêté depuis par la police pour avoir proféré des menaces de mort à l'encontre d'un habitant, en possédait plusieurs autres, bien plus luxueuses, où il recevait installé dans un trône kitsch. Connu dans les années 1990 pour la production illégale d'alcool, Kiril Rachkov serait à la tête de réseaux de pickpockets, de mendiants et de prostituées. Une amende pour insultes est cependant la seule sanction qu'il ait subie depuis la chute du communisme il y a 22 ans.

 

Bien que le Procureur général, Boris Vetchev, eut rappelé qu'il existait d'autres "potentats locaux", pas forcément Roms, des manifestations marquées de slogans nazis anti-Roms et même contre la minorité turque ont eu lieu dans tout le pays. Les manifestants, souvent rassemblés en fonction de mots d'ordre et de consignes diffusés sur le réseau social sur internet Facebook, sont jeunes et parmi eux figurent beaucoup de mineurs.

 

"Pourquoi des manifestants ont tenté de pénétrer dans les ghettos Roms, qu'ont à voir leurs habitants pauvres avec le millionnaire Rachkov?" a demandé Emil Cohen de l'organisation non-gouvernementale (ONG) Tolérance. "La tolérance n'est pas enseignée à l'école, ni dans la famille" et, dans le pays le plus pauvre de l'Union européenne, l'opinion publique "se prête facilement à des manipulations", souligne Krassimir Kanev, de l'ONG des droits de l'Homme Helsinki Committee.

 

Sous le communisme, où le chômage était inconnu, les Roms travaillaient et leurs enfants étaient scolarisés. Mais, depuis la chute de la dictature, en 1989, l’État a mis fin à toute politique d'intégration de cette minorité, estimée à 700 000 personnes (9% de la population). Des générations de Roms sont illettrés et chômeurs. Les programmes internationaux d'aide mis en œuvre depuis 2005 n'ont que peu amélioré leur condition et seulement dans des cas isolés.

 

Entretemps, les préjugés s'aggravaient : selon une étude de 2005, 69% des Bulgares excluent d'avoir des amis Roms, 63% trouvent inacceptable de vivre dans un même quartier, 52% ne veulent pas travailler avec des Roms et 25% dénient le droit à l'existence d'une minorité Rom. Ces préjugés sont largement exploités par les ultranationalistes, notamment le dirigeant d'Ataka, Volen Siderov, candidat à la présidence de la République, qualifiant les Roms de "canailles vivant sur le dos du peuple bulgare".

A trois semaines des élections présidentielle et municipales du 23 octobre en Bulgarie, des centaines de militants du parti nationaliste Ataka (16 députés) ont manifesté samedi "contre l'impunité des Roms" près de la présidence de la République où se tient une réunion gouvernementale. En même temps, des militants d'une autre formation nationaliste (VMRO) récoltent des signatures pour...

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