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Symbolique, la demande d’adhésion palestinienne à l’ONU est une arme à double tranchant

Reconnaissance et droit de retour des réfugiés

La proclamation d’un État palestinien aux frontières de 1967 pose une importante problématique : le droit de retour des réfugiés.
Pour Jihane Sfeir, s’il y a reconnaissance d’un État, les réfugiés palestiniens vont être laissés pour compte comme ils « l’étaient déjà dans les accords d’Oslo. Certains juristes estiment néanmoins que cette reconnaissance pourrait consolider l’État et faire en sorte qu’il reconnaisse au-delà de ses frontières de 1967 tous les ressortissants palestiniens ». De manière plus localisée, au Liban, si jamais l’État palestinien est créé, « les Palestiniens auront le droit à des passeports pour circuler librement. Grâce à ce document, ils pourront résider de manière plus légale sur le territoire libanais en ayant des cartes de résidents qui leur permettraient de travailler, de bénéficier d’une scolarité publique... », ajoute Mme Sfeir.
Alain Dieckhoff rappelle pour sa part que la question du droit de retour des réfugiés est elle-même un élément de blocage central des négociations, même si paradoxalement elle n’a jamais figuré dans les pourparlers officiels jusqu’à présent. « Dans les négociations passées, les Palestiniens n’en ont jamais précisé l’étendue, ils n’ont jamais dit clairement que, dans le cadre d’une solution » à deux États « le droit de retour ne pourra pas s’effectuer par le retour dans les foyers d’origine. Or c’est une question cruciale pour Israël. La solution des deux États suppose pour les Israéliens (ainsi que pour les États-Unis et l’Europe) que, si droit de retour il y a, il ne pourra s’effectuer que dans l’État de Palestine, c’est-à-dire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Quant à savoir ce qu’impliquerait l’émergence d’un État palestinien dans les frontières de 1967 par rapport aux réfugiés, les avis sont partagés. Pour certains, si un État palestinien est admis à l’ONU, il ne représenterait que les Palestiniens présents sur son territoire. Toutefois les choses sont plus complexes : comme d’autres États, rien n’interdirait à un État palestinien de maintenir des liens avec sa diaspora ».
« Ce n’est pas un jeu à somme nulle. Ce n’est pas parce qu’il y aurait reconnaissance d’un État de Palestine dans les frontières de 1967 qu’automatiquement il n’y aurait plus possibilité de faire appliquer ce droit au retour », estime de son côté Didier Billion.
« Le rapport de force est tellement défavorable aux Palestiniens aujourd’hui, que même la proclamation d’un État aux frontières de 1967 n’aurait aucun effet concret sur le terrain », indique pour sa part Rachad Antonius. Toute solution négociée, que ce soit dans le cadre de l’ONU ou pas, va se heurter au problème des réfugiés. « La solution la plus optimiste que j’ai vue dans les discussions des experts sur cette question est qu’Israël pourrait autoriser le retour de quelques dizaines de milliers de personnes, mais jamais plus. Je ne crois pas que le rapport de force actuel permette d’envisager d’autres scénarios », conclut-il.
La proclamation d’un État palestinien aux frontières de 1967 pose une importante problématique : le droit de retour des réfugiés. Pour Jihane Sfeir, s’il y a reconnaissance d’un État, les réfugiés palestiniens vont être laissés pour compte comme ils « l’étaient déjà dans les accords d’Oslo. Certains juristes estiment néanmoins que cette reconnaissance...