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Moyen Orient et Monde - Affaire Karachi

Corruption : l’Élysée contre-attaque et dénonce « calomnie et manipulation »

Bazire inculpé ; la gauche réclame la levée du secret-défense.
Embarrassée par la multiplication des affaires sur le financement politique de la droite, la présidence française a réagi hier, niant fermement tout lien entre Nicolas Sarkozy et une affaire de corruption après l’inculpation de deux de ses amis. À sept mois de l’élection présidentielle, l’Élysée a voulu tuer dans l’œuf un nouveau scandale, dénonçant dans un communiqué « calomnie et manipulation », alors que l’opposition socialiste fustigeait déjà « une inacceptable déliquescence morale du clan au pouvoir ». Selon l’Élysée, M. Sarkozy « n’a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de (la) campagne » électorale en 1995 de l’ex-Premier ministre Édouard Balladur, dont il était le porte-parole. Cette campagne pourrait avoir été financée via un circuit de corruption ayant accompagné un contrat d’armement au Pakistan, selon l’enquête.
Cette mise au point tombe alors que deux proches du chef de l’État viennent d’être mis en examen dans cette affaire. Il s’agit de l’ami intime du président, Nicolas Bazire, 54 ans, qui était le directeur de campagne d’Édouard Balladur lorsque celui-ci avait défié sans succès Jacques Chirac pour la présidentielle de 1995. Il a été inculpé hier. La veille, un ancien conseiller à la communication de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, 60 ans, avait déjà été inculpé.
La justice s’intéresse à un circuit de corruption présumé ayant accompagné la vente de sous-marins au Pakistan et qui étaient fabriqués à Karachi. À des commissions versées à des décideurs, légales à cette époque, se seraient ajoutées des « rétrocommissions » par lesquelles une partie des sommes revenait illégalement en France. Les enquêteurs cherchent à vérifier si le pactole ainsi constitué aurait pu financer la campagne d’Édouard Balladur. Selon le témoignage de la femme de Thierry Gaubert, son mari accompagnait en Suisse un intermédiaire dans des contrats d’armement, pour aller chercher des valises « volumineuses (remplies) de billets ». Et c’est Nicolas Bazire qui récupérait ces « mallettes » en France.

 « Panique à bord »
Ce dossier des rétrocommissions pakistanaises embarrasse d’autant plus que la justice se demande s’il n’est pas à lié à l’attentat de mai 2002 à Karachi, dans lequel 15 personnes, dont 11 Français, ont été tuées. Il s’inscrit en outre dans une succession de stupéfiantes révélations sur le financement occulte de la droite.
Début septembre, c’est l’ancien conseiller de l’ombre de l’Élysée pour les affaires africaines, Robert Bourgi, qui avait brisé un tabou en annonçant avoir transporté des mallettes au profit, cette fois, de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin dans l’autre grande affaire qui éclabousse la droite. L’avocat franco-libanais, qui accuse l’ancien président et son ex-Premier ministre d’avoir reçu près de 20 millions de dollars de chefs d’État africains entre 1997 et 2005, était entendu hier par la police. M. Bourgi affirme aussi n’avoir jamais remis d’argent à Nicolas Sarkozy, une version contredite par un autre conseiller africain dans un livre du journaliste Pierre Péan intitulé La République des mallettes. Enfin, il ne faut pas oublier que la droite doit faire face à la poursuite des investigations judiciaires dans l’affaire Bettencourt. L’ex-comptable de l’héritière des cosmétiques L’Oréal, Liliane Bettencourt, affirme que la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 a été financée par des enveloppes d’argent liquide.
Le pouvoir nie en bloc. Mais la poursuite de ces enquêtes risque de perturber sérieusement le déroulement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Les députés socialistes ont à nouveau demandé hier la levée du secret-défense, qui freine le travail des juges dans l’affaire de Karachi, et réclamé que le président « qui plaidait pour une République irréprochable, explique toutes ces affaires », selon le député PS Pierre Moscovici.  « Ça sent mauvais. Il y a quand même des accusations extrêmement précises », a dit l’ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius sur RMC, avant de noter que « ça se rapproche de ce qu’on appelle dans les journaux “la Sarkozie” ». Martine Aubry, candidate pour la primaire du PS, a estimé que ce dossier était « peut-être l’une des affaires les plus graves de la Ve République ».
Il n’en reste pas moins que des syndicats de magistrats ont accusé hier la présidence française d’avoir violé le secret de l’instruction en indiquant dans un communiqué avoir eu accès au dossier de l’affaire de Karachi. Le nom de M. Sarkozy n’apparaît « dans aucun des éléments du dossier », avait assuré l’Élysée, ce à quoi le président de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire), Christophe Regnard, a répliqué en assénant que « c’est clairement une violation du secret de l’instruction. C’est assez incroyable que l’Élysée reconnaisse aussi benoîtement qu’il a eu accès à des pièces.On sait que les informations remontent. Mais d’habitude cela demeurait caché », a-t-il ajouté, relevant qu’ « objectivement, ça sent la panique à bord ».
Pour l’Élysée, M. Sarkozy est « totalement étranger » à cette affaire, « d’autant plus qu’à l’époque où il était ministre du Budget (1993-95), il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure ». « Il y a manifestement des incursions scandaleuses de l’exécutif, en particulier de l’Élysée, dans le cours de la justice », s’est indigné de son côté Matthieu Bonduelle, secrétaire général du syndicat de la magistrature (gauche).
Une affaire évidemment à suivre.
(Source : agences)
Embarrassée par la multiplication des affaires sur le financement politique de la droite, la présidence française a réagi hier, niant fermement tout lien entre Nicolas Sarkozy et une affaire de corruption après l’inculpation de deux de ses amis. À sept mois de l’élection présidentielle, l’Élysée a voulu tuer dans l’œuf un nouveau scandale, dénonçant dans un communiqué...

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