La couverture de l’ouvrage : une tête plus ou moins bien faite pour un bon leader.
Aujourd’hui, concernant certains maux, le ton est à leurs bienfaits, avec un livre qui vient de sortir aux États-Unis, sous le titre Une folie de choix : révélation des liens entre le leadership et les maladies mentales. Son auteur, Nassir Ghaemi, directeur du programme des troubles de l’humeur à l’hôpital universitaire de Tufts, établit un lien entre certains troubles mentaux et la créativité, généralement apanage des poètes et des artistes plutôt que des politiques. Il explique que « la dépression peut rendre les leaders plus réalistes et plus portés vers l’empathie, et les changements caractériels stimulent leur ingénuité et leur résilience ». En mer calme, il serait bon d’appliquer le slogan « I like Ike » (Eisenhower, échappant à toute anomalie), alors qu’avec un avis de tempête, Lincoln et son esprit lunatique, on tient mieux la mer. L’auteur ajoute : « Pour des défis hors normes, on a besoin de leaders qui sortent de la normalité. » Ces associations, qui, à première vue peuvent laisser sceptique, sont le fruit d’analyses approfondies. Et elles ont été bien reçues par plus d’un spécialiste dans ce domaine. Ainsi, Daniel Dennett, professeur de philosophie à la Tufts University, constate : « Nassir Ghaemi aborde la psycho-histoire comme une investigation scientifique. Ce faisant, il présente une foison d’événements saisissants sur des héros de l’histoire. À travers son concept bien établi, des icônes au grand lustre, tels que Lincoln, Sherman, Churchill, Hitler, Kennedy, ou Nixon, se retrouvent sérieusement resculptées ».
La malédiction Kennedy : génétique
Pour son diagnostic, Nassir Ghaemi a utilisé les quatre outils suivants : les symptômes, la génétique, le cours de la maladie et les traitements. Il voit en Gandhi une personnalité dysthymique. Son anxiété et sa légère dépression chronique seraient la cause de sa pratique de la non-violence. Churchill est un autre cas. Son alcoolisme et son bipolarisme lui ont permis de jouer d’alternatives et d’adaptations selon les circonstances. Il a pu mieux percevoir Hitler que son prédécesseur, Chamberlain (qui était, lui, on ne peut plus sain d’esprit). À ceux qui évoquent l’ « hypersexualité » de John F. Kennedy, l’auteur répond : « Le caractère effréné déployé par le 35e président américain – ajouté aux accidents d’avion, de ski et d’overdose de ses proches – est une caractéristique familiale. Il n’y a pas de “malédiction Kennedy” . Elle relève du gène Kennedy, de l’hyperthymie qui est à la fois une bénédiction et une malédiction. » Dans ce contexte, le 35e président des États-Unis a mal utilisé les stéroïdes et les amphétamines jusqu’à ce qu’un médecin de la Maison-Blanche réglemente sa médication.
Du côté de l’examen de Hitler, on retrouve le constat suivant : « Jusqu’en 1937, son désordre bipolaire modéré avait influencé au mieux sa carrière politique, stimulant son charisme, sa résilience et sa créativité politique. Plus tard, son médecin lui avait fait des injections d’amphétamine, provoquant chez lui la performance destructrice qu’on lui connaît. » Date à laquelle il aurait mieux évalué l’embourbement US au Vietnam.
Faut ce qu’il faut... Pas plus. À la manière d’Aristote : « Il n’y a point de génie sans un grain de folie. »