L’image donnée ces jours derniers par la coalition gouvernementale dans son traitement du dossier de l’électricité est un parfait cliché de cette inéluctable chronologie.
Que reste-t-il du débat technique autour d’une question censée être absolument prioritaire ? Trois fois rien ! Car on ne se dispute pas, entre ministres, sur le meilleur moyen d’assurer au pays une alimentation en jus 24 heures sur 24, ni sur les modalités de réduction du gouffre financier que représente depuis des années ce secteur pour l’État et le peuple libanais. Les enjeux, comme toujours, touchent bien davantage à l’équilibre politicien au sein de la coalition, à des ordres du jour totalement étrangers au dossier traité et, bien sûr, à des considérations électoralistes omniprésentes chez certaines parties.
Après la séance du Conseil des ministres d’hier et la décision du gouvernement d’éviter le naufrage en ajournant au 7 septembre le débat sur la première phase du plan de réhabilitation de l’électricité, chiffrée à 1,2 milliard de dollars, le principal désaccord tourne autour de la question de savoir s’il faut que le ministre de l’Énergie gère ce plan tout seul ou aux côtés d’une commission d’experts conduite par le Premier ministre.
Deux acteurs ont émergé dans la série de soubresauts que le gouvernement a vécue au cours des dernières quarante-huit heures : Michel Aoun et Walid Joumblatt. Cela ne signifie pas que les autres composantes de la coalition sont absentes ou neutres dans l’affaire : pour des raisons qui sont propres à chacune d’elles, elles se tiennent à l’ombre des deux protagonistes déclarés.
Mettant à profit la présence de son principal ministre de combat à la tête de l’Énergie, le premier s’est saisi d’emblée du dossier de l’électricité, pour ainsi dire le plus juteux, afin d’en faire l’instrument de sa suprématie sur les composantes ordinaires de la coalition gouvernementale (le Hezbollah étant bien entendu la composante extraordinaire) et, du même coup, suggérer à son public qu’il est celui qui redonne à l’influence chrétienne son lustre d’antan.
Des sources ministérielles du bloc du Changement et de la Réforme ont, en effet, souligné hier que les réserves émises par certaines parties gouvernementales face à l’intention du ministre Gebran Bassil d’être seul maître à bord pour ce qui est de la gestion du plan traduisent une volonté d’empêcher que les dividendes politiques d’une solution au problème de l’électricité ne soient cueillis par les chrétiens.
Tout est dit en ces quelques mots. En somme, en plaçant d’entrée de jeu la barre aussi haut – il menace de quitter le gouvernement si ses conditions ne sont pas acceptées–, le général Aoun a pris délibérément le risque de rendre difficile tout accord sur le plan de réhabilitation de l’électricité, quitte à ce que sa stature de champion des prérogatives chrétiennes en sorte renforcée.
Ce faisant, le général a ouvert la voie à M. Joumblatt, lui permettant d’exploiter lui aussi le dossier de l’électricité afin de faire prévaloir son propre agenda politique, consistant à marquer, dans le contexte actuel, sa « différence » si ce n’est son désaccord avec le 8 Mars et ses parrains. La tonalité des déclarations données par le chef du PSP au journal as-Safir hier ne laisse aucun doute à cet égard. « Je n’accepte pas ce chantage (du général Aoun) et je me fiche de savoir si ma position est susceptible de mettre en danger la coalition » gouvernementale, avait-il dit.
Deux semaines ont donc été jugées nécessaires pour calmer les ardeurs des uns et des autres et reprendre la discussion. Mais comme presque toujours en pareille situation, on s’attend d’ores et déjà, y compris au sein du CPL, à ce qu’au final des « amendements » satisfaisants pour tout le mode soient trouvés.
Comme quoi les affaires de la République ne seraient pas totalement ignorées, mais elles viennent après que les parties se furent exprimées.
commentaires (6)
Assez de discussions,assez d'analyses,assez de bla bla. Cela dure depuis plus de 30 ans.Pas d'electricite pour les Libanais j'en suis certain.Comprenez une chose,le Liban est un pays sous develope habite par des goupes de mafia a qui cette situation profite.
Issa Fawzi
07 h 17, le 25 août 2011