Le but du programme télévisé est de montrer l’autre face de ce territoire, célèbre pour ses gratte-ciel, ses boutiques de luxe, ses magnats milliardaires et son économie ultralibérale, selon les créateurs de l’émission. Or Hong Kong est aussi l’un des endroits les plus inégalitaires du monde développé, et le fossé ne cesse de se creuser entre les plus riches et les autres, alimentant la colère des habitants qui protestent contre la cherté des logements et une ascension sociale de plus en plus difficile. Les milliardaires du territoire, considérés autrefois comme des modèles par la population, sont désormais ouvertement critiqués.
« Je sais que certaines personnes trouvent amusant de voir ces millionnaires balayer le sol », déclare Doris Wong, la productrice de l’émission, consciente que cette « mise en scène » attire le public. Et, en effet, The battle of the poor rich attirait 64 000 spectateurs pour ses premières diffusions en 2009, mais ils étaient 1,2 million de Hong Kongais (sur une population de 7 millions) à suivre les tribulations des participants pour la deuxième saison, en 2011.
Les critiques doutent que quelques jours passés à récurer les sols permettent aux superriches de comprendre la vie des plus pauvres. D’autres les accusent de chercher à redorer leur blason avec cette émission. Mais pour le financier Johnny Chan, récupérer des cartons pendant des journées entières « a été une expérience qui (lui) a ouvert les yeux et qui (lui) a appris l’humilité ». « Pendant (le tournage de) cette émission, je me sentais vide et terrorisé. C’est dur d’être un ramasseur de cartons », dit-il à l’AFP. « J’espère que j’ai permis d’attirer l’attention » sur leurs conditions de vie, car « la société dans son ensemble a besoin d’aider les plus défavorisés : le gouvernement, les médias et les citoyens. »
La productrice avoue qu’elle a du mal à recruter des volontaires. « Beaucoup de riches ont refusé, car ils ont peur de la réaction du public », explique-t-elle. « Certains craignent de passer pour des hypocrites, qui font un show au lieu d’aider réellement » les plus défavorisés, poursuit-elle. Pour Michael Tien, propriétaire d’une chaîne de magasins de vêtements et homme politique, « il est capital, en tant que membre important de Hong Kong, d’être vu en train d’agir et de voir le monde, au lieu de rester derrière son bureau ». Depuis ces journées passées à balayer les trottoirs pour les besoins de l’émission, « le regard des autres à mon égard a changé », assure-t-il. « Les gens qui vivent dans la rue viennent me trouver et me remercient de m’intéresser à eux. Je suis une personne bien plus heureuse. »
(Source : AFP)
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