Rechercher
Rechercher

Couverture spéciale de la révolte en Libye - Analyse

Les rebelles comptent plus que jamais sur la guerre psychologique

La vaste offensive lancée par la rébellion libyenne en ces derniers jours précédant le ramadan ne vise pas tant à conquérir du terrain par la force qu'à convaincre les fidèles du colonel Kadhafi que leur cause est perdue, selon des experts.
Avec des combats simultanés dans la ville pétrolière de Brega (Est), dans l'oasis de Katroun, à 1.000 km au sud de Tripoli, dans la ville côtière de Misrata et dans les montagnes du Djebel Nefoussa au sud-ouest de la capitale, les insurgés sont partout.
Ils auraient même des hommes à Tripoli, où ils affirment avoir réussi jeudi à blesser des dignitaires du régime dans une attaque à la roquette.
Mais il s'agit davantage de rouler des mécaniques et pousser l'ennemi à la dissidence que de gagner concrètement du terrain, alors que quatre mois de frappes de l'OTAN n'ont pas suffi à leur donner un avantage décisif dans la bataille, estiment des analystes militaires.
"La meilleure chance qu'aient les rebelles est encore une révolte de palais", juge Lynette Nusbacher, professeur à l'Académie royale militaire de Sandhurst (Grande-Bretagne). Pour cela, la meilleure chose à faire est "convaincre l'armée libyenne qu'elle ne peut pas gagner", souligne-t-elle.
Le moral des soldats loyalistes serait déjà bas, à en croire certains messages radio interceptés par les rebelles. En les poussant dans leurs retranchements, les rebelles espèrent profiter de cet avantage stratégique.
"C'est une démonstration de force pour tenter de convaincre les troupes de Kadhafi de faire défection", confirme Andrew Terrill, professeur au Collège militaire de l'armée américaine.
"S'ils arrivent à montrer qu'ils progressent, cela peut avoir beaucoup d'impact sur des gens du régime qui hésitent à choisir un camp. Il s'agit de leur proposer une alternative crédible", souligne-t-il.
Cette thèse est confirmée par l'attitude même des rebelles sur le terrain. A Brega, par exemple, les dirigeants rebelles ne semblent pas pressés de faire avancer la ligne de front. "Nous nous rapprochons, lentement", explique le commandant Fawzi Boukatif, qui dit préférer voir les kadhafistes se rendre ou fuir plutôt qu'un choc frontal. "Le temps joue en ma faveur, pas en la leur".
Cette stratégie est dictée en partie par la nécessité, les forces rebelles, malgré leurs efforts, demeurant largement indisciplinées, mal entraînées et sous-équipées.
"On voit bien qu'ils ne sont engagés que dans des opérations modestes. Quand vous avez un bilan quotidien de 10, 12 ou même 18 morts ou blessés, il est évident qu'il ne s'agit pas d'une grande bataille de type conventionnel", souligne le professeur Terrill.
Mme Nusbacher est du même avis: "Faire avancer la ligne de front vers l'ouest de Brega est possible à condition d'avoir des réserves de carburant et le contrôle de l'espace aérien, mais je ne crois pas que les insurgés aient ce potentiel", dit-elle.
Parcourir les 800 km qui séparent Brega de Tripoli exigerait aussi de posséder des centaines de véhicules blindés qu'ils n'ont pas, note-t-elle.
Les rebelles semblent plutôt reporter leurs espoirs sur une attaque depuis l'enclave rebelle de Misrata (à 215 km à l'ouest de Tripoli) où ils disposent d'effectifs plus expérimentés et motivés.
Un plan de bataille en ce sens a été présenté par une délégation rebelle lors d'une visite à Paris au début de la semaine.
Mais même si les insurgés atteignaient Tripoli, rien n'indique qu'une victoire serait à leur portée.
"Je n'ai pas vu beaucoup d'éléments suggérant que les rebelles sauraient mener des combats de rue du type nécessaire à Tripoli. C'est l'une des choses les plus difficiles à faire dans une guerre", souligne M. Terrill.
Au bout du compte, ce sont sans doute les responsables de l'OTAN qui sont dans le vrai lorsqu'ils disent que la solution au conflit libyen ne peut être militaire. Mais la solution dépendra sans doute du succès de l'offensive pré-ramadan.
La vaste offensive lancée par la rébellion libyenne en ces derniers jours précédant le ramadan ne vise pas tant à conquérir du terrain par la force qu'à convaincre les fidèles du colonel Kadhafi que leur cause est perdue, selon des experts.Avec des combats simultanés dans la ville pétrolière de Brega (Est), dans l'oasis de Katroun, à 1.000 km au sud de Tripoli, dans la...