Le président vénézuélien vise le rapatriement physique de 211,35 tonnes d’or stockées à l’étranger pour un montant de 11 milliards de dollars. 80 % de ces stocks se trouvent au Royaume-Uni, principalement dans les coffres de la Bank of England, qui offre un loyer très avantageux à Caracas.
Cette opération, sans équivalent dans le monde depuis plusieurs décennies, va fortement peser sur le budget de l’État, a déclaré vendredi l’ancien directeur de la Banque centrale, José Guerra.
Selon lui, « il faudra payer des coûts de fret et d’assurance très élevés », car plusieurs voyages seront nécessaires pour « réduire le risque ».
Le reste des réserves conservé par la Banque centrale vénézuélienne représente 154 tonnes, d’une valeur de 7,2 milliards de dollars.
Le président vénézuélien justifie ces mesures par la sécurité que représente le métal jaune, dont les sommets atteints par ses cours tranchent avec le contexte d’inquiétude accrue pour la conjoncture économique mondiale.
Mais au Venezuela, beaucoup y voient davantage un geste visant à se prémunir par exemple contre des pressions sur le porte-monnaie national à l’étranger.
De l’avis de plusieurs observateurs, l’exemple récent de la confiscation des biens à l’étranger du chef libyen Mouammar Kadhafi a frappé l’esprit de M. Chavez, notamment dans la perspective d’une présidentielle sous haute tension en 2012, pour laquelle Chavez est candidat à un troisième mandat.
Concernant l’or, « il s’agit d’une mesure qui n’a pas de justification économique, mais politique », juge Asdrubal Oliveros, directeur de l’institut Ecoanalítica.
Cette semaine, M. Chavez a également indiqué qu’il préparait une loi visant à nationaliser « l’exploration et l’exportation de l’or » dans le pays afin de lutter contre « les mafias et la contrebande » qui selon lui sèment « l’anarchie » dans un secteur informel à 60 %.
Dans la foulée, il a annoncé la récupération prévue de quelque 6,2 milliards de dollars – en numéraire ou en bons échangeables – conservés dans des établissements bancaires suisse, britannique, français et américains ou leur transfert vers des institutions de pays « amis » (Chine, Russie, Brésil).
Des projets qui pourraient poser un certain nombre de difficultés à l’économie du pays, selon plusieurs experts contactés par l’AFP.
D’abord, ils pourraient entraîner « des effets négatifs sur la perception de la transparence du Venezuela » et pourrait affecter la confiance des investisseurs aujourd’hui rassurés par les réserves internationales du pays, selon M. Oliveros.
En outre, les pays (Chine, Russie, Brésil) vers lesquels vont être redirigées les réserves monétaires « ne sont pas si solides », analyse Orlando Ochoa, professeur d’économie de l’Université Católica.
Enfin, l’analyste Angel Garcia y voit un risque d’endettement aggravé auprès des partenaires commerciaux du pays, qui prennent pour garantie ces réserves extérieures dans leurs opérations avec Caracas.
Le gouvernement du Venezuela, premier exportateur de pétrole d’Amérique du Sud, détient le contrôle des secteurs énergétiques stratégiques du pays depuis 2007. Depuis décembre 2010, des pouvoirs exceptionnels permettent au président de légiférer par décrets sans passer par le Parlement pendant 18 mois.
© AFP
« La crise économique globale a avalé de nombreuses banques en Amérique du Nord et en Europe, et de ce fait nous devons prendre les mesures pour sauvegarder les réserves internationales de tous les Vénézuéliens », a annoncé M. Chavez mercredi soir, déclarant : « Nous allons ramener notre or à la Banque centrale. »Le président vénézuélien vise le rapatriement...
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