Le nom de ce village n’est plus inconnu dans le paysage libanais puisqu’il évoque, à présent, ce rendez-vous annuel tant attendu par des centaines de participants. Et si cette fois la date a été un peu reportée, c’est d’abord pour permettre à toutes les Marie du Liban d’avoir leur fête et célébrer également le patron du village, Mar Doumit, la veille de cette soirée traditionnelle.
Un programme haut en couleur
Encore une fois, après dix ans, les efforts conjugués des amis de Sourat, joyeuse équipe menée par le Dr Issa Farkh, ont donné leurs fruits. Ô combien délicieux !
Au menu, un programme varié, sonore et visuel, mais également gustatif, car Sourat c’est également Bach vivant en harmonie avec Feyrouz, le magret de canard avec la friké et, cette année, les photos de Michel Sayegh côtoyant les pastels de Rima Amyuni, les céramiques de May Ammoun Harfouche et les porcelaines de Nathalie Khayat.
C’est que la famille de Sourat s’agrandit d’année en année. Et comme l’a si bien dit Issa Farkh dans son mot d’accueil : « Ensemble, nous pouvons œuvrer à changer les choses. Ensemble, nous pouvons préserver la nature et contribuer à l’arrêt des massacres écologiques. » Ce même appel à la « résistance dynamique et non statique » pour la préservation du patrimoine est repris en écho par le moukhtar de Sourat, Jacques Naufal, qui, après avoir remercié Raymond Audi d’avoir contribué à la rénovation de la façade de la maison paroissiale, a appelé à une réflexion sur un microcosme nouveau ou renouvelé.
Cette réunion va se sceller dans la musique, langage universel. Sous la houlette de Claude Chalhoub, tour à tour chef d’orchestre du Amsterdam String Players et violoniste soliste (virtuose dans les deux cas), se sont enchaînées des compositions de Bach, Mendelssohn, Bellini, Haendel et Bizet. Un florilège d’harmonies que viendra magnifier la voix voluptueuse de la soprano Samar Salamé. Les incursions du qanun de Ghassan Sahhab dans les extraits de Carmen de Bizet et de Cléopâtre de Haendel préluderont aux splendides A3tini el-Nay, Hanna el-Soukrane et Nihna wil Amar Jirane.
Lors d’une pause, les invités auront eu le temps d’admirer, dans la salle d’exposition et dans le jardin en contrebas, les œuvres de plusieurs artistes. La porcelaine non émaillée de Nathalie Khayat ouvre des fenêtres à un univers libre et débridé. Épurées et inspirées de la nature, ses œuvres avoisinent en harmonie les céramiques de May Ammoun Harfouche. Quant à Rima Amyuni, elle a choisi de présenter à Sourat une autre face d’elle-même. C’est dans le village de Thum, dans le caza de Batroun, qu’elle a réalisé ses escapades créatives pour offrir à voir, par la suite, des fusains, pastels et encres de Chine qu’elle dévoile à l’image d’un journal intime.
Enfin, plus bas et déployant dans le jardin ses œuvres photographiques, Michel Sayegh, photographe dans les quotidiens libanais L’Orient-Le Jour et al-Nahar, a sélectionné certains clichés effectués au cours de ses 30 ans de carrière. Infatigable, ce photographe, qui scrute et observe à la fois l’événement dans tout ce qu’il a d’insolite ou de médiatique et l’intimité du détail, crée un univers à la fois réaliste et onirique. Allant parfois jusqu’à la tridimensionnalité dans son image, Michel Sayegh, contraint au statique, capte pourtant le vivant et le dynamique.
C’est donc dans le voisinage de la lune si belle et si clémente que se poursuivra jusqu’aux lueurs de l’aube la soirée animée par le duo Christine et Isabelle.
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