Dans une interview à la télévision syrienne, le président Bachar el-Assad a affirmé dimanche soir que les appels occidentaux réclamant son départ étaient "sans valeur". "En nous abstenant de réagir, nous leur disons que leurs propos sont sans valeur", a dit M. Assad. Selon lui, de "tels propos ne doivent pas être tenus à l'égard d'un président qui a été choisi par le peuple syrien et qui n'a pas été installé par l'Occident, un président qui n'est pas fabriqué aux Etats-Unis. Ces paroles se disent à un peuple soumis qui accepte de recevoir des ordres de l'étranger". "En ce qui concerne la menace d'un recours à la force, toute initiative contre la Syrie aura des conséquences plus graves" pour ses auteurs, a-t-il poursuivi. Jeudi, le président américain Barack Obama, comme ses alliés occidentaux, a pour la première fois appelé explicitement Assad à partir. Le chef de la Maison Blanche a, en outre, renforcé les sanctions contre le régime syrien après cinq mois d'une brutale et sanglante répression de la contestation en Syrie.
Dans son interview télévisée, M. Assad a par ailleurs annoncé que les élections locales devraient avoir lieu en décembre et que les législatives se tiendront entre "quatre à huit mois après la publication, peut-être jeudi, des décrets d'application de la loi électorale, en tout cas au plus tard en février, afin de permettre aux partis de se constituer et d'avoir le temps de faire campagne".
Concernant les sanctions économiques décidées par les pays occidentaux, il a souligné que "le siège de la Syrie existe déjà". "Malgré les bonnes relations économiques que nous avons avec l'Europe, nous avons d'autres alternatives. On s'est orienté vers l'Est et nous continuerons à le faire", a-t-il dit.
Selon des diplomates, les mesures européennes visant le secteur pétrolier pourraient être annoncées dès mardi. La nouvelle législation préparée pendant le week-end inclut "des mesures restrictives dans le secteur du pétrole, notamment un embargo sur l'importation de pétrole brut syrien", aux termes d'un accord auquel les ambassadeurs des pays de l'UE sont parvenus. L'Europe achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente un tiers des recettes du pays.
Interrogé sur la situation sécuritaire, le chef de l'Etat a précisé: "Nous avons commencé à enregistrer des succès et nous pouvons dire que la situation est à présent plus rassurante. Le complot déjoué visait à faire tomber la Syrie en l’espace de quelques semaines". "Il n’y a pas de solution purement sécuritaire et toute solution sera forcément politique, mais une solution politique ne pourra pas être mise en oeuvre si la sécurité n’est pas préservée", a-t-il souligné.
Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) espère pouvoir visiter "très bientôt" les milliers de détenus incarcérés depuis le début du mouvement de contestation. "Le président du CICR Jakob Kellenberger, lors de sa visite à Damas les 21 et 22 juin, avait fait une demande en ce sens", a indiqué à l'AFP Saleh Dabbakh, le porte-parole de cette organisation dans la capitale syrienne. "Les discussions ont eu lieu avec les autorités et nous sommes confiants que nous pourrons commencer les visites très bientôt", a-t-il dit sans vouloir donner de date précise.
Signalons, par ailleurs, qu'à Homs, le frère de l’opposant basé en France Bourhan Ghalioun a été arrêté samedi, a indiqué à l’AFP l’universitaire qui joue un rôle médiatique actif depuis le déclenchement de mouvement de contestation. "Mohammad Kheir Ghalioun, un ingénieur de 58 ans, a été arrêté samedi à Homs", dont il est originaire, a dit M. Ghalioun directeur du Centre d’Etudes sur l’Orient Contemporain (CEOC) à Paris.
Sur le terrain, les contestataires maintenaient dimanche leur pression pour renverser le régime, en place depuis un demi-siècle. Ils ont appelé sur la page Facebook de "Syrian revoution 2011", avec comme mot d'ordre "nous sommes tous des prochains martyrs", à des "manifestations décisives" durant les dix derniers jours de ramadan jusqu'à la "fête de la libération".
Des divisions sont toutefois apparues entre les contestataires concernant la mise en place d'une instance représentative du peuple syrien avant la chute du régime. "Les appels de plusieurs congrès, tenus à l'intérieur et à l'étranger, en vue de former des Conseils de transition ou un gouvernement en exil ont eu des répercussion néfastes et négatives sur la révolution syrienne", affirme dimanche dans un communiqué "l'instance générale de la révolution syrienne", (SRGC). Cette coalition regroupe 44 groupes et comités de coordination qui animent depuis cinq mois la contestation en Syrie.
La SRGC appelle "dans l'intérêt national et l'intérêt de la révolution syrienne, au report de tout projet qui vise à représenter l'ensemble du peuple syrien tant qu'il n'y a pas d'accord entre les différentes composantes du peuple".
L'opposition est divisée entre les islamistes, les jeunes démocrates et libéraux réunis par Facebook qui ont lancé le mouvement de contestation, et les opposants de longue date qui se situent généralement à gauche, ainsi que les Kurdes.
Cette mise au point intervient alors que des opposants islamistes, notamment les Frères musulmans, entendent inaugurer lors d'une réunion en Turquie le "Conseil national" composé de 115 à 150 membres de l'intérieur et de la diaspora.
commentaires (3)
Je comprends votre point de vue Ali et je suis d'avis que le monde de la politique est à revisiter, et ce, partout sur la planète. L'humain doit être le centre des considérations: l'être, non pas l'avoir. Dans ce ças-ci, c'est un non sens: Assad affirme que les «appels des occidentaux» sont sans valeur. Ok peut-être, d'un certain point de vue comme vous dites. Mais lui, qui n'entend même pas les cris de son propre peuple! Au départ, il n'y avait que son peuple qui tentait le dialogue, pas d'occidentaux dans les parages. Qu'est-ce qu'il écoute, entend et considère en sortant ses gros canons à la figure des manifestants? Qu'est-ce qui a de la valeur a ses yeux, alors? Je pense aux personnes qui sont sacrifiées et torturées à tous les jours... il faut que ça cesse. Se coincer un doigt dans une porte, ça fait mal, imaginez le reste...
rosa Zacharie
16 h 57, le 23 août 2011