L'agence Standard and Poor's a dégradé vendredi la note de la dette des Etats-Unis, une première historique qui risque d'attiser le climat de crise mondiale sur fond de panique boursière due aux craintes de ralentissement économique global et à la situation de la zone euro.
Standard and Poor's (S&P) a justifié son coup de tonnerre par le plan « insuffisant » à ses yeux de rééquilibrage des finances publiques américaines, voté cette semaine pour permettre de relever le plafond de la dette de plus de 14 500 milliards de dollars du pays, et lui éviter le défaut de paiement. Elle a en outre averti qu'elle n'excluait pas une nouvelle dégradation à l'avenir. Les Etats-Unis étaient notés « AAA » par Standard and Poor's depuis la création de cette agence en 1941. Ils conservent cette note, la meilleure possible, auprès des deux autres grandes agences, la doyenne Moody's (depuis 1917) et Fitch Ratings, mais tombent à « AA+ » chez S&P. L'administration Obama a dénoncé l'appréciation de Standard and Poor's en affirmant qu'elle était « entachée d'une erreur de 2 000 milliards de dollars », selon un porte-parole du département du Trésor.
En perdant son "triple A", la première puissance économique mondiale rejoint le Japon, l'Espagne et l'Irlande qui ont également perdu ce statut envié. Dans chacun des cas de ces trois pays, la réaction immédiate des investisseurs a été de se délester d'obligations à 10 ans, mais l'amplitude des mouvements sur le marché obligataire a, à chaque fois, été limitée. Les répercussions de la perte par la première économie mondiale de son sceau d'excellence sont encore difficiles à évaluer et seront guettées de près à la réouverture lundi des marchés financiers en pleine tourmente.
Les créanciers des Etats-Unis ont, après l'annonce de la dégradation, réagi de façon mesurée, à l'exception du premier d'entre eux, la Chine, qui a exhorté Washington à cesser de vivre au-dessus de ses moyens. Pékin, qui détenait en mai quelque 1160 milliards de dollars de bons du Trésor américains, « a désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette », a affirmé l'agence officielle Chine Nouvelle. « Les jours où l'oncle Sam (...) pouvait facilement dilapider des quantités infinies d'emprunts de l'étranger semblent comptés », a-t-elle commenté. Le Japon, deuxième créancier de Washington, va maintenir sa « confiance envers les bons du Trésor américain », a assuré, pour sa part, un responsable gouvernemental. Premier Européen à réagir, le ministre français de l'Economie, François Baroin, a affirmé, quant à lui, que Paris conservait « une totale confiance dans la solidité de l'économie américaine et ses fondamentaux ainsi que dans la détermination du gouvernement américain à mettre en œuvre le plan » de réduction des déficits. « La note de Standard and Poor's n'est qu'un élément d'appréciation de la situation financière des Etats-Unis », a-t-il estimé en soulevant « la question d'une telle décision sur la base de chiffres (qui ne sont) pas consensuels ».
La Bourse saoudienne, ouverte le samedi alors que les autres places financières sont fermées, est la première place boursière mondiale à avoir réagi à la dégradation de la note souveraine américaine. Elle a perdu 5,46% samedi en clôture. « La décision de S&P et les problèmes (de dette) en Europe (...) effrayent les investisseurs », a expliqué un analyste financier Abdulwahab Abou Dahesh.
Cette baisse survient après une semaine noire qui a vu les principaux indices boursiers de la planète plonger. A Wall Street, l'indice Dow Jones a signé sa pire semaine depuis mars 2009, cédant 5,75% en cinq jours. Le plongeon a été pire en Europe, où les trois principales places, Londres, Francfort et Paris ont toutes abandonné plus de 10%.
Les dirigeants européens, dont plusieurs se sont entretenus vendredi avec Barack Obama, sont eux aussi sur le pont pour tenter de calmer les marchés, inquiets d'une contagion à l'Italie et l'Espagne de la crise de la dette, deux semaines seulement après l'accord sur un nouveau plan de sauvetage de la Grèce. « Les ministres des Finances du G7 sont en contact permanent pour surveiller la situation des marchés et discuter des actions nécessaires », a indiqué samedi François Baroin, sans confirmer la tenue d'une réunion du cénacle, actuellement présidé par la France. « La situation est très difficile et elle réclame des interventions coordonnées. Il faut reconnaître que le monde est entré dans une crise financière globale qui concerne tous les pays », a déclaré, de son coté, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. « Aujourd'hui, tous les pays sont confrontés à cette crise de l'endettement et à la nécessité de redresser les comptes publics », a enfin souligné la ministre du Budget et porte-parole du gouvernement français, Valérie Pécresse.
Standard and Poor's (S&P) a justifié son coup de tonnerre par le plan « insuffisant » à ses yeux de...
commentaires (10)
- Kamel, peux-tu me donner un téléphone où je peux t'appeler maintenant ? Merci. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
11 h 52, le 07 août 2011