Rechercher
Rechercher

Convergences...

Cela s'appelle tourner autour du pot et nos dirigeants, premiers ou seconds couteaux, sont passés experts dans l'art des circonvolutions. Quand les choses se compliquent, il n'y a pas à se mettre martel en tête, cela fait tilt dans leur cerveau et la parade est toute trouvée : la politique de l'autruche.
Ni vu ni connu, il suffit d'attendre que la tempête se calme. Il sera toujours temps, après coup, de dresser le bilan, l'inventaire des dégâts. Ainsi va la République, ainsi se déroule le fumeux débat sur la stratégie défensive de l'État.
Faisons semblant de ne pas voir les armes du Hezbollah, faisons même semblant de ne pas en discuter, laissons les faits accomplis se mettre tranquillement en place. Le réveil sera forcément brutal, mais l'harmonie interne, le gros mensonge du gouvernement d'unité auront été saufs l'espace d'un printemps trompeur.
Disons-le une fois pour toutes : l'implication forcée du Liban dans un contexte régional explosif ne peut mener qu'à la catastrophe annoncée. Que le Liban-Sud ait été libéré en l'an 2000, qu'il ait mis fin à de longues années d'humiliation n'y change rien. Le Hezbollah a clairement lié le sort du Liban à l'évolution du conflit israélo-palestinien, au développement du dossier brûlant du nucléaire iranien.
Que les forces des Nations unies, la Finul plus précisément, aient été déployées au Liban-Sud pour protéger la libération si chèrement acquise, pour veiller à l'intégrité de la ligne bleue, n'y change également rien, le parti de Dieu ne voulant même pas admettre que le contentieux syro-israélo-libanais sur Chebaa a été phagocyté par Damas et donc naturellement confié aux bons soins des Nations unies.
Deux poids, deux mesures, deux situations diamétralement opposées : les mêmes forces de l'ONU, la Fnuod dans ce cas-là, sont déployées sur le Golan occupé pour veiller au statu quo, au respect du cessez-le-feu ; une occupation israélienne qui n'attise pas pour autant les ardeurs belliqueuses du régime syrien, lequel ronge son frein en attendant la relance d'une médiation turque qui se fait tirer l'oreille.
S'il y a à payer les pots cassés, s'il faut un cobaye pour tester les mauvaises humeurs des uns, les colères des autres, la victime est toute trouvée : respectivement fer de lance des causes arabe ou islamique, unioniste ou anti-impérialiste, le Liban est, encore et toujours, l'agneau voué au rite sacrificiel, celui appelé à « trinquer », à verser le sang que les autres thésaurisent au fil des ans, au fil des compromissions ou des trahisons.
Trente-cinq ans que cela dure, trente-cinq ans que le Liban paye pour les autres : des morts par dizaines de milliers, des destructions effroyables, des localités rayées de la carte, une hémorragie sans fin...
Le temps est venu de dire assez ! Que cessent donc les provocations, les délires du verbe, que prenne fin la prise d'otage dont le Liban est la victime et le théâtre, que tombent, que se désagrègent les murs de l'arrogance, de la parole unique. De prétextes inconsidérément fournis en menaces sans cesse répétées, l'irréparable, l'inévitable finiront par frapper aux portes, ces portes maintes fois violées, maintes fois ensanglantées.
Personne ne s'en était mordu les doigts hier, personne ne s'en mordra les doigts demain. L'agneau voué au sacrifice sera toujours le même : l'État dans ses institutions, dans son entière légitimité.
Entre-temps, de part et d'autre de la frontière, les raisons d'être des protagonistes continueront de fusionner dans une diabolique convergence d'intérêts, dans une même folie destructrice ■
Cela s'appelle tourner autour du pot et nos dirigeants, premiers ou seconds couteaux, sont passés experts dans l'art des circonvolutions. Quand les choses se compliquent, il n'y a pas à se mettre martel en tête, cela fait tilt dans leur cerveau et la parade est toute trouvée : la politique de l'autruche.Ni vu ni connu, il suffit d'attendre que la tempête se...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut