Impossible de ne pas être frappé par le timbre impeccablement clair, juste et authentique de Klaus Meine, le «lutin à la voix d’or». Cet homme, dont les cordes vocales avaient été attaquées en 2000 par des polypes, est revenu, à force de ténacité et de soutien de la part des membres du groupe, au niveau qu’il n’a jamais perdu. Le producteur enfonce le clou: «Quand il a été question d’un troisième soir, j’ai pensé naturellement au 8 juillet. Mais Klaus Meine, comme les chanteurs lyriques, engagé vocalement comme il l’est depuis 1969, ne boit pas, ne fume pas, évite l’air conditionné et ne se produit pas trois soirs de suite...» Voilà pour l’une des plus belles voix du rock. Quant à l’autre membre fondateur, Rudolf Schenker, sa guitare n’a pas pris une ride. Les performances solos rappellent que le rock électrique reste l’enfant virtuose du blues, capable de dégager des émotions et une puissance sensuelle assez ahurissantes.
Émotions et succès planétaires
Que dire de l’un des batteurs les plus fous du monde, Kattak, qui a donné un show en solo de plus de 10 minutes? Derrière lui ont défilé les pochettes des albums qui ont assuré la notoriété des artistes pour les placer au plus haut. Avec un record non négligeable supplémentaire rappelé par Nagi Baz: «Avec Abba, Scorpions est le seul groupe non anglo-saxon ou américain chantant en anglais qui a connu un succès planétaire.» Quand Klaus Meine s’enveloppe du drapeau libanais après The Zoo, hit de 1980, l’hystérie s’empare de tous. Car la vibration des Scorpions est sincère, comme le raconte le producteur libanais: «J’ai été sidéré et ému lorsqu’ils m’ont montré à l’aéroport l’album de photos de leur concert de 1996. Ils m’ont tout de suite demandé de retourner chez Pépé Abed et j’ai dû leur annoncer qu’il avait cassé sa pipe... Voilà pourquoi Send Me An Angel lui a été dédié.»
Et les tubes s’enchaînent, à un rythme impeccable. Les musiciens n’oublient jamais leur public aux deux extrémités de la scène, de serrer des mains, de lancer aux fans dans la fosse une quantité industrielle de baguettes, de passer beaucoup de temps à l’avant-scène, et pas seulement pour faire les beaux avec leurs guitares customisées et leurs vestes brodées avec des éclairs, des queues de castor accrochées à la ceinture, des lunettes noires et du cuir. Non. Les Scorpions aiment la scène, le public, la chaleur des projecteurs et la voix de leurs fans, malgré un show aux 200 dates à travers le monde qui laisse peu de place à l’improvisation. Aucun d’entre eux n’a joué mécaniquement, sauf, peut-être, pendant l’iconique Still Loving You, où un timing plus proche de la version originale de six minutes aurait été parfait... Mais les rockeurs aux 50 guitares pour chaque déplacement – «le backstage ressemble à un musée! C’est du vrai rock vintage», ajoute Nagi Baz – n’en restent pas moins impeccables et aussi respectueux et attachés à leur public que dans le sens inverse. Alors, derniers concerts? Réponse du producteur: «En leur posant la question, je leur ai rappelé que Tina Turner a annoncé sept fois que ce serait la dernière fois. Ils ont éclaté de rire... La seule chose qui les fera remonter sur scène, c’est la recherche du plaisir. À ce niveau-là, il n’y a plus rien d’autre qui compte.»
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