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Culture - Cimaises

Castres expose Goya et « Les Désastres de la guerre »

Bien avant l’invention du photojournalisme, Goya trempait le crayon dans les plaies de l’Espagne du XIXe siècle pour documenter «Les Désastres de la guerre», comme le rappellent 81 gravures sorties quelque temps de leurs réserves à Castres (Tarn).
Le musée Goya de Castres présente jusqu’au 23 octobre cette fameuse série gravée entre 1810 et 1820 et rendant compte avec une puissance visionnaire des atrocités de la guerre d’indépendance contre les armées napoléoniennes, ou de la grande famine de Madrid dans laquelle mourut la femme de l’artiste.
Elle fait partie de l’exceptionnel fonds que possède le musée de cette petite ville de province où le maître, certes exilé et mort à Bordeaux, ne mit pourtant jamais les pieds. Après le 23 octobre, on la remisera pour plusieurs années dans une salle obscure pour protéger cette œuvre fragile des atteintes de la lumière.
À l’eau-forte ou à la pointe sèche, Goya a fixé en instantanés le meurtre, l’exécution, le viol, le pillage, la profanation, l’exode, la faim.
De cette débauche barbare émerge le courage d’Agustina Domenech, la frêle jeune femme sans visage qui escalade les cadavres de combattants espagnols pendant le siège de Saragosse pour mettre à feu un canon pointé sur les Français et pour passer à la postérité patriotique et littéraire.
Ici ou là, un geste de charité, un sursaut de dégoût rompent avec le détachement, l’ironie sinon le cynisme qui ont guidé le trait quand Goya a représenté les ravages de la guerre, et – dans une veine plus symbolique renouant avec la série antérieure des «Caprices» – quand il a gravé dans le cuivre les petitesses des gouvernants, des ecclésiastiques, des nantis et des hommes en général.
Mais l’épouvantable n’est jamais loin. Planche 39, des cadavres d’hommes nus, émasculés, démembrés se dessèchent liés à un arbre. Planche 33, des soldats tranchent un homme en deux au sabre.
La planche 50 ne détonnerait pas parmi les grand clichés modernes de la guerre: un enfant en pleurs suit le cadavre de sa mère qu’on emmène.
Goya a posé un regard de reporter avant l’heure sur les horreurs qui lui ont été rapportées ou auxquelles il a assisté, dit le conservateur du musée, Jean-Louis Augé.
«Goya rend compte de ce qu’est la guerre de manière très différente de ses contemporains qui, souvent, ont tendance à la magnifier (...). Goya, lui, nous donne à voir des choses vraiment
terribles.»
Bien avant l’invention du photojournalisme, Goya trempait le crayon dans les plaies de l’Espagne du XIXe siècle pour documenter «Les Désastres de la guerre», comme le rappellent 81 gravures sorties quelque temps de leurs réserves à Castres (Tarn).Le musée Goya de Castres présente jusqu’au 23 octobre cette fameuse série gravée entre 1810 et 1820 et rendant compte avec une puissance...

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