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Culture - Spectacle

Le flamenco sculptural et intimiste de María Juncal au palais de l’Unesco

Avec « Destemplao», c’est un flamenco aux accents intimistes qu’a présenté la talentueuse et sculpturale chorégraphe et danseuse espagnole María Juncal qui, à l’invitation de l’ambassade d’Espagne et de l’Institut Cervantès de Beyrouth, s’est produite au cours du week-end, en soirée unique, au palais de l’Unesco.

María Juncal, sculpture mouvante sur scène. (Photo Marwan Assaf)

Elle vibre de tout son corps María Juncal pour célébrer la vie. À coups de « zapateados » fougueux, de « taconeos » aussi mystérieusement claquants que glissants, de « Soleares » dramatiques ou de joyeuses « Alegrías », elle danse ce souffle qui mixe le chaud et le froid, qui nous anime et qui, inéluctablement, nous échappera un jour.
Elle danse en solo, en puisant au plus profond d’elle-même les pulsations, battements, cadences ou frémissements qui sous-tendent nos émotions : passions, joies, tristesses, souffrances... Ces inévitables bouleversements qui parcourent une vie et font son intensité sont les ressorts de son spectacle, bizarrement intitulé Destemplao, qui signifierait quelque chose comme « Désynchronisé ».
Et sa danse, « dédiée à la vie parce que nous savons qu’un jour nous ne serons plus là », explique-t-elle, imprime d’un style spécifique, à la fois pur, intimiste et contemporain, son flamenco reçu en héritage. Car cette jeune danseuse et chorégraphe considérée comme « l’une des valeurs sûres de la danse espagnole » et récompensée, entre autres, du Prix national de danse flamenco Antonio Gades 2004, est issue d’une grande lignée flamenca. Celle établie par son arrière-grand-père, Miguel Borrul, l’un des meilleurs guitaristes espagnols, et poursuivie par sa grand-mère, la danseuse Julia Borrul, et sa grande-tante Trini Borrul, chorégraphe et première danseuse du Liceo de Bracelone. C’est d’ailleurs cette dernière qui l’initiera au ballet et à la danse flamenco avant que des maestros comme Cristóbal Reyes, Merche Esmeralda ou Ciro Romero ne prennent le relais de sa formation. María Juncal fera ensuite son chemin, animée par la passion de cette danse, comme soliste aussi bien dans Pura Pasión de Joaquin Cortés que dans Musa Gitana de Paco Peña ou encore España Baila Flamenco de Cristóbal Reyes, pour ne citer que quelques grands spectacles de tournées mondiales...

Danse vibrante et chants puissants
Mais cette jeune femme, qui dit vivre ses émotions dans la danse, ne pouvait manquer d’exprimer à travers ses créations personnelles sa propre énergie flamenca : un mélange d’intensité et de maturité et une manière de s’adresser au public par la seule force de ses mouvements, qui établit immédiatement avec lui une certaine connivence. Une intimité qui, malgré le vaste espace de la salle de l’Unesco, évoque celle des tablaos (tavernes espagnoles). À l’ambiance rendue ici par la formation réduite qui l’accompagne, par ses tenues plutôt traditionnelles (robe volantée et pointillée, puis à longue traîne et enfin costume masculin de caballero) et par l’absence de tout accessoire et décor, mis à part une simple chaise en paille, sur laquelle elle entamera, assise, une suite de vibrants « zapateados » en début de spectacle.
Accompagnée de deux musiciens, un guitariste, Basilio García Clavero, et un violoniste, Thomas Frédéric Potiron, et de deux « cantaores », Juan Carrasco Soto et David Jiménez, elle enchaînera, tour à tour tourbillonnante et vibrante, mais toujours fière et fougueuse, une série de « palos ». Des danses flamencas intercalées entre deux airs gitans – aux résonances parfois tziganes par l’intervention du violon – et deux « cantes » puissants, qui vont déchirer l’air a capella pour mieux crier « l’amer de la vie, la douceur de l’amour et la suavité de la mort », les trois actes de ce spectacle « hymne à la vie » dansé, à perte de souffle, par cette époustouflante « bailora », sombre sculpture mouvante. Longuement, passionnément applaudie !
Elle vibre de tout son corps María Juncal pour célébrer la vie. À coups de « zapateados » fougueux, de « taconeos » aussi mystérieusement claquants que glissants, de « Soleares » dramatiques ou de joyeuses « Alegrías », elle danse ce souffle qui mixe le chaud et le froid, qui nous anime et qui, inéluctablement, nous échappera un jour. Elle danse en solo, en puisant au plus...
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