Selon le Dr Azar, tous ces facteurs sont responsables des conditions de l’insécurité émotionnelle et de la rupture de la confiance du jeune avec le monde adulte. « Mais l’angoisse, l’oubli d’une peine ou d’un échec ne sont pas les seules causes qui poussent un jeune à la drogue. Être à la mode, satisfaire sa curiosité, la recherche de l’évasion, de l’euphorie, la réponse aux pressions du groupe, l’augmentation de la créativité, le suivisme sont autant de motifs de consommation. Sans oublier le désir chez certaines adolescentes de maigrir pour paraître plus “sexy” (la cocaïne à base d’amphétamine peut être un coupe-faim efficace). Ajoutons à cela la perte de valeurs due au manque d’autorité et au laxisme des parents qui ne peuvent qu’accroître la vulnérabilité du jeune et l’exposer à de plus grands risques de consommation. Savoir dire “non” à un adolescent peut se révéler essentiel pour le soutenir dans son envol vers l’autonomie », précise le Dr Azar. Ainsi, les raisons pour lesquelles chacun peut être amené à consommer des stupéfiants varient d’un individu à l’autre. Mais les effets sont incontestablement néfastes pour tout le monde.
Traitement et rechute
« Chaque drogue présente un potentiel de nuisance différent », souligne ensuite le Dr Azar. « Nuisance physique, car les drogues, douces ou dures, sont capables de léser certains organes, notamment le cerveau, entraînant une confusion mentale et pouvant aller jusqu’à la mort par overdose ; et nuisance psychique, définie par la dépendance. La toxicomanie est une pathologie qui nécessite un traitement à long terme. La guérison est caractérisée par la cessation de la dépendance et des troubles comportementaux consécutifs à celle-ci, et le retour à l’autonomie sociale. Il n’y a évidemment pas à ce jour un médicament qui guérit. La guérison passe d’abord par le sevrage dans un centre hospitalier durant une quinzaine de jours, ou par des “traitements de substitution”. Deux produits sont associés à la psychothérapie dans les cas des échecs répétés du sevrage des héroïnomanes, afin de les aider à avoir le moins de probabilité de rechute possible. Aucune prise en charge par l’État n’intervient à cette étape de la thérapie. Le traitement consiste ensuite en un suivi psychologique qui s’étale variablement sur 18 mois, dans des centres de réhabilitation », où l’on offre aux toxicomanes qui ont subi les conséquences dévastatrices de la dépendance la possibilité d’une nouvelle éducation et réadaptation sociale. À la question de savoir si les risques de rechute sont grands, le Dr Azar rappelle que la toxicomanie est la maladie la plus récidivante. Les rechutes sont fréquentes et le risque est maximal dans les 12 mois qui suivent le sevrage. Les personnes qui veulent s’en sortir réellement acceptent de leur plein gré de suivre une cure de désintoxication. La plupart d’entre eux rechutent par manque d’accompagnement psychologique, car « les malades » restent fragiles après une cure, surtout si la personne est confrontée aux mêmes problèmes qui l’ont poussée à vouloir fuir la réalité, d’où la nécessité, dit-elle, de privilégier le dialogue avec le patient et d’être à son écoute. « Il faut d’autre part éviter que le jeune revoie les amis avec lesquels il se droguait. Le dépistage précoce des situations à risque constitue un instrument préventif de grande importance », conclut-elle.
(Voir L’Orient-Le Jour du lundi 27 juin).