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Couverture spéciale de la révolte en Tunisie

Des islamistes tentent d'empêcher la projection d'un film sur la laïcité

Une cinquantaine d'islamistes ont tenté dimanche d'empêcher par la force la projection à Tunis d'un film de la cinéaste tunisienne Nadia El Fani, intitulé "Ni Allah, ni maître" qui parle de la place de la laïcité en Tunisie, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le film a finalement été projeté avec une heure de retard après la dispersion des manifestants par les forces anti-émeutes. Un important dispositif policier a été déployé autour de la salle jusqu'à la fin du spectacle.
Les manifestants ont scandé des slogans proclamant: "la Tunisie est un Etat islamique" ou "le peuple veut criminaliser la laïcité", avant de briser les portes en verre de la salle en plein centre de Tunis et de pénétrer à l'intérieur.
Le directeur de la salle Habib Belhedi a dit à l'AFP avoir été agressé "par deux barbus" qui l'ont saisi et lui ont aspergé le visage du contenu d'une bombe lacrymogène.
La police est ensuite intervenue pour disperser les manifestants et a interpellé trois ou quatre d'entre eux qui étaient dans la salle, sous les applaudissements des personnes venues assister au spectacle.
La projection du film s'inscrivait dans le cadre d'une manifestation organisée par le collectif "Lam Echaml" (réunion de tous en arabe), pour dénoncer les agressions verbales et physiques subies par des artistes tunisiens.
Un membre du collectif a indiqué que des cinéastes présents avaient été menacés. "C'est pour cela que nous faisons cette manifestation, pour défendre la liberté d'expression et de création, sinon c'est la mort de la société", a-t-il dit.
"Ce n'est pas normal que des citoyens tunisiens décident de venir ici empêcher la projection d'un film", a déploré Fares Belhassen, président de l'ONG Tunisie Tolérance.
"C'est contre la démocratie et on s'est justement battus le 14 janvier pour cette démocratie", a-t-il ajouté, faisant allusion à la date du départ de l'ex-président Ben Ali, chassé par une révolte populaire.
"Nous nous sommes habitués à ce que l'affrontement ait lieu entre les islamistes et le gouvernement, a analysé Béchir El Fani, le père de la réalisatrice. "Maintenant, les islamistes visent les +non islamistes+. Il faut s'y habituer. L'essentiel, c'est de ne pas céder", ajoute-t-il l'air sérieux et souriant.
La cinéaste Nadia El Fanai, auteur du documentaire "Ni Allah, ni maître", était absente, se trouvant en France car elle est malade, a indiqué M. Belhedi.
Depuis une projection de son film fin avril à la clôture du festival de Tunis et la diffusion d'un reportage sur elle sur une télévision tunisienne, Nadia El Fani est la cible des islamistes qui appellent sur Facebook à la couvrir de "dix millions de crachats".
Elle avait déclaré à l'AFP, lors de la présentation de son film à Cannes dans le cadre du Marché du film, que celui-ci "fait peur" aux intégristes.
Une cinquantaine d'islamistes ont tenté dimanche d'empêcher par la force la projection à Tunis d'un film de la cinéaste tunisienne Nadia El Fani, intitulé "Ni Allah, ni maître" qui parle de la place de la laïcité en Tunisie, a constaté un journaliste de l'AFP.Le film a finalement été projeté avec une heure de retard après la dispersion des manifestants par les forces...