Rechercher
Rechercher

Cinema- - Rencontre

Passé et futur composés

C’est sous la forme de film vidéo que Rania Stephan narre l’histoire de l’actrice égyptienne Soad Hosni. « Les Trois disparitions de Soad Hosni » est un film qui fait du chemin... La réalisatrice a répondu à nos questions.

Rania Stephan et...Soad Hosni.

Pourquoi cet engouement pour Soad Hosni ?
C’est une longue histoire qui date depuis mes études universitaires en cinéma à Melbourne, en Australie. On avait étudié le cinéma du monde entier, de Hollywood à la nouvelle vague, du cinéma italien d’après-guerre à l’avant-garde japonaise, le cinéma expérimental, etc., tout, sauf le cinéma arabe ! À cette époque, j’allais souvent chez une cousine qui vivait à Melbourne, tante Sonia. Elle faisait de la très bonne cuisine et regardait des films arabes en VHS, loués chez l’épicier libanais du coin. Un jour, je suis tombée chez elle par hasard sur un film de Soad Hosni, Al-Moutawahishah. J’ai été éblouie par cette actrice et le film m’a enchantée. J’ai alors décidé d’écrire mon mémoire de fin d’études sur Soad Hosni en tant que « héroïne du cinéma populaire égyptien ». C’est donc Soad Hosni qui m’a ramené au cinéma arabe. Depuis, mis à part mon admiration pour elle, je lui voue une affection particulière.

La signification du titre ? Pourquoi trois disparitions ?
Lorsque Soad Hosni se suicide à Londres en 2001, j’étais bouleversée par sa disparition soudaine et tragique. Après 30 ans de carrière (de 1959 à 1991) et 82 films de fiction, elle était non seulement une actrice mais une star, surnommée « la cendrillon du cinéma arabe ». J’ai senti qu’avec elle disparaissait une actrice hors norme, mais aussi un symbole de la femme arabe au cinéma. L’époque correspondait également à la fin du VHS, support qui a véhiculé cette image. Voici trois disparitions ; peut-être y en a-t-il d’autres...

Est-ce un documentaire ? As-tu puisé dans les archives ?
Une actrice disparaît. Elle n’est plus là pour raconter son histoire. La meilleure façon donc de parler d’elle devient son travail. Très vite l’idée m’est venue de raconter son histoire à travers ses films. Mon film est constitué uniquement d’extraits VHS de films de Soad Hosni. Il est construit comme une tragédie en 3 actes divisés en scènes, avec un prologue et un épilogue. Plusieurs niveaux de lectures se tissent et différentes formes narratives sont utilisées. Dans le troisième acte par exemple, j’ai travaillé sur l’aspect onirique de la narration que j’ai construite comme un rêve dans un rêve. Au final, le film est un hommage à une actrice, à son travail, à son corps au travail. C’est aussi une manière personnelle de raconter l’histoire de ses images, de cette période là du cinéma égyptien. In fine, c’est un film sur la vie et la mort d’une actrice et sur le pouvoir de l’imagination, c’est un documentaire sur la fiction.

Combien de temps le film a-t-il nécessité ?
Un temps énorme. Il fallait d’abord trouver tous les films de Soad Hosni (ou presque) en VHS, les voir, les « dé-rusher » sur papier afin d’écrire mon projet ; trouver ensuite une subvention qui me permette de me consacrer au montage à plein temps, plonger dans la matière totalement pour la travailler et créer une narration intéressante. Ce film est autoproduit, mais j’ai pu le terminer grâce à une bourse de l’AFAC (Arab Fund for Art and Culture) et de Sharjah Art Foundation, mais surtout grâce au soutien amical indéfectible d’une longue liste de proches.

Tu as été sélectionnée pour le FID. Quel avenir pour ce film ?
Le film vient de gagner le Prix de l’artiste à la Biennale d’art contemporain de Sharjah en mars 2011. Il a aussi été projeté dans le cadre du programme Video Works de Ashkal Alwan en mai dernier au cinéma Métropolis à Beyrouth. Maintenant il est en compétition internationale au Festival international du documentaire de Marseille, le FID. J’en suis très heureuse. J’aime beaucoup ce festival que je trouve foisonnant, pointu et novateur dans ses choix artistiques. De plus, très amical. Pour l’avenir, on verra... inch’allah kheir... Soad Hosni le mérite !
Pourquoi cet engouement pour Soad Hosni ? C’est une longue histoire qui date depuis mes études universitaires en cinéma à Melbourne, en Australie. On avait étudié le cinéma du monde entier, de Hollywood à la nouvelle vague, du cinéma italien d’après-guerre à l’avant-garde japonaise, le cinéma expérimental, etc., tout, sauf le cinéma arabe ! À cette époque,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut